Soukey
« Bonjour Marème, voilà, je suis mariée et j’ai une petite fille de presque 2 ans. Mais depuis deux mois maintenant, j’ai fui mon foyer car j’en avais marre des persécutions que je subissais à longueur de journée chez mon mari. Ma belle famille m’en a fait voir de toutes les couleurs. Tous les jours, je me réveillais à 6 h du matin pour me coucher que vers minuit. J’étais la bonne et personne ne m’aidait dans les travaux ménagers, même les deux petites sœurs de mon mari. Travailler n’est pas un problème pour moi, je suis bien éduquée par ma mère pour parer à toute éventualité mais quand on vous critique sur tout ce que vous faites alors ça devient difficile. Le pire c’est que mon mari cautionnait cela et prenait toujours la défense de sa mère. J’ai fini par craquer et aujourd’hui je suis chez mes parents avec ma fille. Ce qui me fait le plus mal c’est que nous nous aimons énormément et lui comme moi souffrons de cette situation. Seulement il dit qu’il ne peut pas abandonner sa mère après tout ce qu’il a fait pour lui. Pour moi, il est hors de question que je retourne là-bas, de redevenir leur esclave et surtout d’être insultée à longueur de journée sans aucun soutient ni rien. Du coup c’est un problème sans issu et cela m’anéanti. Je suis au bord de la dépression.
Réponse de Marème
Bonjour ma chère, voilà un problème bien récurant dans les foyers. On peut même dire qu’il est la cause de plus de la moitié des divorces au Sénégal. Elles sont rares ces femmes qui ont la chance d’avoir une belle mère gentille, adorable et compréhensible. Alors on se pose bien la question de savoir pourquoi ? Qu’est – ce qui fait que les relations entre la belle mère et la femme sont toujours à couteau tiré ? Les raisons sont nombreuses et nous allons en donner les quatre plus récurrentes.
La première raison est d’abord la rivalité. Toute femme doit savoir que la relation entre une mère et son fils est intense et singulière. Première femme de la vie de son petit homme, une mère trouve dans cette relation une sécurité affective sans égale, qui la fait se comporter comme si elle était sans égale face aux autres femmes. Donc la mère rejette inconsciemment ou consciemment et systématiquement cette belle-fille qu’elle voit comme une rivale. Pourquoi ? Afin qu’elle n’occupe pas la première place dans le cœur et la vie de son fils. Comme le témoigne cette femme : “Les filles actuelles veulent la facilité. Dites-moi quelle mère de famille dans ce monde va accepter qu’une fille, sortie de nulle part, vienne la séparer de son fils ?’’ Une réponse bien acerbe qui témoigne du degré d’inacceptations de ces mères faces à leurs belle – filles. Céder la première place est impensable. Elles sont et demeurent la cheftaine de famille. D’où le premier conflit car les mamans veulent montrer à leur fils l’incapacité de leur femme à gérer un bon foyer. On connait les formules célèbres : « ta femme ne sait pas cuisiner » ; « ta femme dépense trop d’argent » ; « ta femme est impolie »….. Plus la nouvelle épouse essayera de combler sa belle – famille plus celle – ci se sentira en danger de perdre sa légitimité.
La deuxième raison est une mentalité vielle de mille ans. Toute femme doit faire ses preuves face à sa belle famille pour montrer qu’elle est digne d’être madame X. Alors dans cette obligation de faire entre guillemets ses preuves, on y fourre du tout. On se retrouve esclave du désir des autres, on ne vit plus pour nous mais seulement pour les autres. Le pouvoir de la belle famille sur la belle fille devient un abus de pouvoir et malheureusement comme Soukey, beaucoup finisse par craquer.
La troisième raison est matérielle comme l’atteste ces deux femmes dans leurs témoignages :
1« Moi, j’ai vendu mes bijoux pour faire voyager mon fils. Donc, je ne laisserai aucune fille me le prendre ou le séparer de moi. » ;
2 “Du temps des vaches maigres, personne n’était là pour nous épauler. Aujourd’hui que tout est rose, que des profiteuses viennent me le voler, je ne l’accepterai jamais”.
En lisant ces témoignages on se rend compte à quel point certaines femmes considèrent leurs fils comme leurs propriétés exclusives. Il est inconcevables pour ces femmes de laisser leurs fils après tant d’années de sacrifices et de privations. Le fils appartient à la mère comme la femme appartient au mari. Elles devraient savoir que quand un sacrifice devient intéressé alors il n’est plus un sacrifice. On ne peut plus parler d’amour maternel dans ces conditions. Car celui-ci met le bonheur de son enfant avant tout matériel.
La quatrième raison et elle est la plus importante est la réadaptation physique et psychique de la femme à son nouveau foyer de vie. Des éducations et des manières de vivre différentes qui vont forcément se heurter comme le montre ce témoignage.
Ami : « quand je suis allée vivre chez ma belle famille, j’ai eu tout le mal du monde à suivre leur rythme de vie. Tous mes horaires ont été chamboulés. Alors qu’avant je prenais le diner au plus tard à 20h, ici on servait que vers 23 h. Du coup je me couchais tard provoquant insomnie totale et retard au boulot. Mais le pire c’est que chez mes parents les repas n’étaient pas épicés alors qu’ici, c’était à la limite exagérée. J’ai beaucoup maigri les premiers mois. Même si ma belle-famille était cool avec moi ; c’était vraiment difficile de réadapter mon emploi du temps et mes goûts selon les leurs. Il m’a fallu beaucoup de temps et de patience. »
Avec Ami, ça c’est bien passé ; pas autant pour d’autres. Le couple devra s’adapter à des différences dans les traditions, les valeurs, les habitudes, et les règles instaurées dans leurs familles respectives. Cette pression est déjà assez grande pour en subir une autre qui est l’acceptation de sa belle – famille. Si cette dernière n’a aucun sens du partage et de la patiente alors forcément on va tout droit vers le clash. Car aucun être vivant ne peut survivre à un milieu hostile.
Il est déjà très difficile de s’adapter et de réussir une vie à deux alors quand ça devient à plusieurs, la difficulté est encore plus grande. C’est là que le rôle régalien de l’homme intervient. On ne lui demande pas de choisir, ni de trancher mais juste de faire en sorte qu’il n’y ait jamais d’abus de pouvoir. Le mariage est une institution ou l’amour doit en être le moteur. Ce n’est certainement pas une maison de correction ou la femme doit éternellement être l’esclave des proches du mari. Dans tous les certificats de mariage délivrés dans les mairies, les mosquées et autres, on y a jamais vu le nom de la belle famille. Cela veut tout dire.
En conclusion, si c’est à la femme de faire des concessions, d’être douce, aimante, patiente et respectueuse des désirs de son mari, il incombe à ce dernier la responsabilité de jouer non seulement le rôle de régulateur mais aussi et surtout d’imposer et de faire respecter sa femme aux yeux de tous. Car même si tu es le fils de ta mère, ton passé ; ta femme est la mère de tes enfants, ton futur.
Merci pour votre confiance
J’attends vos témoignages sur [email protected]
Par Marème
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