Chapitre premier : La délivrance
Malick : escapade
Couché de côté sur le lit, je regarde Aicha dormir paisiblement, bien recroquevillée sur elle-même. Même endormie, elle se protège de moi. Dire que nous étions à deux doigts de le faire… J’ai perdu mon sang froid quand j’ai enlevé son t-shirt, ou devrais – je dire mon t-shirt. Aicha à un corps de rêve, tout ce qu’il faut à la place qu’il faut. La beauté de son corps conjuguée à l’éclat de son teint m’a fait disjoncter. Sa panique a repris le dessus quand elle a vu mon…, vous savez quoi. Ish, j’aurai dû éteindre la lumière stupide que je suis. Elle tremblait et pleurait tellement que j’ai compris que s’était mort. Pour ne pas l’effrayer plus qu’elle ne l’était déjà, je suis allé mettre mon pyjama, tendu comme un arc et excessivement frustré. C’est la première fois que je suis en face d’une telle situation. Quand je suis revenu au lit, j’ai dû lui jurer sur le Coran que je ne la toucherais pas pour qu’elle arrête de trembler et de pleurer. J’étais dépassé.
Même si cet homme a été son mari, ce qu’il a fait à Aicha c’est du viol dans le vrai sens du mot. Il l’a détruite psychologiquement et physiquement et comme arme de défense, elle l’a enfoui au plus profond d’elle-même. Aujourd’hui, le fait qu’elle soit en face d’un autre homme a tout réveillé d’un coup. Comment l’aider ? J’ai attendu qu’elle s’endort pour me lancer dans une recherche sur Google. Heureusement que j’avais amené mon ordi. J’ai lu des articles jusqu’à deux heures et quelque du matin.
La première chose que j’ai retenu, c’est qu’il fallait que je m’arme de patience. Dans un des articles que j’ai lu on me dit que sa panique face à un partenaire est inévitable. C’est incontrôlable, c’est bien le propre de la mémoire traumatique : de l’émotion brute, non digérée, qui saute à la gorge au moment où l’on s’y attend le moins. Contrairement à la mémoire autobiographique, que l’on convoque quand on le souhaite et que l’on sait mettre en mots. Muriel Salmona affirme que : « Le viol provoque une terreur telle, que le cerveau disjoncte. Sur le moment, on est en état de sidération : paralysé psychiquement, anesthésié émotionnellement. L’esprit semble se dissocier du corps : on est comme spectateur de l’événement. C’est la condition sine qua non pour survivre à l’insupportable. En réalité, les émotions sont stockées à l’état brut à l’intérieur de soi. Cette mémoire fonctionne ensuite comme une bombe à retardement : le moindre détail qui rappelle le viol, même inconsciemment, la réactive, et fait revivre le viol à l’identique. La vie tout entière devient un terrain miné. »
Deuxièmement en parler est le mot clé. Car seule la parole permet de désamorcer la mémoire traumatique et remettre du sens au non – sens. Elle n’a jamais dû se confier à quelqu’un, parler de ce qu’elle a éprouvé et ressenti, que ce n’était pas de sa faute et que c’était lui le coupable. C’est seulement en ayant le courage d’en parler qu’elle arrivera peut – être à tourner cette page. Et pour cela il faut que je double de tendresse, d’affection et surtout d’écoute envers elle. Ensuite je vais la draguer, la charmer, l’émoustiller petit à petit, lui faire découvrir et aimer son corps. C’est seulement en ayant acquis une confiance totale en moi qu’elle pourra se laisser aller. Peut – être que dans une semaine tout au plus, elle accepterait enfin d’être mienne. Pour l’instant, il faut que je sorte mon artillerie de romantisme. Je vais tout déballer et advienne que pourra. Que Dieu me donne la force de résister parce que ce sera vraiment dur d’être dans le même lit qu’elle et de ne pouvoir rien faire.
Je regarde ma montre, il est presque quatre heures du matin, mes yeux commencent à se fermer. Je m’approche d’elle, glisse une main sur elle et la prend confortablement dans mes bras. Elle tressaille et ouvre les yeux.
