Djibo Kâ, Khoureychi Thiam, Serigne Mbacké Ndiaye, Me Ousmane Ngom, voilà un quartette de la honte, quatre noms, tristement célèbres, nullement gênés ou dégoutés par la ré-ingurgitation de leurs propres vomissures et qui ont un dénominateur commun : la tortuosité politique.
Djibo Kâ
Pour le cas de Djibo Kâ, nous n’avons pas cherché très loin, nous nous sommes tout juste bornés à reproduire textuellement de larges extraits des analyses de notre compatriote Mody Niang, que nous félicitions au passage, pour sa documentation très fouillée et qui ne souffre d’aucune contestation.
Virtuose de la tortuosité, Djibo Kâ est un ancien apparatchik du Parti socialiste (Ps) dont la longue «odyssée» politique est à nulle autre pareille. Il claque la porte du Parti socialiste à la suite du congrès sans débat de 1996 qui a vu le président Abdou Diouf adouber Ousmane Tanor Dieng. Il se voit également traité publiquement d’hypocrite, le 14 mars 1998, par le même Abdou Diouf. Ç’en est trop pour l’amour-propre de Djibo Kâ, lui l’ancien directeur de cabinet du président Senghor, qui crée alors son parti, l’Union du renouveau démocratique (Urd) le 5 juin 1998. Il présente une liste, sous la bannière de l’Alliance Jëf Jël de Talla Sylla, aux élections législatives du 24 mai 1998 et fait élire onze députés. Le 11 septembre 1999, à l’occasion de la cérémonie d’installation du «Comité de pilotage, de gestion et de coordination» de son parti pour la campagne électorale de février 2000, Djibo Kâ déclare sans ambages : «Nous voudrions réaffirmer solennellement que si par extraordinaire, dans une hypothèse irréelle, le candidat du Ps était présent au deuxième tour, et que celui du Renouveau n’y était pas, nous apporterions notre soutien au candidat de l’opposition, donc celui de l’alternance».
Pendant qu’il proclame urbi et orbi son attachement indéfectible et sans faille au camp de l’alternance et du changement, il mène secrètement des négociations avec le Premier ministre Habib Thiam, en vue de son retour dans le giron socialiste, avant la date fatidique du 27 février 2000. Habib Thiam a fait savoir à ce propos : «Je l’ai reçu plusieurs fois chez moi. Finalement, il a donné son accord pour laver le linge sale en famille, Djibo étant un parent d’Abdou et m’ayant dit que ce dernier serait le meilleur président pour le Sénégal ainsi que sa détermination à voter et faire voter pour lui au second tour…».
Les électeurs se rendent aux urnes le 27 février 2000. A l’issue de ce premier tour de scrutin, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade sortent respectivement premier et deuxième. Pendant que les tractations pour des reports de voix au profit de l’un ou de l’autre candidat vont bon train, Djibo Ka réaffirme toujours son attachement au camp du changement et de l’alternance. Il entre en négociations avec Me Abdoulaye Wade. Celles-ci ne donnant apparemment pas les résultats escomptés, il est reçu en audience le 2 mars 2000, par le président Abdou Diouf. Au sortir de cette audience, il fait la déclaration suivante : «Je lui ai demandé de ne pas se présenter au second tour, …. parce que c’est la demande populaire la plus partagée (…) Le pays a besoin de changement», poursuit Djibo Ka qui ajoute : «Son départ est le premier acte de changement dans ce pays. C’est le meilleur service qu’il peut rendre au pays».
