CHRONIQUE DE MAREME
« Les rencontres les plus importantes ont été préparées par les âmes avant même que les corps ne se voient », Paul Coelho.
Wilane : règlement de compte
Huit mois jour pour jour qu’Aicha est dans le coma. Il ne se passe pas un jour sans que l’image de son corps gisant par terre ne me hante. Cela a été plus qu’un choc car jamais de ma vie, je n’aurais pensé qu’une femme pouvait me détester à ce point. S’il y a bien une chose que personne n’aime, c’est d’être rejeté ; surtout moi qui ai toujours eu ce que je voulais. Le fait qu’elle ait préféré mourir que de rester avec moi m’a détruit émotionnellement et physiquement. Je me suis laissé enfoncer dans la drogue pour fuir à la réalité et cela a failli me coûter la vie. Après deux mois de l’accident j’ai eu une overdose et sans le concierge peut – être que je ne serais plus de ce monde. Durant mon hospitalisation, les médecins ont détecté un cancer des poumons. Ils m’ont dit qu’avec les chinions et autres je vivrais tout au plus deux ans. A 55 ans, j’étais condamné, cette nouvelle avait fini par m’achever. Je suis resté dans une clinique qui était en même temps un centre de désintoxication pendant quatre longs mois, l’enfer sur terre.
Mais en sortant, ce que j’allais découvrir allait être pire. Fusille, mon homme de main, celui-là même que j’ai formé, qui a grandi à côté de moi et surtout en qui j’avais une confiance totale, m’a trahi. Ce con ne savait pas que j’étais condamné et que je m’apprêtais à lui donner les reines. Je n’ai pas de parents proches ni rien, il était ma seule famille et il m’a poignardé dans le dos. En quelque mois il a tissé son toile d’araignée autour de mes amis et de mes entreprises. J’ai vu le monde, l’empire que je m’étais construit tombait comme un château de sable. L’enlèvement d’Aicha m’a coûté plus que je ne pouvais imaginer.
Au début je m’étais promis de me venger de Fusille avant de mourir mais après je me suis dit que ce n’était pas la peine et que l’élève avait juste appris du maitre. J’allais rester dans mon appartement, prier pour qu’Aicha se réveille et attendre paisiblement ma mort. Mais ça, c’était sans compter l’appelle que j’allais recevoir de Jennifer, ce matin. Elle est membre de notre organisation criminelle Aigle. Cette dernière regroupe quinze leaders qui gouvernent d’une main de fer le marché de la drogue, de la prostitution, du blanchiment d’argent et des trafics d’arme. Moi qui attendais cette réunion pour leur annoncer ma maladie et donner les reines, je suis tombé de haut. Ces salauds veulent m’évincer après tant d’année de loyauté et de boulot sans faille. Le pire c’est qu’ils ont fait siéger Fusille à ma place. Jennifer m’a avoué qu’elle a essayé tant bien que mal de me défendre mais rien, ma tête était mise à prix et c’est mon homme de confiance lui-même à qui on avait confié la mission. Cela devait être son ticket d’entrer dans le cercle. Sans Jennie, je ne saurais rien de tout ça et aujourd’hui elle vient de me prouver qu’elle tient énormément à moi. Sur ce coût, j’ai vraiment eu du flair car en la rendant dingue de moi il y a de cela trois ans. J’ai réussi en à faire une bonne et fidèle alliée au sein de ce cercle de traitre. Mais s’ils croient qu’ils peuvent se débarrasser de moi aussi facilement, c’est qu’ils se mettent le doigt dans l’œil. Je vais me venger de la pire des manières.
Deux jours que je suis en train de dresser un plan machiavélique pour eux. Jennifer est celle qui s’occupe de tout le réseau de prostitutions du monde. Ce qui fait qu’elle a des vidéos de tous, dans des situations très compromettantes, même de moi. J’ai réussi à me procurer des doubles en la fréquentant assidûment, il y a de cela deux ans. Je vais les humilier médiatiquement dans de gros scandales sexuels avant de les éliminer un par un. Dix millions de dollars, c’est ce que j’ai payé pour chaque tête. J’ai vidé mes trois comptes avec ces opérations ; sauf celui qui est dans les îles caïman. Ce dernier est le plus important puisqu’il détient 70 % de mes biens.