- Rendors-toi bébé, je veux juste te tenir dans mes bras. Je t’aime. Elle m’observe avec ses yeux de biche avant de me sourire et de se recroqueviller encore plus contre moi. Mon cœur se remplit de joie mêlée à de la tristesse. Avant de fermer les yeux, je me promets de tout faire pour la rendre heureuse. C’est tout ce qui compte pour moi en ce moment.
Aicha : communion
Cela fait une heure que je suis réveillée et monsieur dort toujours. Depuis, je suis là, assise sur un fauteuil, les jambes relevées, à observer chaque trait de son visage, sa respiration, son corps à moitié couvert… Il est si beau mon mari, j’ai envie de l’embrasser, de glisser mes mains sur… Stop crie la voix de la raison. Il ne faut pas le chercher pour après venir pleurer ici quand il voudra plus HAN. Je repense à hier et un sentiment de honte et de culpabilité me ronge. Pourtant c’était si bien parti, j’en avais envie, des sensations bizarres ont commencé à envahir mon corps, m’obligeant à onduler de gauche à droite. Au moment où je m’y attends le moins, des flashes sur ma nuit de noce et les autres nuits ont commencé à surgir de je ne sais où. Je n’ai rien compris mais cela m’a glacé d’un coup et au moment où je le poussais pour m’assoir je l’ai vu, son truc. Mon cœur a failli sortir de ma poitrine. Même là, rien qu’à y penser, il reprend à battre très fort. Ce n’est pas comparable à celui du maire et le gars veut mettre ça où ? Jamais, c’est sûr que je vais mourir direct.
Malgré cela Malick a été d’une gentillesse remarquable. Franchement je ne pensais pas qu’un homme pouvait être si compréhensif et d’une douceur si raffinée.
Ce que je ne comprenais pas c’est pourquoi ces douloureux souvenirs sont revenus. Aussi, comment pouvais – je le désirer si fort et une minute après me mettre à paniquer de cette manière. Je n’ai pas le droit de le priver de moi. Je promets de trouver en moi assez de force pour me donner à lui ce soir. Si ma mère apprend que je fais des caprices, elle va m’étriper.
- Salut ; je sursaute et lève les yeux vers cette voix grave encore ensommeillée. Malick me regarde intensément. A quoi tu penses continue-t-il. Je baisse les yeux,
- Excuse-moi pour hier, j’ai vraiment honte de ce qui s’est passé.
- Y ‘a pas lieu d’avoir honte bébé. J’adore quand il m’appelle comme ça. Certes j’en avais très envie mais tu n’étais pas prête.
- Je sais que tu es déçu mais je serais prête ce soir dis-je avec peu de conviction. Il sourit et se relève.
- On a toute notre vie Aicha et je ne suis pas déçu, au contraire, répond- il. Aller, va prendre ton bain, le temps que j’appelle la réception pour notre petit déjeuner et que je lance quelques coups de fil. Je m’exécute sans rien dire, le moral était au plus bas malgré ses mots.
L’odeur du gel de douche me met du baume au cœur, un mélange de fruits et de parfums exquis. Je laisse couler l’eau sur moi tout en essayant toujours de me trouver une réponse à ce qui s’est passé. Oublierais-je un jour ce que cet homme m’a fait. Je dis aimer Malick et je ne suis même pas capable de lui donner ce qu’il veut. Une larme coule sur ma joue, une autre s’en suit. Je ne veux pas pleurer mais mon cœur est rempli d’amertume, de déception face à mon incapacité de lutter contre mes démons. J’essuie rapidement une autre larme avant de prendre un grand air. Si Malick constate que j’ai pleuré, il va encore être plus déçu. Il faut que je lui donne ce qui lui appartient. Cinq minutes plus tard, je sors de la douche avec une serviette courte et qui couvre à peine mon corps. Malick est au téléphone et il arrête de parler quand il me voit. Je lui fais un sourire charmeur, il me lance un bisou volé que j’attrape en sautant, ce qui le fait éclater de rire. Il prend congé rapidement de son interlocuteur avant de me regarder suavement. J’adore sa façon à la fois prédatrice et douce qu’il a à me regarder. Je marche en dandinant les hanches et le cœur battant. Devant lui, je me mets sur la pointe des pieds et l’embrasse tendrement. Ma serviette se détache et tombe, ce qui le fait frissonner. Il recule d’un pas me regardant intensément.