Mais, les gens ne sont pas au bout de leur peine et de leur surprise car, en ce mémorable 14 mars 2000, Djibo Ka est de nouveau reçu par le président Abdou Diouf. Au sortir de cette audience, il lâche sa terrible bombe : «Je demande aux militants et aux sympathisants du Renouveau démocratique, aux électeurs et aux électrices qui m’ont accordé leur confiance le 27 février 2000, de porter leurs suffrages sur le candidat Abdou Diouf le 19 mars, pour que nous apportions la preuve que le Renouveau est la clé du changement dans notre pays». Malgré ce retournement spectaculaire, le candidat Abdou Diouf est nettement battu au second tour, le 19 mars 2000. Et Djibo Kâ de rentrer dans le camp de l’opposition, mais pour combien de temps ? Dans une interview à Wal Fadjri du mercredi 31 décembre 2003, Djibo Kâ reproche au président Abdoulaye Wade «son manque d’orientation et de vision politique et économique». Le leader de l’Urd poursuit son réquisitoire et ses railleries, en mettant en cause la compétence de Me Wade et sa capacité de gouverner : «C’est la manière de gouverner de Me Wade qui pose problème. Il a beaucoup de bonnes idées, trop nombreuses à mon goût et qui s’entrechoquent pêle-mêle. Il n’y a pas de fil conducteur».
Le 21 avril 2004, à la faveur de la formation d’un nouveau gouvernement, avec un certain Macky Sall comme Premier ministre, Djibo Kâ est promu ministre d’Etat, ministre de l’Economie maritime. Il devient tout autre et tient un tout autre discours sur Me Wade, devenu entre-temps, «un très grand visionnaire que l’Afrique et le monde reconnaissent». A une question sur son nouveau compagnonnage avec Me Wade, il répond sans sourcilier : «Nous l’admirons beaucoup, nous travaillons à ses côtés parce qu’il est l’exemple de la ténacité, le type modèle d’endurance et de patience….». Quelques mois plus tard, en procédant à la réouverture de la permanence de son parti à Thiès fermée depuis belle lurette pour défaut de paiement (sic.), il renvoie la balle à qui de droit en ces termes : «Me Wade est un gor (loyal) qui ne sera pas plus gor que nous. Aujourd’hui, il s’est fait jour. Nous nous sommes retrouvés avec le chef charismatique du Sopi qui se battait aussi pour le changement. Notre convergence programmatique avec le président Wade est une convergence philosophique, structurelle et de méthode». Il déclarera, par la suite, que «jamais le Sénégal n’a été aussi bien gouverné que du temps de Me Wade».
C’est cet homme sans autre conviction que ses propres intérêts, que le président Macky Sall est allé chercher dans sa retraite pour lui confier la Commission nationale de dialogue des territoires (Cndt). Un fromage onctueux que Djibo Kâ n’a point boudé et pour lequel il n’a eu aucun état d’âme pour abandonner ses alliés du Front patriotique pour la défense de la république (Fpdr) et les laisser au milieu du gué pour répondre, le 17 août 2015, aux sirènes du pouvoir et à l’invitation de Macky Sall à rejoindre la majorité présidentielle au détour de l’inauguration du siège de la Sonatel au cours de laquelle le chef de l’Etat lui a fait un clin d’œil, puis s’est rendu nuitamment chez lui pour le débaucher. Ses volte-face, ses revirements, ses reniements, ses renoncements et son jeu de yoyo qui ont rythmé toute sa trajectoire politique, vont permettre à cet homme de respirer à pleins poumons l’oxygène du pouvoir avec les quatre présidents qui se sont succédé au Sénégal. Cet homme est incapable de vivre hors du pouvoir, dont il ne peut manifestement pas se passer de l’oxygène. Ses interminables va-et-vient ne devraient donc plus étonner, surprendre ou indigner personne. C’est ainsi que Dieu l’a créé.
