Le président de la République a présenté à la Cour de justice de l’Uemoa la lettre de désistement annulant une plainte du Sénégal contre la Côte d’Ivoire.
Laquelle, introduite sous Abdoulaye Wade, contestait la commercialisation au Sénégal de l’huile de palme de la société ivoirienne Sifca, du fait de la forte teneur en acides gras saturés (50 %). Cette nouvelle donne risque de briser l’envol de la Sonacos que l’Etat a reprise des mains de l’homme d’affaires, Abbas Jaber.
Ça se gâte pour Sonacos Sa. Alors qu’elle vivote depuis son retour dans le girond de l’Etat, suite au rachat des actions de l’ex-Suneor, Sonacos risque de s’enfoncer dans la crise. Avec le retrait de sa plainte contre la commercialisation de l’huile de palme ivoirienne qui contient 50 % d’acides gras saturés – la norme recommandée est de 30 %-, l’Etat rouvre le marché sénégalais à une concurrence qui pourrait être fatale à Sonacos qui se débat toujours dans des difficultés. En effet, l’annulation de la plainte de l’Etat du Sénégal ne sera pas sans conséquences sur la position de Sonacos puisque la Société immobilière et financière de la côte africaine (Sifca), numéro un ivoirien de l’huile de palme et de caoutchouc en Afrique dispose de plusieurs filiales qui risquent de rayer Sonacos de la carte des industries nationales.
La production annuelle de Sifca est passée de 323 mille tonnes en 2007 à 430 mille tonnes d’huile de palme en 2009. Mieux, le groupe a investi plus de 100 millions d’euros, soit plus 65 milliards de francs, pour améliorer la productivité dans les exportations et les usines de raffinage d’huile de palme. Il ne cesse d’ailleurs de gagner des parts de marchés en Afrique de l’ouest, notamment au Sénégal où les exportations ont atteint la barre des 38 mille tonnes depuis juin 2008.
Face à cette concurrence déséquilibrée, le régime de Abdoulaye Wade avait tenté de fermer les portes du pays au géant ivoirien qui rafle tout sur le continent africain. Ainsi, l’Etat avait pris un décret datant du 10 septembre 2009 interdisant la commercialisation de toute huile contenant plus de 30 % d’acides gras saturés sur le marché sénégalais. Suite à cette décision, la Côte d’Ivoire avait saisi la Cedeao et l’Uemoa accusant le Sénégal d’entraver la libre-circulation des marchandises. Une plainte qui a eu un écho favorable auprès de ces institutions régionales. Car, le 4 juin 2010, la commission de l’Uemoa a invité le Sénégal à retirer la norme dite Ns03-072 fixant à 30 % la teneur maximale en acides gras saturés de l’huile de palme raffinée. Cependant, le Sénégal avait introduit une nouvelle plainte.
Ainsi, avec l’annulation de ces décisions, l’Etat ouvre grandement le marché national à un groupe qui s’est doté de plusieurs filiales capables d’inonder le marché sénégalais. Malgré le fait que les deux protagonistes aient signé un «pacte de bonne entente».
Walf Quotidien