Human Rights Watch est très outré par l’exploitation et les abus perpétrés contre les enfants talibés. Dans son rapport, publié, hier, les responsables de cette organisation internationale fustigent les limites de l’Etat du Sénégal à conjuguer ce problème au passé.
L’exploitation des enfants talibés n’est pas près de cesser au Sénégal. Dans son rapport publié, hier, et intitulé : «Je vois encore des talibés mendier : Insuffisance du programme gouvernemental pour protéger les enfants talibés au Sénégal», Human Rights Watch s’indigne de l’incapacité des autorités à résoudre ce problème qui perdure. «Bien qu’il représente un pas dans la bonne direction, le programme du Sénégal visant à retirer les enfants des rues n’a presque rien changé au nombre alarmant de jeunes talibés qui sont tous les jours victimes d’exploitation, d’abus et de négligence», peste Corinne Dufka, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. «Pour empêcher les abus et s’attaquer au cœur du problème, le gouvernement devrait veiller à ce que les maîtres abusifs fassent l’objet de sanctions ou de poursuites», poursuit-elle.
Selon les estimations du document, au Sénégal, environ 50 000 enfants talibés vivent dans des daaras où leurs maîtres coraniques les forcent à mendier chaque jour pour de l’argent, du riz ou du sucre. Ces derniers vivent souvent dans des conditions de misère extrême et sont fréquemment soumis à des abus physiques ou psychologiques équivalant à des traitements inhumains et dégradants. La source souligne par ailleurs que même si ce n’est pas le cas dans tous les daaras, il n’en demeure pas moins que certains marabouts véreux font fonctionner leurs écoles comme des entreprises, sous prétexte d’enseigner le Coran.
Dans le rapport, Human Rights Watch note aussi, pour s’en désoler, que, durant la période d’avril à juin, des centaines de talibés vivant dans des daaras sordides et mendiant au vu et au su de tous dans les villes de Dakar et de Saint-Louis ont été signalés. Nombreux parmi eux marchaient pieds nus, étaient couverts de saleté, portaient des vêtements en lambeaux, souffraient d’infections cutanées et semblaient aussi souffrir de malnutrition. «Dans ces daaras, il n’y a pas de bonnes conditions. Les enfants dorment à même le sol. Il y a des maladies comme la gale. Parfois, ce sont des daaras sans eau ou robinet. Et au-delà de tout ça, l’enfant continue à mendier», dénonce l’imam Elimane Diagne, président du Collectif pour la modernisation des daaras. «Nous ne pouvons plus attendre demain pour mettre fin à l’exploitation et à la maltraitance des talibés, enfants issus des couches les plus vulnérables de nos populations. C’est maintenant qu’il faut arrêter cette violation massive et à ciel ouvert des droits de l’enfant au Sénégal. Nous sommes tous responsables. Nous avons tous l’obligation d’agir collectivement, avec l’Etat en première ligne», ajoute Mamadou Wane, coordonnateur de la Plateforme pour la promotion et la protection des droits de l’homme.
Walf Quotidien