Khoureychi Thiam
L’ancien ministre de la Pêche et de l’Economie maritime sous Wade et actuel maire de la commune de Makacoulibanta a annoncé, le 10 novembre 2016, son départ (encore) du Pds en compagnie de plusieurs de ses proches. Pourtant, le bonhomme avait auparavant signé son retour à la case départ et maison-mère car, le fondateur du mouvement «Agir pour le Sénégal», qui avait voulu adhérer à l’Apr, s’était résolu finalement à revenir au Pds après que les apéristes lui ont claqué la porte au nez. Indésirable chez les marrons-beiges qui lui ont barré la route, Khoureychi Thiam avait fait contre mauvaise fortune bon cœur en retournant au Pds. Invité à l’émission «Opinion» de Walf Tv, il avait clairement dit : «Si l’Apr ne veut pas de moi, je vais m’allier avec d’autres, mais pas avec le Pds». Mais, le 20 mars 2014, Khoureychi Thiam annonçait son retour au Parti démocratique sénégalais. M. Thiam s’exprimait alors à l’occasion d’une rencontre entre les responsables du Pds à Tambacounda et la direction du parti, après plusieurs tentatives manquées de rallier les rangs de l’Apr. Modou Diagne Fada, alors président de la commission en charge des élections du Pds, qui a pris part à la cérémonie, s’est félicité du retour «courageux» de Khoureychi Thiam : «Cette cérémonie est la première étape de l’opération «Gnibissi» (retour au bercail), théorisée par la presse sénégalaise. Et certainement d’autres responsables vont suivre son exemple», a-t-il soutenu, assurant que M. Thiam «sera bien accueilli et sera à l’aise dans le parti qui reste le sien». A son arrivée à la permanence Omar Lamine Badji, pour retrouver ses anciens et futurs frères, Khoureychi Thiam s’était fendu d’un «namoon naa lène yen libéraux yi (vous m’avez manqué, vous les libéraux). C’est le Pds qui me donne l’occasion de vous retrouver à nouveau. Après 22 mois d’attente devant les portes de l’Alliance pour la République (Apr), je reviens dans la maison-mère, au bercail, au Pds. J’ai quitté définitivement l’autre rive. Je suis dans le Pds. Comme ils (les partisans de Macky Sall) ne m’aiment pas, je reviens donc au Pds ». Puis, vint le 10 novembre 2016.
Serigne Mbacké Ndiaye
Au plus fort du magistère du président Abdoulaye Wade, Serigne Mbacké Ndiaye, alors mégaphone du Palais et porte-parole du président Abdoulaye Wade, s’était fendu d’une étonnante déclaration : «Si nous perdons le pouvoir, nous irons tous en prison». Au soir du 27 février 2012, il a failli plonger le Sénégal dans un chaos indescriptible en annonçant que le président-candidat, Abdoulaye Wade, avait gagné l’élection présidentielle dès le premier tour. Après la chute du Pds et la montée de l’Apr, Serigne Mbacké Ndiaye a théorisé, à tout rompre, les retrouvailles libérales. Il a voulu aussi faire de la grâce de Karim Wade, un fonds de commerce politique. Quand on revisite un peu son passé politique, on se rend compte que cet ancien militant du Parti socialiste, a été membre fondateur du Parti de la réforme d’Abdourahim Agne, puis a rompu avec ce dernier durant les dernières années du mandat de Wade. Serigne Mbacké Ndiaye est revenu dans le parti libéral après y avoir milité de 1975 à 1985.
En effet, le 30 novembre 2009, évoquant sa décision de quitter le Parti de la réforme de Abdourahim Agne pour déposer ses balluchons au Pds, il avait déclaré : «Les gens me disent que j’ai tardé à le faire. Mais il vaut mieux tard que jamais». Rappelant que son militantisme au Pds date des années 1975, il disait : «Si j’avais quitté le Pds, c’est parce que Serigne Diop avait été sanctionné par ce parti, et j’avais trouvé que la décision prise à l’époque était injuste.» Avant d’ajouter : «Je prends mes responsabilités et j’assume». Il avait indiqué qu’il était «maintenant au Pds pour y rester», expliquant qu’il connaît «très bien la plupart des gens qui sont là-bas. Le ministre Habib Sy, on a fait nos premiers pas ensemble au Pds, avec Ablaye Faye aussi et tant d’autres. Donc, je suis vraiment à l’aise dans ce parti-là», a-t-il insisté. «Je me réjouis que tout le monde rentre à la maison du père. D’autant plus que c’est un père généreux à tout point de vue, qui veut laisser à ses fils un patrimoine important», a-t-il fait valoir.
