Le président bissau-guinéen José Mario Vaz a annoncé lundi la démission du gouvernement dirigé depuis juin par le Premier ministre Baciro Dja afin de former une nouvelle équipe, conformément à un accord signé il y a un mois pour sortir le pays d’une longue crise politique.
“La mise en place de l’accord de Conakry entraîne la démission du gouvernement”, a affirmé M. Vaz dans une déclaration à la Nation faite devant la presse au palais présidentiel.
“Cet accord ne prévoit pas le choix d’un Premier ministre à l’unanimité, mais par consensus, et ce consensus n’a pas été atteint”, a-t-il ajouté, se déclarant par conséquent tenu de “démettre le gouvernement et nommer un nouveau Premier ministre qui aura la charge de former un gouvernement inclusif pour sortir le pays de la crise”.
Aucun délai n’a été fixé pour cette nomination, une source à la présidence indiquant simplement qu’elle interviendrait “dans les prochaines heures”.
Cette annonce fait suite à la visite début novembre d’une mission de médiation régionale conduite par la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf pour presser les protagonistes de la crise d’appliquer l’accord qu’ils ont conclu le 14 octobre à Conakry sous l’égide du président guinéen Alpha Condé.
“Le président (Vaz) a pris la décision historique de nommer le plus rapidement possible un Premier ministre sur la liste des trois noms proposés à Conakry”, avait affirmé le 5 novembre le président de la Commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) Marcel Alain de Souza.
La Guinée-Bissau traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015 par le président Vaz de son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), auquel tous deux appartiennent.
Le PAIGC contestait la désignation de Baciro Dja. Ses députés refusent de siéger, empêchant le Parlement de fonctionner.
L’accord de Conakry n’a pas réglé le point essentiel du choix d’un Premier ministre mais énoncé le principe d’une “procédure consensuelle” pour choisir une personnalité “ayant la confiance du président” devant rester en place jusqu’aux élections législatives de 2018.
Selon la Constitution, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire.
Or, le PAIGC ayant perdu sa majorité absolue de 57 sièges sur 102 à la suite de la fronde de 15 députés, M. Vaz veut s’appuyer sur une majorité alternative, constituée des 41 députés du Parti de la rénovation sociale (PRS, opposition), et des 15 frondeurs.
AFP