Je passe à la clinique où se trouve Aicha et reste avec elle pendant une heure histoire de lui faire mes adieux. S’aurait été tellement bien que je revois une dernière fois ces yeux avant de quitter ce monde. Pourtant de deux fois, elle s’est réveillée. La première, elle a tenu deux semaines avant d’avoir une crise cardiaque et de retomber dans le coma. Une semaine plus tard elle se réveille et retombe dans le coma deux jours après, hémorragie cérébrale. J’ai vite fait de faire venir le plus grand neurologue pour son opération. Il me fit comprendre qu’en enlevant le caillou de sang qui s’était formé sur son cerveau, il allait endommager les tissus cérébraux qui touchaient la mémoire. Cette nouvelle m’avait rendue plus qu’heureux sachant que s’était une chance pour moi de vivre heureux avec elle. Mais son état était plus que critique et depuis lors, elle refuse d’ouvrir les yeux. Il se pourrait qu’à son réveil qu’il y ait plus de dommages que ce qui est prévu. Quand je la regarde, je ne vois aucune amélioration alors que les médecins disent qu’il y en a. Je me dis dès fois qu’ils la maintiennent en vie juste pour continuer de me soutirer la somme colossale que je paye chaque mois pour cette chambre de luxe et aussi les frais d’hôpitaux. Je reste une heure avec elle en l’enlaçant très fort avant de quitter la chambre le cœur lourd. Qu’elle gâchis ? En voulant être avec elle, j’ai détruit sa vie et la mienne en même. Je reste debout devant la porte la regardant tristement une dernière fois avant de tourner les talons. Finalement, l’amour n’apporte pas que du bonheur.
Je suis arrivé à Londres vers midi, le temps de voir mon avocat et de bien peaufiner mon testament et Dakar me voilà. J’ai hâte de me retrouver en face de ce salaud de Fusille et de lui régler ses comptes. Dès lundi les autres suivront. Quand j’en aurai fini avec eux, ils comprendront pourquoi mes ennemis m’appellent ‘Le Renard’.
Malick : tragique surprise
Qui peut bien m’appeler à cette heure du soir, dis – je ne tâtonnant des mains pour allumer la veilleuse. Je regarde le réveil : 3 H 46. Je prends le portable avec rage mais quand je vois le numéro du commissaire Cissé, mon cœur a carrément arrêté de battre.
– Bonsoir Malick, excuse-moi de te déranger à….
– Vous l’avez retrouvée ? Ma voix est à peine audible.
– Pas exactement. Wilane est ici en chair et en os. Plutôt était ici. Je me lève, complètement réveiller et commence déjà à m’habiller.
– Je…je ne comprends pas.
– Je suis actuellement chez lui et je t’avouer que le spectacle est horrible. Un vrai carnage, il y a des corps partout. Je crois que c’est un règlement de compte.
– Et lui, il est où demandais – je en prenant les clés de ma voiture.
– Mort à côté de celui qui avait pris en main ses affaires. Je me fige un instant, surpris par ce que je venais d’entendre et continue mon chemin.
– Ok, j’arrive dis-je dans un souffle.
– C’est Aicha ? Je me tourne pour voir Abi assise sur le lit, me regardant avec espoir.
– Non, ils ont retrouvé Wilane.
– Formidable, dit – elle en se levant et en contournant le lit. Je vais prier pour…
– Il est mort Abi, mort…. Mes larmes montent tellement je suis angoissé mais je fais tout pour me retenir. Il ne faut surtout pas que je panique. Abi quant – à elle s’est pris des mains la bouche avant de se rassoir comme une poupée dégonflant sur le lit.
