Des débris de l’avion militaire russe disparu des radars dimanche matin après son décollage ont été retrouvés en mer Noire. Il transportait 92 personnes, 84 passagers et huit membres d’équipage, dont des journalistes et plus 60 membres des chœurs de l’Armée Rouge, qui se rendait en Syrie pour participer aux fêtes du Nouvel an sur la base aérienne. Les autorités ont affirmé qu’il n’y avait « pas de signes » de survivants.
Selon le ministère de la Défense, le Tupolev Tu-154 a disparu des écrans-radars à 05H27 (02H27 GMT), deux minutes après son décollage de l’aéroport de la station balnéaire de Sotchi, situé dans la commune d’Adler, sur les côtes de la mer Noire. Il se rendait à la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié en Syrie.
« La zone de la catastrophe du Tu-154 a été déterminée. Il n’y a pas de signes de survivants constatés », a précisé à la mi-journée le ministère dans un communiqué, indiquant que dix corps avaient été repêchés.
Des débris de l’appareil avaient été découverts à 1,5 kilomètre de la côte, à environ 70 mètres de profondeur, selon la même source. Plus de 3.000 personnes, 27 navires et bateaux, 37 plongeurs, ainsi que quatre hélicoptères et des drones ont été dépêchés sur place pour mener des recherches, a indiqué le porte-parole de l’armée russe, Igor Konachenkov, ajoutant qu’une centaine d’autres plongeurs devraient arriver prochainement dans la zone de l’accident.
Carte de visite de la Russie
La liste des passagers publiée par le ministère comprend 64 membres de l’Ensemble Alexandrov, connu lors de ses tournées à l’étranger sous le nom de chœurs de l’Armée Rouge, huit militaires dont le directeur de l’Ensemble Valéri Khakhilov, huit membres d’équipage, neuf journalistes, deux hauts fonctionnaires civils et la responsable d’une organisation caritative très connue en Russie, Elizavéta Glinka.
« L’Ensemble Alexandrov, c’est une carte de visite de la Russie », a déploré le célèbre pianiste russe Denis Matsouïev, cité par l’agence Ria-Novosti, évoquant une « terrible injustice ».
L’avion transportait également neuf journalistes des chaînes de télévision Pervy Kanal, NTV et Zvezda, deux hauts fonctionnaires civils et la responsable d’une organisation caritative respectée en Russie, Elizavéta Glinka.
La chancelière allemande Angela Merkel, le président syrien Bachar al-Assad, le Premier ministre turc Binali Yildirim, ainsi que l’ambassadeur des Etats-Unis à Moscou John Tefft ont exprimé leurs condoléances à la Russie.
Le président Vladimir Poutine a annoncé qu’une journée de deuil national serait observée lundi en hommage aux victimes. « Une enquête soigneuse sera menée pour déterminer les causes de la catastrophe et tout sera fait pour soutenir les familles des victimes décédées », a-t-il promis à la télévision publique.
A sa demande, le Premier ministre Dmitri Medvedev a créé une commission d’enquête spéciale dirigée par le ministre des Transports Maxime Sokolov, qui devait se rendre à Sotchi dès dimanche.
33 ans de vol
Les autorités ne privilégiaient aucune hypothèse en particulier pour expliquer ce crash intervenu aux pieds du massif instable du Caucase et impliquant un appareil exploité depuis 33 ans.
Selon le ministère de la Défense, l’appareil accumulait 6.689 heures de vol depuis 1983. Il avait été réparé pour la dernière fois en décembre 2014 et révisé en septembre dernier.
Une enquête criminelle a été ouverte pour déterminer si des manquements aux règles de sécurité aérienne sont à l’origine de l’accident, a indiqué le Comité d’enquête russe, organisme chargé des principales affaires.
Plusieurs Tupolev-154 ont eu des accidents par le passé. En avril 2010, un appareil de ce type transportant 96 personnes dont le président Lech Kaczynski et de hauts responsables polonais s’était écrasé en tentant d’atterrir près de Smolensk (ouest de la Russie), et tous ses occupants avaient été tués.
La Russie mène depuis septembre 2015 une campagne militaire, notamment aérienne, en Syrie pour soutenir le régime du président syrien Bachar al-Assad, un allié de longue date. Quelque 4.300 militaires russes sont déployés en Syrie, et la Russie continue d’y renforcer sa présence militaire. Vladimir Poutine avait ordonné vendredi d’agrandir les installations portuaires militaires russes à Tartous, dans le nord-ouest de la Syrie, censées devenir une base navale russe permanente dans ce pays en proie à un conflit sanglant depuis 2011.
ouest-france