Elus au suffrage universel direct, les députés bénéficient de tous les honneurs et de tous les privilèges du peuple. Salaires, 1000 litres de carburant, un véhicule 4X4 tout neuf pour chaque parlementaire pour ses déplacements, des indemnités de logement, des primes de déplacements dans le cadre des missions de l’Assemblée nationale etc…Tous cela tiré du contribuable du pauvre citoyen sénégalais. Seulement, les représentants du peuple semblent ignorer les missions qui leurs sont assignées en contrepartie. Ils ne ratent jamais une occasion pour s’illustrer de la plus pitoyable des manières. Si ce n’est pas des déballages qui ont des allures de règlements de compte personnels, ce sont des coups de poing donnés ça et là entre collègues. Un hémicycle transformé en véritable salle de boxe ou une borne fontaine où on se crêpe le chignon à tout va. Le dernier spectacle en date montre Moustapha CISSE LO et Aïda MBODJI s’étriper. C’était ce dimanche 27 novembre 2016, lors de l’adoption du budget du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan. Devant leurs autres collègues et les caméras des journalistes, les deux députés ne se sont pas gênés pour échanger des propos aigres-doux. Mais au-delà de ces comportements qui ne les honorent pas, les députés ont la fâcheuse habitude de briller par leur absence lors des séances de plénières. Même les votes des budgets des ministères ne semblent pas assez importants pour les mobiliser tous. Lors de l’adoption du Budget du ministère de la Promotion des investissements 93 députés dont plusieurs vice-présidents étaient aux abonnés absents. Au début des travaux, ils étaient 52 présents sur les 150 que compte l’Assemblée. Et pourtant, à la fin, il ne restait que 43 parlementaires, les autres ayant disparu. Une situation que certains de leurs collègues, dont Me Djibril WAR, n’ont pas manqué de dénoncer. «Le député doit être présent dans toutes les sessions et dans toutes les séances de vote. Une obligation à la fois juridique et même moral. Donc c’est regrettable, c’est déplorable, c’est condamnable», peste-t-il. Son collègue Elène TINE va plus loin. «Hier, on n’a pas pu discuter autour du budget du ministère de l’Enseignement technique professionnel. Pourquoi, parce qu’on a attendu qu’il y ait un deuxième vice-président dans la salle. Il y a des parlementaires que je ne connais pas depuis 4 ans. Je vais les rencontrer dans la rue, je ne pourrais pas vous dire que c’est des collègues, parce qu’ils sont venus peut-être à quelques reprises. Et que je ne peux pas les reconnaitre», fustige-t-elle. Avant de réclamer des sanctions sévères contre les absentéistes : «Il faut qu’on mette des dispositions dans le règlement intérieur qui feraient que les parlementaires assument leurs mandats. Si quelqu’un ne vient pas, que cela lui coûte quelque chose». Et pourtant si nous prenons l’exemple de la Russie, un pays plus développé que le notre, qui a moins de difficultés, de soucis économique que le Sénégal, a déjà réglé ces problèmes. Dans un nouveau règlement publié dans le site du parlement, il est indiqué que tout député absent lors des séances plénières sans justification valable sera condamné à payer une amende correspondant au sixième de son salaire. «En cas d’absence du député de la Douma à une réunion de la chambre sans justification (…), son salaire mensuel sera diminué d’un sixième pour chaque séance manquée», stipule l’article 44 du règlement parlementaire. Mieux encore les députés sont soumis à un contrôle strict. Ce qui fait que chaque parlementaire est enregistré trois fois durant la séance à 10 heures, 12 heures et 16 heures. S’il manque un seul, il est considéré comme un absent et devra payer 64 mille roubles (monnaie russe), soit environ 930 euros, 700 mille F CFA environ. Toujours dans la lutte contre l’absentéisme, le président russe Vladimir POUTINE a signé une loi visant à licencier tout député absent sans justification. Au mois d’octobre dernier, il a interdit aux députés de voter par procuration pour leurs collègues absents. Au chapitre de ses mesures coercitives, il est interdit aussi à tous les élus de circuler avec leurs véhicules de services si, leur déplacement dépassé un rayon de 50 kilomètres autour de la capitale, Moscou.
Tout cela peut pousser certains Sénégalais à se demander s’il n’est pas temps de revoir le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Voire même les conditions d’éligibilité de nos représentants.
Samba BARRY (WALFnet)