– Quand est-ce que tout ça va finir souffla-t-elle ne pleurant. Je n’ai même pas la force d’aller vers elle, ni le temps d’ailleurs. Je sors de la chambre en courant, pressé de retrouver le commissaire. Pourtant, elle a raison, nous sommes tous à bout, moi particulièrement. Je ne compte même plus les jours car cela m’angoisse encore plus. Le pire est qu’ils ont arrêté les recherches après six mois. A part moi et sa mère, plus personnes ne croient revoir Aicha vivante. J’ai engagé des détectives, les meilleurs un peu partout dans le monde et même si je dépense des fortunes, je refuse d’abandonner. Jamais je ne vais me décourager, jamais. Hier seulement sa fille venait d’avoir un an, je n’ai même pas eu la force de souffler avec elle la bougie du gâteau. Aicha revient moi, soufflais – je en essuyant une larme qui tombe.
En me garant devant la maison de cette montre, les images de la fois où j’avais fait cette descente me revint. Ce jour-là, j’ai failli devenir fou en constatant que Wilane avait disparu avec ma femme. Il avait toujours un pas de plus que nous. J’étais anéanti quand Menoumbé m’a parlé du coup de fil qu’il a eu avec Wilane et Aicha. Après Nigéria, nous n’avons eu plus de nouvelle d’eux. Ils avaient complètement disparu de la circulation.
– Bonsoir Malick. Je quitte mes pensées obscures et me tourne vers le commissaire qui venait vers moi en me tendant la main que je prends sans trop d’enthousiasme. – Il est où ? Vous croyez qu’il est revenue avec Aicha ?
– Je ne crois pas car il est arrivé seul en jet privé vers 21 et trois heures de temps plus tard, il débarque ici avec des hommes armés. Suivez-moi, ce n’est pas beau à voir.
– Je ne comprends pas son action. Comment un homme qui disparait pendant huit mois décide de revenir et d’attaquer dans les heures qui suivent ses propres hommes.
– Je ne sais pas mais ce qui est sûr c’est que c’est un vrai suicide puisque le dénommé Fusille avait triplé le dispositif sécuritaire parce qu’il était sure qu’il allait recevoir des représailles de son ancien patron.
Plus nous avancions dans la maison plus j’avais le haut de cœur, il y avait des cadavres partout. Une vraie boucherie. C’est dans le salon que je retrouve les deux hommes, chacun criblé de balles. Je regarde de plus près l’homme qui a fait de ma vie un enfer sur terre. Je me tourne vers le commissaire le regardant avec un peu d’espoir.
– Vous pensez que maintenant que nous l’avons trouvé, on pourra….Ma voix se casse, je n’arrive plus à parler.
– Je l’espère, nous allons tout faire pour.
– Inchallah.
Quelques jours plus tard…
Enfin, nous savon dans quel pays Wilane est parti après Nigéria : Suède. Il a passé les contrôles de l’aéroport sous le nom nigérian de Pierre Abimbola. Ça n’a pas été difficile de trouver le nom qu’il avait enregistré en venant ici car nous avons un petit aéroport. A peine deux jours. Par contre avec l’aéroport de Nigéria, cela nous a pris au moins une semaine de recherches. Nous savons qu’il a pris le vol 405 en partance de Suède à 21h30 avec une femme sous le nom de Folami Baba Abimbola. Maintenant qu’on connaissait la nouvelle identité de ma femme, l’espoir reprenait vie et les recherches se sont intensifiées.
Malheureusement en arrivant en Suède, ils avaient complètement disparu de la circulation. Le commissaire Cissé me fit comprendre que cela prendrait au moins un an à la police pour éplucher tous les clients des agents immobiliers et que même là, nous n’étions pas sûr puisqu’ils ont peut – être encore changé de nom ou encore transité.
Mon seul espoir aujourd’hui était qu’elle revienne d’elle – même sur ces pas car les recherches n’aboutissaient à rien. C’était comme chercher une aiguille dans un meut de foin. Mais le pire dans tout ça, c’est cette angoisse permanente de ne rien savoir. Vit – elle encore ? Qu’est – ce qu’il lui a fait ? Où se trouve – t – elle ? Que fait – elle ? Où vit – elle ?
