Le bras de fer entre l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) et les opérateurs de téléphonie Tigo et Expresso pour l’octroi de la licence 4G est loin de connaître son épilogue. Les négociations sont toujours au point mort avec le refus de ces derniers de casquer 30 milliards. De son côté, l’Etat continue d’espérer qu’ils vont changer d’avis.
Les opérateurs de téléphonie Tigo et Expresso continuent de bouder la 4G dont l’appel d’offres a été lancé en 2014. Depuis cette date, seule l’opérateur historique, Orange, a pu l’acquérir dans le cadre du renouvellement de son contrat de concession. L’Etat, qui réclame pas moins de 30 milliards de francs Cfa pour l’acquisition de cette licence semblait aux yeux des opérateurs du marché sénégalais trop gourmand. Ce, alors que la 3G pour laquelle, ils avaient casqué fort n’a pas atteint sa maturité, avec un taux de pénétration qui peine à atteindre 30 %. Ainsi, les trois opérateurs avaient refusé de soumissionner à l’appel d’offres lancé par l’Etat. Lequel avait interprété cela comme une entente entre opérateurs avant de brandir des menaces.
Orange ayant fini par décrocher son sésame en juin 2016, les deux autres opérateurs continuent de camper sur leur position. Des négociations avaient été annoncées depuis lors, mais c’est toujours le statut quo.
Hier, en marge de l’examen du Projet de loi n°39/2016 modifiant la loi n°2011-01 du 24 février 2011 portant Code des Télécommunications, le ministre en charge des Télécommunications et des postes, Yaya Abdoul Kane, a été on ne un peu plus clair. Selon lui, l’Etat espère que les deux opérateurs vont changer d’avis pour acquérir à leur tour la licence 4G. «Je pense qu’elles vont venir. C’est ouvert aux autres», a déclaré le ministre sans aucune autre précision convaincante. Ce qui sous-entend que les négociations n’avancent pas dans le sens voulu par l’Etat. Pourtant, le Directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes, Abdoul Karim Sall avait annoncé que les négociations étaient en bonne voie pour que Tigo et Expresso puissent faire une transition vers la 4G. Cependant, depuis cette déclaration, les opérateurs trainent les pieds. «On ne peut pas parler du coût de la licence sans pour autant mettre en face, la quantité de fréquences attribuées. Le coût de la licence dépend en grande partie des quantités de fréquences proposées. Vous savez, le Maroc a proposé beaucoup plus de quantité de fréquences que nous. La Côte-d’Ivoire qui a renouvelé la concession en attribuant la 4G pour une valeur globale de 100 milliards, a également donnée beaucoup plus de quantités de fréquences que nous. Nous avons le même montant que ces pays», avait relevé Abdoul Karim Sall. Son ministre de tutelle, Yaya Abdoul Kane, a souligné qu’elle clarifie le champ de compétences des différents acteurs publics du secteur sur les régimes juridiques et sur les leviers de régulation. De l’avis du ministre, cette modification permettra l’accroissement du niveau de concurrence et d’investissements privés sur le marché du haut débit et la démocratisation de l’usage de l’internet. Malgré le souhait du président de la République, Macky Sall de voir les deux autres opérateurs, Tigo et Expresso finaliser les négociations avec l’Artp, force est de constater que les choses ne bougent pas. Et cela, de même que pour l’attribution d’une quatrième licence de télécommunications annoncée par le chef de l’Etat depuis belle lurette.
Ainsi, comme le soulignait récemment dans nos colonnes le président de l’Organisation des professionnels des technologies de l’information et de la communication (Optic), Antoine Ngom, le fait de ne pas avoir la 4G dans notre pays alors que les pays voisins l’ont, est dramatique pour les acteurs du secteur, les consommateurs et l’économie. Et l’Etat privilégie de tirer plus de ressources financières de cette poule aux œufs d’or que de booster l’aménagement numérique du territoire pour un accès à internet partout et à un prix raisonnable.
Walf Quotidien