Plus d’un mois depuis que de graves accusations sont portées contre lui. Mais, le Directeur des domaines, Mamadou Mamour Diallo s’est emmuré dans un silence troublant.
Il avait agité une plainte contre le leader de Pastef qui avait formulé ces lourdes charges, mais jusqu’ici il n’en est rien. Ainsi, s’il a réussi à calmer l’indignation médiatique quelque temps avec ce grand coup de bluff qui a réussi, l’opinion est loin de lâcher le morceau. Et il risque d’être encombrant pour le système en perspective de la présidentielle.
Des scandales commencent à émerger. Et les «domaines» semblent être le terrain de prédilection des sbires de Macky Sall. Après le ministre Mame Mbaye Niang «mouillé» à tort ou à raison dans le scandale de 29 milliards de francs Cfa du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), c’est autour du Directeur des domaines, Mamadou Mamour Diallo, de se voir impliquer dans un autre de 94 milliards de francs Cfa dans une affaire foncière. Nos oreilles continuent de bourdonner depuis que le député candidat à la prochaine élection présidentielle Ousmane Sonko a déclenché cette nouvelle bombe dont les déflagrations troublent bien des sommeils dans le système de Macky Sall sur ces terres très controversées de Bertin. Pis, le principal concerné, Mamour Diallo, s’est jusqu’ici emmuré dans un silence assourdissant face à de si graves accusations d’un politique qui n’a pas jusqu’ici fait douter de ses propos.
Muet comme une carpe, le politicien de Louga a brandi une plainte depuis lors contre le leader de Pastef/Les Patriotes et la presse comme un épouvantail. Un mois après son annonce, l’état-major de Pastef, contacté par WalfQuotidien, dit ne pas encore en voir la couleur. Une plainte qui risque de le mener sur un terrain glissant. Et son camarade de parti à Louga à qui il dispute cette base électorale, Moustapha Diop doit sans doute rire sous cape. En effet, s’il n’avait rien à se reprocher dans d’aussi graves accusations, la logique lui commanderait d’ester en justice sans attendre et non de voir accuser, comme savent si bien le faire les répondeurs automatiques du «Château» l’autre de «populisme».
Ce mutisme du directeur des domaines est troublant et tend à être coupable, tellement les faits sont graves puisqu’ils concerneraient un pactole 50 fois plus important que le montant qui vaut à l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, son séjour à l’hôtel zéro étoile, lui qui est poursuivi pour 1,8 milliard de francs Cfa.
En outre, ce silence assourdissant du leader du mouvement «Dolly Macky» à Louga pousse certains à se demander, dans l’opinion, si Ousmane Sonko n’avait finalement pas raison, lui par qui le scandale sur le non paiement de l’impôt par l’Assemblée nationale a éclaté au grand jour. Car, voir un haut fonctionnaire de l’Etat accusé publiquement, sans preuve, cela n’arrive pas tous les jours. «Accusé, défendez-vous !», serait-on tenté de dire dans ce contexte où tout le pays attend sa réponse pendant que d’autres se demandent pourquoi le procureur ne s’est pas autosaisie.
D’un autre côté, dans la ligne de mire du pouvoir, l’accusateur sait qu’il doit disposer d’éléments probants pour ne pas commettre la faute de trop. Parce qu’avec ce système, qui a déjà cassé plusieurs opposants (fautifs ?), M. Sonko doit savoir ce qu’il risque en chargeant aussi gravement un commis de l’Etat sans fondement. Même s’il était un «homme du système» pour ne pas dire du «sérail» en tant qu’ancien de la même régie financière de Mamour Diallo, les Impôts et Domaines.
De son côté, le chef de l’Apr, Macky Sall, sait qu’avec le palmarès de certains de ses hommes, il y aura beaucoup de coups à prendre durant la campagne électorale à venir. Avec ces «affaires», son pouvoir pourrait être perçu comme un refuge de délinquants financiers, surtout après les accusations au Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Mais, il a une bonne occasion de montrer à l’opinion que sa farouche volonté de lutter contre la corruption, comme dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, n’est pas seulement destinée à son opposition après le feuilleton de la Cour de répression de l’enrichissement illicite dont le seul client se la coule douce dans les lambris dorés des palais qataris où il se permet des selfies avec ses visiteurs triés sur le volet. «L’ofnac, c’est pour nous», avait averti Macky Sall face à ses troupes après la mise en place de cet organe de lutte la corruption. Mais, à l’arrivée, de nombreux manquements opérés par ses gestionnaires sont «mis sous le coude».
Seyni DIOP