Denrées stratégiques, le riz et le sucre sont presque introuvables sur le marché. Du coup, la pénurie impacte sur le quotidien des ménages qui éprouvent d’énormes difficultés à s’en procurer. Et selon les commerçants, c’est parce que l’Etat veut leur imposer le riz local, en souffrance dans les périmètres rizicoles de la vallée du fleuve Sénégal. Au marché de Gueule Tapée des Parcelles Assainies, très fréquenté par les ménagères, le riz et sucre est presqu’invisibles chez les grossistes et détaillants. «Depuis plus de deux semaines, je n’arrive pas à trouver un fournisseur en riz parfumé et local. De même pour le sucre. Les clients font la navette chaque jour pour voir si les deux denrées sont disponibles, mais ils rebroussent chemin sans satisfaction. Et ce n’est pas de ma faute car ma priorité est d’avoir tous les produits sur place», indique Abdou Fall le gérant d’un magasin de produits alimentaires. Plus loin, Gora Diop, un autre grossiste, informe que ces deux denrées sont rares mais par chance, il lui reste encore un stock. «Le riz et le sucre sont difficiles à trouver sur le marché. Mais j’ai un stock de riz local dont les prix des sacs varient entre 12 et 15 mille franc Cfa. Mais celui de 15 mille francs a plus de qualité. J’ai aussi un carton de sucre en morceaux que j’ai écoulé aujourd’hui à 5 000 francs», a-t-il dit. Avant d’ajouter : «C’est le gouvernement qui a pris la mesure de geler les importations de riz pour imposer le production locale aux populations. C’est la seule explication de cette pénurie».
Mme Ndiaye, venue pour s’approvisionner en riz, n’a pas encore trouvé un kilogramme sur place. «Je n’aime pas le riz local. Je l’achète pour ma maman qui est diabétique car le riz parfumé contient beaucoup de sucre d’après les médecins. Mais le riz local n’est pas facile à cuisiner. En plus, ce n’est pas bon pour le riz aux poissons car il consomme beaucoup d’eau et d’huile. Cette situation est très difficile pour les populations, surtout à l’approche du Magal de Touba, période de grande consommation. Si l’Etat veut nous l’imposer, il faut qu’il revoit sa qualité», se plaigne-t-elle d’un air énervé.
Au marché de Castors, le constat est le même. Doudou Tall, un détaillant trouvé à l’intérieur de sa boutique, pense que cette pénurie est générale. C’est au niveau de tous les détaillants et grossistes. «Ici, les clients habitués au riz parfumé me le réclament sans cesse. Et on n’en trouve même pas au niveau de nos grossistes. C’est juste de la politique déguisée. L’Etat veut imposer aux populations le riz local. Mais cela ne sera pas facile car les clients ne l’apprécient pas. Et nous commerçants, payons les pots-cassés», lance-t-il. Selon un fournisseur en riz local trouvé en chemin, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat, le riz local est disponible en différentes variétés. Toutefois les consommateurs sont loin d’être convaincus de la qualité de ce riz local et ils veulent que le riz parfumé revienne car, selon eux, le choix leur revient.
Les tensions sur ces denrées stratégiques ont poussé certains à spéculer sur leurs prix. Ainsi, révèle un consommateur, le sac de riz qui s’échanger contre 16 mille francs est maintenant vendu à 19 500 francs. Et l’Etat se montre incapable de prendre des mesures pour soulager les populations.
Adja Mariama BADJI
(Stagiaire)