Le député et «avocat» du peuple a fait le bilan de la législature finissante. Et selon lui, elle est marquée par la corruption, les détournements et l’inféodation des députés au président de la République.
Connu pour son franc-parler, le député El hadj Diouf a été fidèle à lui-même. Faisant le procès de la législature finissante, Me Diouf affirme que cette législature est la plus nulle de l’histoire parlementaire de notre pays. Parce que selon lui, dans le bureau de l’Assemblée nationale, il n y a aucun élément de l’opposition, c’est la majorité mécanique qui est seule présente. Pour les commissions, il y a qu’un seul poste de président laissé à l’opposition. Il affirme également que les membres du bureau de l’Assemblée nationale, même s’ils habitent Dakar et qu’ils sont domiciliés au Plateau ont mille litres d’essence, deux millions de francs par mois. Et il y a pire. Il révèle qu’ils reçoivent un million de «dessous de table par mois, des fonds politiques». Les autres députés ont 1,3 million et 250 litres par mois, pendant ce temps tous les Dg ont cinq millions de salaire par mois par décret présidentiel.
Le député non inscrit accuse également cette législature d’avoir changé en plein match les règles du jeu. «En 2012, il fallait dix députés pour faire un groupe parlementaire, trois ans après ont dit qu’il faut quinze députés, alors que la législature est en cours. On nous dit aussi qu’aucun député ne peut plus quitter son groupe pour intégrer un autre. Cela n’a jamais existé depuis Senghor, c’est de la dictature parlementaire et personne ne dit rien. Le Conseil constitutionnel comme d’habitude s’est déclaré incompétent», dénonce-t-il.
S’agissant du face-à-face du Premier ministre avec les députés, il parle de farce et de tricherie. Car selon lui, seuls 13 députés dont dix du pouvoir interviennent avec des questions préparées, alors que dit-il, le ministre de l’Energie Samuel Sarr est resté à l’Assemblée de dix heures à minuit pour répondre aux coupures de courant. Cela n’a jamais existé avec cette législature, d’après lui.
Mais le comble avec cette législature, ce sont les détournements à l’Assemblée nationale.
«Vous savez, il y a deux cents véhicules à l’Assemblée nationale. Chaque véhicule, après chaque vidange, facture 180 mille francs, alors que le vidange c’est 30 à 40 mille francs. Il y a des surfacturations de 150 mille francs par vidange; faites le calcul 150 mille multiplié par 200 véhicules. Il y a plusieurs millions détournés par mois à l’Assemblée nationale. Il y a détournement de deniers publics», révèle le député.
Le leader du Ptp s’exprimait, hier, à l’occasion du lancement de la coalition Leeral en vue des élections législatives du 30 juillet prochain. Cette coalition regroupe son parti, mais également le mouvement Bollel sa boop du colonel de gendarmerie à la retraite Cheikh Sadibou Niang, de l’Union sénégalaise pour la démocratie (Uscd) de l’ancien ministre de Wade Mamadou Makalou et du PAS dirigé par Albert Laurent Mendy et enfin le regroupement des femmes Lébou pour le développement durable dirigé par Khady Balla Guèye qui revendique 20 mille membres. «Il faut éviter les camps du pouvoir avec sa majorité mécanique et l’opposition systématique. Il n’existe plus de troisième voie. Il y a une seule voie la meilleure, c’est la nôtre, c’est la voie du peuple. Il nous faut des députés du peuple sénégalais», assène-t-il. Avant d’ajouter :
«Quand un député n’a pas le droit de critiquer le gouvernement pendant les débats parlementaires, il n’a pas sa place à l’Assemblée nationale. Les députés sont élus comme le président au suffrage universel direct. Ils doivent avoir la légitimité pour voter des lois, interpeller le gouvernement et demander des sanctions contre des ministres. C’est pourquoi le peuple doit se réveiller pour élire ses vrais représentants».
Walf Quotidien