En ces temps de Magal, Louga passe pour une des capitales du mouridisme. L’effervescence y est à son comble. Sacs au dos, à la main ou sur les porte-bagages de véhicules lourdement chargés, ça se presse dans les rues. Augmentant d’un cran l’animation dans une ville habituellement calme. C’est que, ici, tout bat pour Touba. La bonne cohabitation entre confréries fait que mourides, tidianes et autres, tout le monde est sur pied pour rallier la ville sainte. Et dans ce contexte de surchauffe, ce sont les petits commerces qui tirent leur épingle du jeu. Salons de coiffures (hommes ou femmes), de beauté sont pris d’assaut par les pèlerins. Diakhaté est coiffeur au quartier Thiokhna, au centre-ville de Louga. Depuis plus d’une semaine, ce bonhomme, teint sombre et mine naturellement joviale, voit son office littéralement envahi par des hommes de tous âges, désireux de se faire une belle coupe avant de rallier la cité de Cheikh Ahmadou Bamba. Même s’il refuse de s’épancher sur ses gains qui doivent avoir pris l’ascenseur, il n’en remercie pas moins le Bon Dieu pour cette aubaine. «Alhamdoulilah», lâche-t-il, sibyllin et un brin superstitieux.
Comme lui, beaucoup de petits artisans locaux se frottent les mains et souhaitent à haute voix que le Magal se prolonge. En effet, tailleurs et mécaniciens sont aussi à la fête. Les premiers pour les habits appropriés à la circonstance (baye lahat et autres), les seconds pour redonner une seconde jeunesse à une vieille voiture que tout destinait à la casse. Les vendeurs de fruits et de légumes ne sont pas en reste. Habitués à regarder les mouches voler dans l’attente d’un hypothétique client, c’est, aujourd’hui, la mine renfrognée qu’ils somment les ménagères de se mettre en ordre pour être servies. Ainsi donc, le Magal, ce n’est pas qu’à Touba.
A signaler que Louga qui a vu passer l’essentiel des dignitaires religieux dont le Sénégal se glorifie abrite deux localités clés du mouridisme. Il s’agit, d’abord, de Darou Mousty. De son nom authentique Darou Mouhty, cette cité est une ville religieuse mouride située à 28 km de Touba. Dans la région de Louga, c’est la deuxième ville la plus peuplée après le chef-lieu de la région du même nom. C’est aussi le chef-lieu de l’arrondissement de Darou Mousty. Il s’agit, ensuite, de Mbacké Bari, une localité religieuse nichée sur la route Touba-Dahra et administrativement rattachée au département de Linguère. Ce grand foyer religieux marque le point de départ d’exil du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. C’était le 10 août 1895.
Ibrahima ANNE (Walf Quotidien)