Serigne Mbacké Ndiaye a un flair du tonnerre pour sentir le vent de ses intérêts tourner, afin d’en épouser opportunément la courbe. Il faut avoir un fort instinct de survie pour passer sans frémir du Ps en 1988, où il fut le protégé de Mamadou Diop-Le Maire, aux contours de l’Urd de Djibo Kâ, puis aux supposées aisances de Moustapha Niasse de l’Afp, pour atterrir ensuite chez Agne et son Parti de la réforme, avant de plonger, pieds joints, dans la piscine libérale du Pds d’Abdoulaye Wade. L’ex-coordonnateur du Parti de la réforme (Pr) dans la région de Thiès a aussi intégré le G10, un regroupement de partis politiques de l’opposition sous le magistère de Wade, et a fait partie de ceux qui ont lancé l’Initiative pour le départ de Wade (Idewa). C’était le bon vieux temps où Serigne Mbacké Ndiaye tançait Abdoulaye Wade, lui demandant, vu son grand âge, de débarrasser le plancher, tout de suite et sans conditions. Il proposait alors des marches devant le palais pour faire partir le président, chauffait la rue dans ce but, avant de renoncer à tout en allant se réfugier, penaud, sous l’aile protectrice et rémunératrice du président Wade, bien au chaud dans sa station de Pca de la Cncas. Comme il a fait le tour de toutes les formations politiques, on comprend mieux que Serigne Mbacké Ndiaye ait souhaité et imploré que Wade fut là jusqu’en 2019.
A la question de savoir «mais de quoi Serigne Mbacké Ndiaye est-il le nom ?», un certain Gilles Touré pense que l’ancien ministre porte-parole de Wade était devenu la taupe de l’Apr au sein de l’opposition, et était en réalité en train de transhumer à reculons. Comme il l’avait fait avant d’atterrir chez Abdoulaye Wade en lâchant Abdourahim Agne et le Cpc. «Il ne veut pas que Macky Sall l’oublie», disent les mauvaises langues, et il fait tout pour exister au moins sur le plan médiatique. Le 3 mars 2015, avec Babacar Ndao, plus deux pelés et trois tondus, Serigne Mbacké Ndiaye met sur pied la Convergence libérale et patriotique (CPL), une organisation qui entend «aider à la clarification de l’espace politique, notamment le regroupement de la famille libérale». Aujourd’hui, Serigne Mbacké Ndiaye crie sur tous les toits qu’il soutiendra la candidature de Macky Sall à l’élection présidentielle de 2019.
Me Ousmane Ngom
Me Ousmane Ngom a fait des pérégrinations qui l’ont mené successivement du Parti démocratique sénégalais (Pds) au Parti libéral sénégalais (Pls), puis en tant que souteneur du président Abdou Diouf, avant de faire un come-back au Pds devenu entretemps parti au pouvoir, avant, aujourd’hui, de tomber dans les bras du président Macky Sall. Me Ousmane Ngom, c’est le symbole de l’ingratitude, de l’indignité et de la déloyauté. De lui, on dit que c’est l’un de ces lieutenants que Me Abdoulaye Wade, qui lui a même payé une partie de ses études, considère comme son propre fils. Dans le cadre de l’«entrisme», Me Wade le mettait dans ses bagages quand il fallait intégrer le gouvernement de majorité présidentielle élargie. Aussi, le poste de Premier ministre qu’ont occupé successivement Idrissa Seck et Macky Sall devrait-il échoir à Ousmane Ngom s’il n’avait pas entretemps perdu la confiance et l’estime du «Pape du Sopi» qu’il avait quitté avec fracas en 1998 pour, dans un premier temps, former son parti politique, le Parti libéral sénégalais (Pls) le 11 juin 1998 et, dans la foulée, soutenir la candidature du président Abdou Diouf à l’élection présidentielle de 2000, en compagnie d’un certain Jean Paul Dias. C’est ainsi que Me Ousmane Ngom a laissé filer entre ses doigts, «l’héritage wadien» qui lui était destiné et lui tendait les bras.