Quand je pense qu’elle a dû encore subir le viol et des violences physiques, je manque d’air carrément. Ma famille me demande de commencer sérieusement à faire mon deuil mais comment le pourrais – je. Tant que je ne sais pas ce qui lui est arrivé, je ne pourrais jamais tourner la page. Mon Dieu aide moi…
Abi : Investigations
Je regarde Malick manger sans trop d’enthousiasme son plat. Depuis la disparition d’Aicha, je ne l’ai plus jamais revu son sourire, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Il a toujours l’air d’avoir tout le poids du monde sur ses épaules. Il s’est complètement enfermé sur lui-même, ne parle pratiquement plus à personne et ne répond aux gens que par monosyllabe. Depuis son retour de son accident d’avion, il ne m’a pas fait l’amour ni même porté une petite attention. Tous les vendredis, sa maman vient le voir et c’est à peine s’il le recevait. Tante Sokhna me dit qu’elle fait tout le temps des offrandes, fait descendre le coran et prie de tout son être pour que l’on retrouve Aicha. Elle comme moi est très affectée par le malheur de Malick et savons pertinemment aujourd’hui que sans Aicha rien ne sera plus pareil. Il m’est arrivé d’être jalouse de cet amour fou qu’il a pour elle mais je prie tous les jours pour qu’on la retrouve afin que l’harmonie et la paix reviennent dans mon foyer.
Depuis cette fameuse nuit où il a reçu ce coup de fil, il est devenu plus sombre. Malgré le fait qu’ils ont eu des indices des premiers jours, l’étau s’est vite resserré. Et aujourd’hui, après encore quatre mois de recherche, Malick semble avoir perdu tout espoir de la retrouver. Il arrive quelque fois que je l’entends pleurer la nuit sous son oreiller.
Aujourd’hui j’essaye de mon mieux de garder le sourire pour les enfants, de faire en sorte d’être l’épouse idéale car c’est ma seule manière de l’aider. J’entends au loin Fatima pleurer, surement qu’elle est réveillée. Je me dépêche d’aller la prendre dans son berceau. Je ressens beaucoup d’affection pour elle comme si c’était ma propre fille. Elle ressemble beaucoup à sa mère et c’est peut – être pour ça que Malick la fuit comme si cela lui faisait mal de la voir. C’est triste, toute cette histoire est triste.
En retraversant le salon, j’entends la sonnerie de la porte. Je me dépêche d’aller ouvrir et c’est tante Dibore qui le sourire aux lèvres m’encercle chaleureusement des bras.
– Ho bonjour ma fille, comment tu vas ?
– Ça va ma tante, Alhamdoulilah lui dis – je en lui donnant Fatima. Nous faisons les salamou aleykoum d’usage et je l’installe au salon avant d’aller chercher Malick. Quand je lui appris la visite de sa belle – mère, il grimace comme à chaque fois que je lui dis qu’il a une visite. Nonchalamment, il se lève du lit et porte ses sandales. Je le regarde à la dérobé, il a un peu grossit, peut – être parce qu’il ne fait plus de sport et surtout qu’il s’est laissé aller à la bouf. Suzanne m’a dit que des trois procès qu’il a pris, il n’en a gagné aucun. Que les affaires commencent à aller mal et qu’il ne fait aucun effort pour que cela change. J’ai peur de notre avenir et à chaque fois que j’essaye de lui en parler, il se lève et part.
Au salon, Tante Dibore le salut avec gaieté.
– Mon fils, cela fait deux jours de suite que je rêve d’Aicha. Elle me sourit et me tend les bras. J’en suis sûre, son retour est imminent.
– Vous me dites ça presque tous les mois alors…
– S’il te plaît, ne te décourage pas, elle est vivante Malick, je te le jure et elle va revenir. Il ne reste plus qu’à prier. Mon mari se lève et fait une grimace.
– Nous ne faisons que prier. Moi, je crois surtout que Dieu nous a oubliés.
– Astahfiroulah, criais – je en même temps que tante Dibore.
– Garde la foi mon fils.
– Hier, j’ai arrêté définitivement les recherches en faisant mes derniers chèques pour les détectives que j’avais engagés. Je vois une larme couler sur sa joue qu’il essuie rageusement. Je suis désolé mais je n’ai plus le choix car je me suis presque ruiné avec toutes les dépenses que j’ai faites pour la retrouver. Aicha n’aurait pas aimé que j’hypothèque l’avenir de mes enfants pour elle. Surtout qu’il y a une chance sur mille qu’elle soit vivante. Une autre larme tombe encore, il se prend le visage et éclate en sanglot, ne pouvant plus se retenir. J’en fais de même, suivit de prêt par ma tante. Il était temps que la page tourne et que l’on fasse son deuil.