- Tu n’es pas prête Aicha. S’il te plait ne précipite pas les choses pour me faire plaisir. On le fera le moment venu. D’accord ? On sonne à la porte, surement le petit déjeuner. Malick ramasse ma serviette et me l’attache avant d’aller ouvrir. Moi je me dépêche de me cacher dans la douche me rappelant d’un coup que je n’avais rien à me mettre. Une minute plus tard, il s’écrie.
- La voie est libre madame la pudique. Je sors en faisant une moue et vois qu’il tient une jolie robe bleue ciel évasé.
- C’est Suzanne qui vient de la déposer à la réception. Je lui avais laissé un message hier avant de dormir. Elle dit que c’est son cadeau de mariage.
- C’est très joli, je l’appelle tout à l’heure.
- Habille-toi, je file prendre un bain avant que le petit-déj n’arrive.
Nous avons quitté l’hôtel vers onze heures, direction les boutiques de Dakar. Un vrai moment de bonheur.
- Ha les femmes avec leur amour du shoping, lance Malick en me taquinant à notre retour. C’est vrai que depuis deux heures, on ne voyait que mes trente-deux dents. La gentille et la générosité de Malick me surprenaient au plus haut point. Nous avons passé le reste de la journée dans une ambiance bon enfant. Il me faisait rire comme une gamine de dix ans. L’après-midi, nous sommes passés au bureau, il voulait régler quelque détails avec son collègue à qui il avait donné ses dossiers les plus urgents. Pendant tout le temps qu’il a été avec lui, Suzanne a failli me tuer avec ses questions embarrassantes. Même si je l’avais fait, je ne lui aurais rien dit et puis quoi encore. Quand Malick est revenu, j’ai presque sauté sur lui provoquant le rire général.
Nous sommes retournés à l’hôtel pour nous changer et direction l’un des plus romantiques restaurant de la ville, me dit Malick. Les délices de la vie qui se trouvent dans un coin très calme au Point E où le décor te renvoie au mélange bleu orangé du coucher du soleil. Pratiquement tout est en verre céramique ou le reflet des lustres cristallins scintille un peu partout dans la salle. Un endroit juste paradisiaque. Nous avons passé un moment plein de tendresse et j’ai découvert un homme hyper doux, sensible à mes moindres désirs et répondant à toutes mes envies. J’avais l’impression d’être le centre du monde. Plus j’étais avec lui, plus je me sentais voler des ailes. Le paradis existe sur terre, qui l’aurait cru. Sur le chemin du retour, je me blottis dans ses bras devenus mon havre de paix. J’adore l’odeur de son parfum mélangée à son odeur naturelle, à la fois musquée et virile.
Dans la chambre, je me dépêche d’aller prendre une douche. Décidée plus que jamais à le récompenser de la merveilleuse journée qu’il vient de me faire passer. A mon retour, je surprends sa conversation téléphonique avec Abi.
- Ecoute Abi, je refuse de parler avec toi tant que tu es dans cet état sinon on risque de se dire des choses qu’on pourrait regretter après. Fais-moi signe quand tu te seras calmée et il raccroche énervé. Oups ! Quand il me voit, son visage se radoucit et il dépose doucement son portable en prenant le soin de l’éteindre.
- Ne sois pas trop dur avec elle.
- Loin de moi cette idée ; mais il y a des limites à ne pas franchir.
- C’est sa manière à elle de te rendre la blessure que tu lui as causée. Alors comprend là et essaye…
- Elle m’a causé un jour une très grande blessure et je n’ai pas réagi comme elle le fait en ce moment. Je ne l’ai ni insulté, ni manqué de respect. Je lui ai juste dit que j’étais déçu et je suis passé à autre chose. Le respect est quelque chose de primordiale pour toute relation.
- C’était quoi ? Il fait une grimace et commence à se déstabiliser.
- C’est entre elle et moi, tu comprends. Je fais oui de la tête un peu déçu.
- Je croyais que l’on se disait tout.
- Oui mais là ce n’est pas la même chose. Est- ce que tu aimerais que je parle à Abi de ton passé avec ce salaud. Ses secrets à elle ne te concernent pas et vice versa.