Mais, le plus dramatique dans cette séparation, c’est l’irrévérence dont Me Ousmane Ngom avait fait montre à l’endroit de son «maître», en le toisant publiquement et en l’invitant un jour à le rejoindre à la mosquée de Mermoz, après la prière du vendredi, pour jurer sur le Saint Coran et régler leurs contradictions devant témoins. Ce défi était accompagné de propos très déplacés comme : «Me Wade m’a appris tout ce qu’un homme bien ne doit pas faire» ou encore «Me Wade parle en démocrate, mais agit en monarque». Me Ousmane Ngom n’arrêtait pas de magnifier «la générosité d’Abdou Diouf» en opposition au «sectarisme d’Abdoulaye Wade». Après la victoire de Me Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2000 sur Abdou Diouf, Me Ousmane Ngom ne s’est pas fait prier pour retourner, tête basse, toute honte bue et sans vergogne «dans la maison du père» pour une fusion entre le Pls et le Pds en 2003.
Mais, malheureusement pour lui, il a perdu la confiance de ses frères et sœurs libéraux désormais très méfiants à son égard. «Qui trahit une fois, trahira toujours», ne cessaient-ils de dire. C’est Mbaye Ndiaye, ancien maire Pds des Parcelles assainies, aujourd’hui ministre d’Etat auprès du président Macky Sall, qui rapporte dans ses confidences une scène insolite : «Qu’est-ce que Ousmane Ngom n’a pas dit contre Wade ? Il a passé tout son temps à l’injurier… Après cela, c’est moi-même qui l’ai tenu par la main pour l’emmener au palais. Nous étions assis avec Wade, Viviane, Karim… Lorsqu’il a voulu serrer la main à Viviane, celle-ci lui a dit : “Tu es un chien, je refuse de te serrer la main“». Qu’à cela ne tienne, l’attachement qu’il avait pour son «fils» Ousmane Ngom, était tel que le président Wade avait préféré tout oublier pour lui donner encore des responsabilités dans le gouvernement. Abdoulaye Wade a même eu à dire qu’Ousmane Ngom sait de lui des choses que ses propres enfants, Karim et Sindiély ignorent.
Au plus fort de la polémique autour de la présidence du groupe parlementaire des Démocrates et des libéraux à l’Assemblée nationale, Ousmane Ngom s’est illustré par son mutisme, puis, en octobre 2015, a démissionné du groupe parlementaire pour aller chez les non-inscrits. A l’occasion de son déplacement chez l’ex-ministre de l’Intérieur qui venait de perdre son grand frère, début mars 2016, le président Macky Sall a mis à profit cette visite de condoléances pour demander à Me Ousmane Ngom de venir travailler à ses côtés. Il s’en est suivi un échange d’amabilités du genre : «Je t’aime, moi non plus». Mais si on met cela en balance avec un discours antérieur tenu par le même Ousmane Ngom à l’endroit d’un Macky Sall alors en disgrâce au Pds et au niveau de l’Etat, c’est le grand écart. Accusant Macky Sall de blanchisseur d’argent sale, Ousmane avait dit : «Quand on parle aujourd’hui, d’enrichissement illicite ou de délinquance financière, Macky Sall et son gouvernement sont au premier rang. Ce n’est même pas de la délinquance financière, c’est du grand banditisme financier. Parce que son Premier ministre a dépassé toutes les limites. Il a dit, il a avoué, et les juristes, les avocats le savent, l’aveu est la mère des preuves. Il a avoué devant tout le Sénégal : «Oui, j’ai blanchi de l’argent, mais au moment où je le faisais, la loi sur le blanchiment n’existait pas encore». Mais la loi sur le vol existait déjà. La loi sur le recel, complicité de vol, existait déjà. «Konn nak moom ndéyi sacc la» («Donc lui, il est la mère des voleurs») ». «Loolu aduna bi yèpp daf ko condamner». Avant de parler de qui que ce soit, il faut d’abord qu’on s’adresse à Macky Sall et à son Premier ministre qui sont les plus grands blanchisseurs». La vidéo est disponible sur la toile à travers le lien : http://www.xibar.net/Video-Quand-Ousmane-Ngom-traitait-Macky-Sall-du-plus-grand-blanchisseur_a64342.html