Quelque part au Nigéria.
– Bonsoir Folami, il parait que tu me demandes ? Je relève la tête de mes dossiers, énervée au plus haut point.
– Où étais – tu Bianca? Depuis que tu es allé prendre ton déjeuner, tu abuses criais – je. Elle sursaute et fronce les cils en regardant sa montre.
– Je suis en retard que de cinq minutes. Que se passe t – il pour que tu sois si énervée ? Je me prends le visage, pour me reprendre
– Tu sais le Sénégalais-là avec qui j’ai rendez – vous aujourd’hui. Elle acquiesce la tête. Eh bien à un moment de la réunion avec lui, son téléphone a sonné et il s’est excusé. Il a parlé dans leur langue et j’ai été surpris de voir que je comprenais tous ce qu’il disait. Elle ouvre grand les yeux et s’approche de moi avec précipitation.
– Tu crois que…. Nonnnnn.
– Si, j’étais tellement choquée que j’ai eu un malaise. Ensuite j’ai commencé à parler avec lui dans cette langue qui s’appelle le wolof. Regarde mes mains, elles tremblent toujours finis – j’en les lui montrant.
– Donc c’est sûr, tu es une sénégalaise. Hé ma poule, c’est grave. Athié.
– Je comprends maintenant pourquoi je ne parle pas Haoussa ni Yorouba encore moins Igbo.
– C’est vrai que c’était bizarre de voir que tu ne puisses t’exprimer dans aucune des trois langues nationales les plus populaires. Et qu’est – ce que tu vas faire.
– Fais tes bagages, nous partons.
– Où ? Au Sénégal ? Je me lève du bureau pour me donner plus de détermination.
– Oui. Si je suis sénégalaise alors peut – être que j’arriverais à découvrir mon ancienne vie. Elle me suit sans dire un mot sachant que c’est la chose qui me tenait le plus au cœur dans ma vie : connaitre mon passé.
En me réveillant dans cette clinique il y a de cela presque six mois, je ne me suis souvenue de rien du tout. Absolument rien. Mon médecin m’a appris que j’avais fait une tentative de suicide et que c’était mon mari qui m’avait amené. Qu’il venait presque tous les jours avant de disparaitre une semaine avant mon réveil. Je suis encore restée un mois là – bas pour une ré- éducation corporelle et à deux jours de ma sortie, un avocat anglais est venu me voir. Il m’apprit que mon soit disant mari avait le cancer et qu’il était condamné. C’est pourquoi il avait fait un testament ou il me léguait tous ses biens. Il me montrât les documents attestant sa maladie et la lettre qu’il avait laissée pour moi. Dans celle – ci, il me parlait de tout l’amour qu’il avait pour moi, du fait que j’ai été toujours fragile c’est pourquoi je n’ai pas supporté d’être loin de ma famille. Il m’a dit à quel point on aurait pu être heureux mais que Dieu en a voulu autrement.
Trois cent cinquante millions huit cent mille nairas (350 800 000) était la somme qu’il m’avait laissée, j’étais choquée. J’ai voulu savoir un peu plus sur lui ou sur moi mais l’avocat n’en savait absolument rien. Pierre l’avait contacté que quand il avait su qu’il était condamné. La seule chose qu’il pouvait me dire est que j’étais une nigérienne comme lui, qu’il s’appelait Pierre Abimbola et que j’avais même une belle demeure qui m’attendait là-bas. J’étais complètement perdu et j’ai fait la première chose qui me soit passée par la tête, venir m’installer ici. L’avocat m’avais mis en rapport avec un grand cabinet financier qui gérait tout cet argent sorti de je ne sais où. Mon rôle était d’apposer ma signature sur les contrats qu’il me négocier. Leur rôle était de m’acheter des actions dans des sociétés potentiellement rentables et aussi l’achat d’immeubles et autres. J’avais toujours le dernier mot et il m’arrivait dés fois de refuser certaines propositions.