- Tu as raison et je ne peux que les louer. Il me fait une bise et entre dans la douche. J’en profite pour faire ma dernière prière et à son retour il en fait de même. Malgré son côté très toubab, il ne néglige aucune de ses prières. Il m’a même rappelé celui de dix-sept heures aujourd’hui. Qui l’aurait cru. Je cours rapidement vers l’armoire pour me choisir une des tenues indécentes de ma mère. J’en essaye une que j’enlève rapidement, franchement c’est trop audacieuse pour moi. Je mets finalement la chemise de nuit longue de couloir rouge que j’ai achetée en faisant les courses ce matin.
Quand il finit, il fait semblant de ne pas me voir et va s’habiller rapidement avant de rejoindre le lit en tirant la couverture comme s’il voulait se protéger de quelque chose. Frustrée, je le rejoins mais ne m’avoue pas vaincue. Je m’approche de lui et m’assoie à califourchon, le faisant sourire.
- Il ne faut pas réveiller le diable qui dort.
- Pourquoi pas ? Il fait non de la tête en souriant toujours.
- Raconte-moi ce qui s’est passé avec cet homme. Je tressaille et le regarde les yeux grands ouverts. S’il te plaît ouvre-toi à moi, confie toi pour une fois et dis-moi toutes les atrocités qu’il t’a fait subir. Je tente de me lever et il me retient férocement par la taille.
- Je ne peux pas Malick, comment peux-tu me demander cela ?
- Je suis sûr que tu n’as jamais confié à quelqu’un ce qui s’est passé et c’est cela qui bloque toujours ton esprit et t’empêche d’avancer vraiment.
- Pourquoi tu dis ça, j’ai bien repris ma vie en main. Je ne me suis pas laissée morfondre au contraire, j’ai…
- Je sais tout cela Aicha et je t’en félicite vraiment, je dirais même que je suis fière de toi. Mais tu ne peux pas nier que ce qui s’est passé hier prouve nettement qu’il te reste des séquelles graves et…
- S’il te plait arrête, je ne veux pas continuer cette conversation. J’avais juste peur mais ce n’est rien. Là on peut le faire, je ne fuirais pas cette fois mon devoir de femme.
- Voilà le problème Aicha, tu prends cela comme un devoir envers ton mari et non comme un plaisir. Jamais je ne te toucherais sachant quel tourment te cause le fait de faire l’amour. Cela ne doit pas être une contrainte. Je dois te procurer du plaisir autant que toi tu m’en procures.
- Je ne pourrais jamais éprouver du plaisir.
- Oh que si Aicha, tu n’as aucune idée à quel point c’est bon de faire l’amour.
- Je n’y crois pas, il n’y a que les hommes qui ressentent cela.
- Les hommes cons et égoïstes oui ou tout simplement ignorant du fait que quand la femme éprouve du plaisir c’est cent fois meilleur.
- Ah bon demandais – je curieuse. Il me pince le nez
- Oui ma chérie, je suis le genre d’homme qui peut procurer trois fois l’orgasme à une femme en lui faisant l’amour, répond- t-il avec son regard excitant.
- Qu’est-ce que tu attends alors.
- Je veux d’abord savoir ce qui t’a glacée hier jusqu’à provoquer une telle panique.
- Chititite Malick, s’il te plaît essayons ce que tu me dis là.
- On peut essayer mais tu vas encore fuir en plein milieu et c’est moi qui vais en partir. Tu me dis ce qui s’est passé et après on verra.
- C’était juste un flash, dis-je en boudant.
- Quel genre de flash, insiste-t-il d’un ton sérieux. Je recule un peu.
- Tu ne blagues pas dé. Il fait non de la tête et croise les bras. D’accord. Je me tais un bon moment et dis à voix basse. J’ai vu les moments où il m’a prise de force, la douleur… Ma voix se casse.
- Il t’a fait mal.
- Oui, je me suis même évanouie les premières fois avant la fin. Il me caresse les bras.
