Le reggaeman Rass Madou, de son vrai nom Mamadou Mané, sort deux singles à 24 h de la fin du mandat de l’ex-président gambien, Yahya Jammeh.
L’un, intitulé Peace in Banjul, est un véritable appel au départ du dictateur gambien. Celui qui a donné le nom de sa fillette de 12 ans à l’épouse du président Yahya Jammeh, Zeinab, compte ainsi en découdre, à sa manière, avec son ancien ami, Yahya. Pourtant, le tube dont le clip est sur le marché depuis quelques heures, était conçu pour chanter le despote Jammeh. Ce, avant d’être modifié et utilisé contre lui. «C’était un ami et j’ai même donné le nom de ma fille à sa femme. Mais rien ne va plus entre nous», déclare Rass Madou, qui a tenu un point de presse à Rufisque pour lancer son nouveau produit. «Quitte Yaya et Barrow se place à ta place», chante, dans un refrain, cet artiste qui vit, depuis 20 ans, à Francfort, en Allemagne. Pour lui, il n’y a qu’une seule voie possible, c’est que le dictateur cède le pouvoir qu’il a conquis par les armes. «Il doit respecter le verdict des urnes et honorer l’Afrique et le peuple gambien. C’est pourquoi j’en appelle à la jeunesse gambienne et à toutes les personnes éprises de droit», clame l’artiste.
Le lead vocal du groupe «The Rowers» qui signifie les rameurs est un homme engagé. Accompagné des membres du groupe de Abdou Guité, l’ancien danseur et élève du collège Isaac Foster espère que son message sera entendu par le chef de l’Etat gambien. «Quand on chante la paix, on livre un message universel. Dans la chanson, je demande au Président Adama Barrow de s’installer puisque telle est la volonté des Gambiens. A Jammeh, je lui demande de partir et de sortir par une issue honorable», lance-t-il.
La chanson qui est écrite en manding et en anglais est un rythme afro mélangé au reggae, style Touré Kunda. On peut y entendre le chanteur pousser les jeunes à la révolte, à l’insurrection. «Jammeh doit comprendre, dira le reggae man, qu’il est temps de céder le pouvoir. Lui-même l’a reconnu. Nous lui disons, please, il faut partir dans la paix pendant qu’il est encore temps».
Dans Sénégal Jog len, le deuxième single, l’artiste chante la bravoure du peuple sénégalais, surtout de sa jeunesse. «C’est une manière pour moi d’encourager mes compatriotes d’où qu’ils soient pour leur dire de ne jamais baisser les bras. Cela est aussi valable pour les ‘Lions’ en compétition en coupe d’Afrique».
Najib SAGNA