Bref, j’essayais tant bien que mal de retrouver ma mémoire ou ma vie d’avant mais je n’y arrivais pas. Je me sentais perdue jusqu’à ce que je rencontre un jour Bianca dans le club de sport que je fréquentais et que mon médecin m’avait conseillé. J’avais une difficulté amovible du côté gauche et il fallait que je fasse certains exercices corporels au moins trois fois par semaine pour le retrouver. Bianca avait un ONG qui venait en aide aux femmes et filles en détresses. J’ai été tout de suite touchée et séduite et un mois plus tard je travaillais avec elle. Aujourd’hui, je suis directrice adjointe et avec les millions que j’ai injecté dans la structure, des actions très représentatives ont été faites propulsant du coût l’ONG sur le plan international.
Je n’ai jamais osé aller à la police encore moins me faire connaitre médiatiquement car j’avais peur de ce que je pouvais découvrir. Si j’ai intenté à ma vie c’est sûrement parce que je devais la détester. Qu’est – ce qui m’a amené en Suède ? Pourquoi tout le temps que je suis restée à l’hôpital, il n’y a que mon mari qui venait me voire ? Si j’ai une famille, pourquoi ne se sont – il pas manifestés depuis tout ce temps. Peut – être que je suis une criminelle, que j’ai fait d’horribles choses dans mon passé….Tant de question qui me pourrissent la vie et m’empêche dès fois de dormir.
Une semaine plus tard
Moi qui étais toute excitée en venant au Sénégal, j’ai vite déchanté. Je ne reconnais rien, ni les rues, ni les habitats, rien. Je ne sais même pas par où commencer. Finalement après deux jours, Bianca et moi avons décidé de faire d’une pierre d’un coup en rencontrant quelque partenaire potentielle pour l’ONG. En même temps, mon financier m’a concocter quelque rendez – vous avec des personnes dont leurs sociétés sont en difficultés et qui cherchent des actionnaires potentielles. J’ai déjà signé avec deux d’entre eux, les autres ne m’intéressant pas. Là, je dois rencontrer un détective que j’ai contacté il y a deux jours. Je sens que mon passé se trouve dans ce pays et je ne partirais pas sans découvrir la vérité sur moi.
– Tu es sûr que c’est une bonne idée ? On peut toujours annuler le rendez – vous.
– Bianca, j’ai besoin de quelqu’un qui me soutient, pas d’une mauviette.
– Pif, je te wanda même, tu traites qui de mauviette là dit – elle en prenant une position de bagarre.
– Toi-même tu sais, hum, tu oses encore m’affronter. Tu as oublié ? Je prends aussi ma position et elle recule, me toise du regard avant de me lancer un shipatou théâtral.
– Je suis sûre que tu étais Zena la guerrière, regarder moi cette sauvageonne. J’éclate de rire et prend mon sac à mon tour. Elle sait me détendre quand je suis hyper stressée.
Nous étions dans nos délires quand mon portable a sonné. Bianca me fait signe de ne pas décrocher quand il voit que c’est Michel, mon contrôleur financier. Mais ce dernier rappelle une deuxième et troisième fois et là je décroche.
– Bonjour Micheal. Tu…
– Salut Folami, heureusement que tu décroches. C’est super urgent.
– Est – ce qu’il t’arrive de te reposer toi.
– Quand je serais mort ha ha ha. Tu es à l’hôtel ?
– Oui ? Pourquoi ?
– Magnifique. Je t’ai concocté un rendez – vous dans moins de vingt minutes au restaurant de ton hôtel. Tu…
– Quoi ? Je sortais là et c’est urgent. Je suis désolée mais…
– S’il te plait Falomi, tu sais que je ne procède pas de la sorte mais je n’avais pas le choix car le gars doit voyager ce soir même. C’est une affaire en or mais le directeur demande à voir la personne qui va acheter ses actions avant de commencer les négociations.
– Hum, tu m’énerves. Et c’est quel genre de société cette fois.
– Un cabinet d’avocat, le meilleur en Afrique et cinquième dans le monde. Là il vend 5% de ses actions. Ce cabinet a une potentialité énorme et a réussi à se hisser sur le plan mondial en moins de cinq ans.
– Et pourquoi vend- il ses actions.
