Au Sénégal, où on compte 200 à 300 milles épileptiques, les victimes, principalement les enfants, sont souvent vues d’un mauvais œil.
C’est ce qui a motivé l’engagement de la Ligue sénégalaise contre l’épilepsie qui a clôturé son congrès africain sur l’épilepsie, hier, à Dakar. A l’occasion, les neurologues, originaires de 49 pays, africains y compris, ont partagé leurs vécus et échangé leurs expériences afin de lutter contre les stigmatisations et préjugés dont souffrent les malades.
Il y a un grand nombre de Sénégalais qui sont victimes de l’épilepsie, une maladie qui se manifeste par des crises. D’après Amadou Gallo Diop, professeur de neurologie et président de la Ligue sénégalaise contre l’épilepsie, présent au 3ème Congrès africain sur l’épilepsie, «au Sénégal, la maladie affecte 200 à 300 mille personnes, principalement des enfants».
Concernant ces derniers, il explique les raisons pour lesquelles l’accent est mis sur eux. En effet, la stigmatisation de la maladie épileptique est devenue un véritable problème dont souffrent les victimes. C’est la raison pour laquelle, l’esprit du congrès africain sur l’épilepsie est de sensibiliser le public et lutter contre les préjugés qui entourent l’épilepsie et la stigmatisation dont sont victimes les malades, particulièrement les enfants en milieu scolaire. D’où le choix du thème de cette année : «L’épilepsie de l’enfant».
«Nous avons choisi de faire le focus de l’enfant car il y a un problème de discrimination et de stigmatisation, fait dans l’école vis-à-vis des enfants à cause de l’ignorance de certains», dit M. Diop. Qui illustre qu’«au cours d’une dictée ou autre exercice, l’enfant atteint d’épilepsie «absente» peut perdre connaissance sans tomber ou convulser et garder les yeux fixes pendant quelques secondes, avant de reprendre le cours de son exercice scolaire». Avant de s’indigner qu’«ils sont souvent battus par le maître qui pense que l’enfant dort ou plane alors qu’il est en train de faire une crise d’épilepsie».
Selon lui, il faut la mise en place d’une bonne communication de base à travers des panels de formation et des caravanes de sensibilisation pour régler cette incompréhension.
A l’en croire, la prise charge de cette maladie pose problème au Sénégal à cause d’un gap de spécialistes en neurologie. «Nous ne disposons que de 23 neurologues sénégalais qui se retrouvent tous à Dakar. Ceux qui ont été affectés dans les régions sont revenus au bout de quelques années. Au niveau de l’université, des efforts sont en train d’être faits car il existe un diplôme de spécialisation en neurologie dans un institut où sont formés 112 neurologues africains. Parmi ce nombre, les Sénégalais sont encore en minorité. De ce fait, le ministre de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé sont en train de voir comment augmenter le nombre de bourses afin de permettre un accroissement en qualité et en quantité du personnel», confie Amadou Gallo Diop.
Le directeur général de la Santé, Pape Amadou Diack, indique qu’une politique sociale est mise en place par le ministère de la Santé pour faciliter l’accès aux soins. Il estime qu’il faut juste «700 francs Cfa par mois pour traiter une personne atteinte d’épilepsie». Il est donc inconcevable, pour lui, de voir en 2017 qu’un enfant soit exclu de l’école, de la société. Le Congrès de Dakar se tient après celui de Nairobi et de Cape Town.
Walf Quotidien