Le président américain Donald Trump a annoncé depuis les jardins de la Maison-Blanche le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, comme il avait promis de le faire pendant sa campagne.
Selon lui, cet accord désavantage son pays. Cette décision a entraîné des torrents de réactions critiques. Notamment du président français.
« Afin de remplir mon devoir solennel de protection de l’Amérique et de ses citoyens, les États-Unis se retireront de l’accord de Paris sur le climat », a annoncé Donald Trump depuis la roseraie de la Maison Blanche, sous les applaudissements, ce jeudi.
Après des semaines d’atermoiements, il s’est prononcé ce jeudi en faveur d’une sortie de l’accord de Paris sur le climat et a promis de nouvelles négociations.
Le président des États-Unis tient ainsi une de ses promesses de campagne au nom de la défense des emplois américains. Donald Trump s’était engagé à abandonner un accord multilatéral scellé fin 2015 dans la capitale française et voulu par son prédécesseur Barack Obama, et visant à limiter la hausse de la température moyenne mondiale.
« Je ne veux rien qui puisse se mettre en travers de notre chemin » pour redresser l’économie américaine, a déclaré le président américain qui a indiqué être prêt à négocier un nouvel accord climat « dans des termes justes pour les États-Unis ». Il pointe du doigt l’Inde et la Chine.
Il a dit qu’il œuvrait pour les ouvriers américains. « J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris », a lancé le président qui dit prendre la défense des emplois américains.
Emmanuel Macron lui a répondu
Emmanuel Macron s’est adressé jeudi soir en anglais aux Américains en appelant à « rendre sa grandeur à notre planète » (« Make our planet great again »). Il a paraphrasé ainsi le slogan de Donald Trump.
Dans une déclaration solennelle prononcée depuis l’Elysée d’abord en français, puis en anglais dans une version légèrement différente, le président français a déclaré que « nous partageons tous la même responsabilité » pour la planète. Il a aussi accusé le président américain d’avoir commis « une faute pour l’avenir de notre planète » car « il n’y a pas de planète B ». La France « ne négociera pas d’accord moins ambitieux » pour lutter contre le réchauffement climatique, a-t-il ajouté.
Le chef de l’État français avait par ailleurs eu un échange « direct » par téléphone avec Donald Trump à propos de cette décision.
Emmanuel Macron et Angela Merkel, la chancelière allemande, ont confirmé leur « engagement commun et résolu à mettre en œuvre l’Accord de Paris et le défendre sur la scène internationale » après la décision américaine. Le président français et la chancelière allemande se sont parlé pendant cinq minutes par téléphone à ce sujet, a fait savoir l’Elysée.
Réaction immédiate de Barack Obama
Barack Obama a aussitôt jugé dans un communiqué que son successeur « rejetait l’avenir ».
« J’estime que les États-Unis devraient se trouver à l’avant-garde », a déclaré dans un communiqué l’ancien président démocrate. « Mais même en l’absence de leadership américain ; même si cette administration se joint à une petite poignée de pays qui rejettent l’avenir ; je suis certain que nos États, villes et entreprises seront à la hauteur et en feront encore plus pour protéger notre planète pour les générations futures ».
Consternation à travers le monde entier
« L’accord de Paris va perdurer. Le monde peut continuer à compter sur l’Europe pour le leadership global dans la lutte contre le changement climatique », a promis le commissaire européen à l’Action pour le climat, Miguel Arias Canete dans un communiqué, en « regrettant profondément la décision unilatérale de l’administration Trump ».
La décision américaine de se retirer de l’accord de Paris sur le climat est une « grande déception », a estimé le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric. « Il est essentiel que les États-Unis conservent un rôle dirigeant dans les dossiers environnementaux », a-t-il ajouté.
Dans une déclaration commune, les gouvernements français, allemand et italien disent qu’ils regrettent la décision américaine. Ils « croient fermement » que l’accord de Paris ne peut pas être renégocié.
Aux États-Unis : réaction de patrons
Des villes et des États américains puissants comme la Californie ou New York ont rapidement annoncé qu’ils ne se sentaient pas liés par la décision de Donald Trump.
De même, de nombreuses figures du monde économique ont fait part de leur déception, et ont insisté sur l’urgence d’agir face au réchauffement. Le patron de GE, Jeff Immelt, s’est dit « déçu ». « Le changement climatique est une réalité. L’industrie doit montrer l’exemple et ne pas être dépendante du gouvernement ».
Elon Musk, le très médiatique PDG du constructeur de voitures électriques Tesla et ardent défenseur des énergies renouvelables, a immédiatement annoncé qu’il quittait les différents cénacles de grands patrons conseillant Donald Trump. « Le changement climatique est réel. Quitter Paris n’est pas bon pour l’Amérique et le monde » a-t-il tweeté.
Lloyd Blankfein, le PDG de la banque d’affaires Goldman Sachs dont l’ancien numéro 2 est devenu un conseiller influent de Donald Trump, a jugé que le retrait des États-Unis était un « revers » pour l’environnement et « pour le leadership des États-Unis dans le monde ».
Manifestation à Washington, l’Hôtel de ville illuminé en vert à Paris
Quelques centaines de personnes se sont rassemblées devant la Maison Blanche pour dire leur colère.« Il ne comprend pas la science, il va nous faire revenir plusieurs années en arrière », tempêtait Rebecca Regan-Sachs, 34 ans, brandissant un panneau sur lequel on pouvait lire : « Message au reste du monde : nous sommes désolés, la plupart d’entre nous ont voté contre cet idiot ».
Anne Hidalgo, la maire de Paris, a déploré une « erreur aux conséquences dramatiques ». Et fait illuminer l’hôtel de ville en vert.
François Hollande, qui avait accueilli en décembre 2015 la conférence de Paris, a aussi réagi : « Donald Trump a pris une décision funeste pour les États-Unis, mais qui n’empêchera pas le monde d’avancer dans sa lutte raisonnée et volontaire contre le réchauffement climatique. Le retrait américain ne suspend pas l’accord de Paris. Il doit au contraire en accélérer la mise en œuvre », a estimé dans un communiqué l’ancien chef de l’État.
L’ex-ministre française de l’Environnement Ségolène Royal a déclaré sur BFM TV : « Il ne faut pas le laisser faire, parce que s’il arrivait à ses fins, ce serait un très grave délit contre l’humanité ». « Il faut aujourd’hui que toutes les forces positives se mobilisent pour empêcher la destruction de l’accord de Paris, parce que la destruction de l’accord de Paris, c’est la destruction de la planète, […] ce sont des drames à l’échelle planétaire, […] des déséquilibres en termes de sécurité », a-t-elle dit. « Ce sont des millions de citoyens qui subissent des migrations de la pauvreté, de la désertification, ce sont des atteintes considérables contre la santé », a-t-elle poursuivi.
WALFNet