– La, ils n’ont même pas encore mis cela sur le marché mais j’ai un espion dans toutes les sociétés à haute potentialité et…
– Tricher va.
– Appelle-le comme tu veux, ha ha ha. Bref c’est le directeur lui-même qui vend 5% de ses actions. Il détenait plus de la moitié et en vendant, il se met en danger puisqu’il ne devient plus actionnaire majoritaire.
– Alors pourquoi il vend.
– D’après mon indique, sa femme a disparu il y a de cela plus d’un an et qu’il a dépensé des fortunes pour la retrouver. En même temps, il avait délaissé le cabinet qui aussi est entré en crise. Heureusement qu’il a repris les choses en mains et depuis trois mois les affaires reprennent de plus belle. Seulement, tu connais les banques donc le gars est obligé de vendre quelques actions pour régler ses dettes.
– C’est triste ce qui lui est arrivé dis – je toute émue. Moi aussi j’aurai donné la moitié de mon héritage pour retrouver ma mémoire pensais – je.
– Donc c’est bon, tu vas le voire ?
– Oui, ne serait – ce que pour ce que tu viens de me raconter.
– Formidable, je te laisse. Ne sois pas en retard.
– Attend ! C’est quoi son nom ?
– Ha oui j’oubliais, Malick Kane du cabinet N&K Association. Fait toi belle, c’est un vrai pigeon ha ha ha. Bye. Je ris à sa dernière remarque et me tourne vers Bianca qui commence déjà à faire la tête.
– Michael dit que le gars avec qui j’ai rendez – vous n’est pas mal du tout. Elle me sourit grandement et sort son portable.
– Hum, je peux venir avec toi et c’est quoi son nom ?
– Je n’amène pas une fille qui boude à mon rendez – vous d’affaire, ça porte malheur.
– Shiiipp va là-bas. Tape-moi son nom. Je rigole en m’exécutant. J’ouvre ma valise et prend à la volé un costume d’affaire.
– Pipipipipe, maa moo. Regarde-moi ça, un avion de chasse oui dit – elle en courant toute excitée vers moi. Quand je regarde la photo sorti par google, le rythme de mon cœur s’accélère. Je regarde chaque contour de son visage, m’attarde sur ses lèvres, son regard vif, sa carrure…
– Toc, toc, y a quelqu’un. Gênée, je lui rends son portable et me dirige vers la douche pour m’habillé. Avoue que tu penses à la même chose que moi, lance – t- elle derrière moi.
– Quoi ? Pourquoi ma voix tremble me demandais – je en silence.
– Je vendrais mon âme au diable pour passer la nuit avec cet homme.
– Astahfiroulah ! Bianca, tu es vraiment frivole. Elle ne dit rien et quand je me retourne vers elle, elle me regarde bizarrement.
– Folami ? Tu crois vraiment que tu es catholique ? Tes expressions, le fait que tu ne supportes pas le vin, astaf je ne sais pas toi là que tu viens de dire….
– Moi aussi, je le pense de moins en moins. Mais pour l’instant habillons-nous vite, il nous reste à peine dix minutes et je ne vais pas y aller en jean. Malick KANE nous attend, dis – je en souriant.
Quinze minutes plus tard, je quitte la chambre en courant presque. J’ai dit à Bianca de nous rejoindre car elle était toujours dans la phase maquillage quand je suis sortie de la douche. Il faut dire qu’elle est très coquette cette fille. Moi aussi je ne me suis un peu maquillée et j’ai même voulu changer ma tenue mais je ne pouvais pas car Bianca était dans la chambre. Et qu’est-ce que j’allais lui dire ? Je ne sais pas même pas pourquoi j’ai envie de me faire belle pour cet homme. Pourquoi je suis si excitée ? C’est la première fois qu’un homme me trouble autant. Mais avant que je ne descende, je me suis un peu sermonnée. Je ne peux rien me permettre avec un homme tant que je ne sais pas qui je suis réellement.
Pourtant en entrant dans le restaurant, je ne peux arrêter les battements de mon cœur qui commencent à reprendre un rythme saccadé. Quand je le vois en chair et en os, j’oublie toutes mes résolutions….
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP