Entre 2009 et 2014, le nombre de parisiens est passé de 2 234 105 à 2 220 445. Soit 13 660 habitants de moins en cinq ans. Quatorze arrondissements sur vingt sont concernés.
Bertrand Delanoë s’était autoproclamé « maire aphrodisiaque », il y a trois ans, juste avant de quitter la scène politique en se félicitant du « retour des familles » dans la capitale durant ses deux mandats. Aujourd’hui, les chiffres officiels de recensement publiés par l’Insee montrent néanmoins que Paris a perdu des habitants ces dernières années. Entre 2009 et 2014, le nombre de parisiens est passé de 2 234 105 à 2 220 445. Soit 13 660 habitants de moins en cinq ans. La tendance touche quatorze arrondissements sur vingt. Les arrondissements centraux, continuent de perdre des habitants.
Les Ier, IIe, IVe et VIIIe ont chacun perdu en cinq ans 1 % de leur population. Le Xe arrondissement arrive juste après avec une baisse de 0,8 % de sa population soit 3 683 habitants en moins entre 2009 et 2014. Seuls quatre arrondissements périphériques échappent à cette tendance et voient leur population augmenter entre 2009 et 2014 : les XIIe, XIVe, XVIIe et XIXe.
…la baisse de la natalité
« Une évolution annuelle moyenne de – 0,1 % sur cinq ans, on ne peut pas vraiment parler de baisse de la population », minimise-t-on à l’Hôtel de Ville. « Deux facteurs expliquent ces chiffres : la baisse de la natalité qui touche toutes les villes (NDLR : le nombre de nouveau-nés en chute libre depuis 2010 est reparti à la hausse en 2014) et une augmentation du nombre de résidences secondaires à Paris » argumente-t-on à la mairie de Paris. Selon des estimations des services de la Ville, depuis 2009 20 000 résidences principales auraient été transformées en « locations touristiques saisonnières ».
« Nous renforçons les mesures pour lutter contre ce phénomène. Dès le prochain Conseil de Paris (30, 31 janvier et 1er février) la taxe sur les résidences secondaires va être augmentée et nous multiplions les dispositifs pour inciter les propriétaires à mettre leur appartement en location avec les dispositifs « multiloc » ou « louer solidaire » », indique-t-on à la mairie de Paris. Et de conclure : « Et pour maintenir les classes moyennes notamment, nous misons sur le logement social. 40 000 logements sociaux ont été crées depuis 2009 ».
…Airbnb, selon les maires d’arrondissements !
Si le nombre d’habitants a diminué à Paris entre 2009 et 2014, c’est dans les arrondissements centraux que la baisse est la plus spectaculaire.
Que les arrondissements centraux se dépeuplent n’est pas une surprise pour les élus qui avancent la même explication : le succès des plates-formes de locations saisonnières vide les immeubles de leurs habitants. « Les chiffres du recensement sont la traduction du phénomène Airbnb qui est une vraie catastrophe dans le centre de Paris », estime Jean-François Legaret (LR), maire du Ier. « L’explosion du nombre de petits appartements transformés en meublés touristiques explique les résultats du
recensement
», renchérit Jacques Boutault (EELV), maire du IIe où le nombre de logements sociaux est pourtant passé d’une centaine en 2001 à près de 700 aujourd’hui.
Dans le IIIe, la création de logements sociaux et intermédiaires (environ 600 depuis 2005) semble avoir contenu la baisse du nombre d’habitants (- 0,3 % par an), même si les effets de la location saisonnière se font aussi sentir au cœur du Marais, constate Pierre Aidenbaum (PS), maire du IIIe : « Beaucoup de propriétaires de studios et deux-pièces louent désormais via Airbnb car ils disent avoir moins de problèmes de paiement ». La location touristique de courte durée est aussi beaucoup plus lucrative…
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