Ses critiques et suggestions déplaisent souvent au pouvoir et lui valent des attaques en règle. Mais les récents crimes de sang prouvent qu’Idrissa Seck n’a pas toujours tort.
Les faits semblent donner raison à Idrissa Seck. Il y a cinq jours, à la veille du Magal, le fondateur du parti Rewmi et ancien Premier ministre alertait sur l’insécurité grandissante au Sénégal. A l’issue d’une visite auprès du khalife général des mourides, Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké, il avait pris la résolution de «tourner la page du deal» entre Macky et Karim, préférant mettre en garde le pouvoir sur la violence qui sévit au Sénégal. «La recrudescence de la violence au Sénégal fait partie des difficultés dont je faisais état. L’insécurité a atteint des proportions jamais connues dans l’histoire de notre pays, le Sénégal. Je pense que la situation parle d’elle-même», alertait-il.
Mais ces propos prémonitoires avaient valu au président du Conseil départemental de Thiès une volée de bois vert de la part de certains responsables de la mouvance présidentielle. Pourtant, cinq jours après cette alerte, Fatoumata Mactar Ndiaye, vice-présidente du Conseil économique social et environnemental (Cese) a été tuée à son domicile. Elle aurait été égorgée par son propre chauffeur. Ce meurtre est le dernier d’une longue série de crimes crapuleux. L’Ong Jamra a recensé douze cas de meurtre durant ce mois de novembre. On se souvient que le 29 octobre dernier, le taximen Ibrahima Mbaye Samb a été abattu dans une station-service sur la route de l’aéroport.
Contacté par Walf Quotidien, Déthié Fall, le vice-président de Rewmi, affirme que pour le moment, l’heure est au recueillement. «Le président Idrissa Seck avait alerté depuis le Magal sur l’insécurité grandissante dans le pays. Nous allons revenir avec des propositions et sur le débat sur la peine de mort qui est agité», dit-il, ajoutant que c’est avec tristesse, le cœur meurtri qu’ils ont appris la mort tragique de Fatoumata Mactar Ndiaye.
Déthié Fall indique qu’il a conduit une très forte délégation sur instruction d’Idrissa Seck et au nom du parti pour présenter les condoléances du parti à la famille biologique et politique de la victime. Et ce n’est pas la première fois que les faits donnent raison au chef de file du parti Rewmi. Au mois d’octobre, il avait préconisé la création d’un Conseil d’orientation stratégique ou de surveillance pour la gestion de nos ressources naturelles et en particulier des ressources issues du pétrole et du gaz. Quelques temps après, le chef de l’Etat a pris un décret portant création le Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Pétrogaz).
Et ce n’est pas tout. A l’an 1 de la seconde alternance, Idrissa Seck avait fortement critiqué le couple de banquiers Abdoul Mbaye-Amadou Kane respectivement Premier ministre et ministre des Finances. «Abdoul Mbaye est un banquier qui ne maîtrise pas les finances publiques», avait-il dit ajoutant que les banquiers ont pour rôle essentiel de garder de l’argent. Alors que, selon lui, Macky Sall aurait dû choisir des financiers dont «la vocation est d’aller chercher de l’argent pour le dépenser tout de suite et régler les problèmes des Sénégalais». Quelques temps après ces critiques, Macky Sall limogeait ces deux banquiers.
Charles Gaïky DIENE