Le mercredi 23 mars 2016, Me Ousmane Ngom annonce sa démission de son poste de député obtenu sur la liste «Sopi ak Pds» lors des élections législatives de 2012. Mais, c’était pour s’empresser de dire que c’est pour avoir les mains libres et se mettre entièrement à la disposition du président de la République. Ce fut ensuite la création de son parti «Libéral Ca Kanam». Une voie de contournement pour rejoindre l’Apr ? L’avenir nous le dira. Comme on l’a vu, le rapprochement progressif de Me Ousmane Ngom avec le président Macky Sall s’est fait méthodiquement pour arriver là où on en est aujourd’hui. Mais, tout cela n’est que temporaire. En effet, il est de notoriété publique que le jour où Macky Sall cessera ses fonctions de président de la République, Me Ousmane Ngom lui tournera le dos, sans ménagement, ni scrupules. Pour s’en aller entrer dans les bonnes grâces du nouvel élu. En voulant plaire au prince, Me Ousmane Ngom a cru devoir révéler que le président Abdoulaye Wade ne voulait pas, dans un premier temps, reconnaître la victoire de Macky Sall et l’appeler au téléphone pour le féliciter ; et que ce serait lui, Ousmane Ngom, qui l’en a dissuadé. En mouchardant une prétendue volonté initiale du président Abdoulaye Wade de confisquer la victoire nette et sans bavure de Macky Sall, Me Ousmane Ngom voulait se donner le beau rôle et se faire passer pour le sauveur de la patrie. C’est raté. Alors, devant l’indignation générale et le grand tollé soulevés par ses allégations, Me Ousmane Ngom, mesurant la gravité de celles-ci, et voulant se rattraper, a tenté laborieusement de se rétracter et de se dégonfler avec des justifications très alambiquées, en disant que ses propos, alors tenus lors d’une conversation privée, «ont été pervertis et sortis de leur contexte».
Le problème, ce n’est donc ni Ousmane Ngom, ni Djibo Kâ, ni Khoureychi Thiam, encore moins Serigne Mbacké Ndiaye, tous des transhumants professionnels qui passent d’une gouvernance à l’autre sans vergogne. Le problème, c’est plutôt le président Macky Sall, qui a béni sans état d’âme la transhumance qui n’a rien de vertueux et l’a pratiquement érigée en méthode de gouvernement. Ses électeurs de la présidentielle de 2012 comme tous les autres compatriotes ont mal, très mal de retrouver dans son entourage immédiat des têtes connues, les mêmes qui ont mangé à tous les râteliers et fait leur temps. Dans toute autre démocratie qui se respecte, tout ce «beau» monde serait plongé pour de bon dans l’oubli. Ce n’était sûrement pas pour effectuer de telles démarches politiciennes que les électeurs l’ont hissé à la magistrature suprême le 25 mars 2012. Ce ne sont pas des hommes amortis de la trempe de ce quarteron de la tortuosité qui font gagner une élection.
Tout au plus, ce qu’ils pourront gagner, temporairement, en termes de positions de pouvoir, de sinécures ou de prébendes, ils en perdront davantage en termes d’image, d’honorabilité et de respectabilité. Cette sale réputation risque de les poursuivre, même bien après leur mort et empoisonner terriblement la vie de leurs descendants qui vont beaucoup souffrir du passé politique sulfureux de leur ascendant et vont devoir chèrement payer pour lui des pots qu’ils n’ont pas cassés.
Par Pape SAMB