Si les Sénégalaises peinent à faire du mafé, c’est en grande partie de la faute des Chinois. Avec 345 000 tonnes d’arachide importées en moyenne par an, l’empire du milieu ne laisse plus que des coques aux Sénégalais.
La mainmise de la Chine sur ce secteur n’est que l’arbre qui cache la forêt. Spécialiste en intelligence économique, Dr Daouda MBENGUE, présent, avant-hier, à une conférence sur les rapports entre la Chine et l’Afrique, initiée par le CODESRIA (Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique), est longuement revenu sur la présence chinoise au Sénégal et en Afrique de manière générale.
- MBENGUE part de la subite intervention de la Chine dans la chaîne arachidière sénégalaise. Dans son analyse des scenarii possibles, «la Chine peut acheter toute la production arachidière avec l’objectif caché de détruire l’industrie de transformation de l’arachide. C’était très bizarre sur le plan économique que l’on double subitement le prix d’une matière première d’une année à l’autre», fait-il remarquer. A l’en croire, cet achat profitable au Sénégal pouvait bien cacher un dessein qui est la mise à genou du secteur de la transformation arachidière sénégalaise.
Très dubitatif sur les tenants de cette convoitise soudaine de l’arachide sénégalaise, il craint pour les autres secteurs. C’est la raison pour laquelle, il est pour la mise en place d’une cellule de veille stratégique pour scruter l’écosystème des affaires. Car, d’après M. MBENGUE, il y a de quoi redouter la Chine qui, selon lui, a arraché l’industrie du bois gabonais qui était entre les mains des Français.
A son avis, les actions de la Chine s’inscrivent dans le cadre d’une guerre économique. En cela, il souligne que l’Empire du Milieu doit être considéré comme un partenaire. Il rappelle que De Gaulle disait que les Etats n’ont pas des amis mais des intérêts. Ainsi, dit-il, le Sénégal doit être conscient de cela.
La thèse de la souveraineté des Etats dans la coopération avec la Chine ne semble pas égayer M. MBENGUE qui estime que cela signifie que la Chine n’interfère pas dans les affaires politiques. Un désintérêt qui n’est pas pour autant économique. A en croire M. MBENGUE, les Chinois sont installés au Congo, pays où les populations se disent exploitées dans les industries chinoises. Ce qui commence à être le cas chez certains travailleurs sénégalais.
Dr Cheikhou Omar BA de l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar) considère la coopération sino-africaine comme un couteau à double tranchant. Il salue la coopération comme une alternative pour l’Afrique mais souligne que la Chine refuse de transférer les technologies. A l’en croire, ils viennent, font des infrastructures et gardent la mainmise pour qu’ils soient toujours indispensables. C’est une limite dans la coopération avec la Chine, dit-il.
La rencontre entre une Chine unie et une Afrique morcelée est aussi décriée. A en croire M. Ba, 54 Etats ne peuvent pas aller négocier avec une Chine unie. «Ce n’est pas équilibré», dit-il.
WALF