- Continue, dis-moi ce que tu as ressentis quand tu t’es réveillée, quand il a repris. Décris-moi toute la douleur et le sentiment que tu avais durant cette période. Je veux savoir. Je regarde Malick pendant une bonne minute, le visage aussi sérieux qu’une statue. Je compris que si je ne lui disais pas, il n’accepterait jamais de faire quoi que ce soit avec moi. Alors je me mis à parler. De la souffrance d’abord physique ensuite morale. Du fait que j’ai à plusieurs reprises pensé à me suicider, quitter ce monde injuste où je n’étais que l’objet sexuel d’un pervers. Ensuite le sentiment de dégout envers ce corps qui provoque autant de désir chez les hommes. Je lui ai dit toutes les fois où je priais pour qu’il finisse cette fois plus rapidement. Les fois où j’ai pris des cachets pour dormir. J’ai parlé des punitions, des gifles, des cravaches…Je parlais et parlais sans pouvoir m’arrêter. Plus j’avançais, plus je pleurais. A la fin, je n’arrivais même plus à respirer tellement cela faisait mal.
- Respire bébé, respire, dit Malick en relevant ma tête et en prenant un grand air m’incitant à le faire. Je l’imite sans vraiment y arriver, je le déteste de m’avoir fait revivre tout cela. C’est fini maintenant, plus jamais personne ne te feras de mal car je suis là, reprend – t- il. J’étais toujours à califourchon sur lui et je voulais me lever, encore. Mais comme la première fois, il me retient fermement par la taille. Laisse-moi, hurlais – je encore plus en colère en le poussant violement. Mais il continuait à me tenir et resserrait même son étreinte. Alors je le gifle violement et cours pour m’enfermer dans la douche où je pleurs en criant très fort. La douleur comprime mon cœur comme la première fois. Je ne sais pas combien de temps je suis restée assise sur le sol mais j’ai fini par me coucher sur le carrelage. Le sommeil a commencé à me prendre quand j’ai entendu toquer à la porte.
- S’il te plaît Aicha, ouvre moi. Pardonne-moi de t’avoir fait revivre cette horreur mais il le fallait. Laisse-moi partager ta souffrance. Ensemble nous pourrons tout vaincre. Mon amour pour toi va au-delà de la pensée humaine, je suis prêt à tout pour toi Aicha. S’il te plait ouvre, ne me laisse pas, finit- il des sanglots dans la voix. Je me lève précipitamment et ouvre la porte. C’est un visage en pleurs et complétement dévasté qui m’accueille. Je prends ma bouche de surprise.
- Pardon Malick, dis- je en me jetant dans ses bras. Il me soulève et me serre très fort comme s’il avait peur de me perdre. Je ne savais pas qu’un amour pouvait être aussi fort, c’est inexplicable pensais – je. Je t’aime tellement Malick, lui murmurais – je.
- Moi, encore plus. Nous nous couchons, l’un dans les bras de l’autre jusqu’à nous endormir.
Quand je me réveille, la chambre est toujours plongée dans le noir mais l’appel du muézin me fait savoir qu’on n’est pas loin du matin. Je tâte mon portable et vois 6h. Mes yeux commencent à s’habituer à l’obscurité et je glisse doucement du lit et va faire mes ablutions. Au moment où je replie ma natte de prière, je vois Malick s’assoir.
- Ma femme prie et moi je dors, ce n’est pas normal ça ;
- C’est juste une question d’habitude, je le fais depuis toute petite.
- Moi seulement quand je me réveille c’est-à-dire à 7 h. Dès fois j’attends d’être au bureau. Mais il est hors de question que madame prie et que moi je dors. Je suis le chef de famille, dit – il en se bondant la poitrine.
- Hihihi, oui c’est ça, sale macho. Bon, je vais aller prendre ma douche.
- Attend moi, on va le prendre ensemble.
- Aller viens, on va prendre le bain, poursuit- il en me tendant la main que je regarde sans bouger. Juste un bain Aicha. S’il te plait fais-moi confiance, dit-il avec sa moue de charmeur.
Dix minutes plus tard, nous entrons ensemble dans la douche. Malick se met en face de moi et commence à se déshabiller doucement. Pourquoi les hommes sont sans pudeur. Je baisse les yeux sans le faire exprès. Il s’approche de moi, relève ma tête et me donne une bise sensuelle dont il sait si bien le faire.
- Je veux que nos corps se découvrent, que tu y habitues petit à petit continue t’il en enlevant mon t-shirt. Je voudrais que tu connaisses mes zones érogènes, mes points faibles et vice versa. Il ouvre la chasse d’eau, la règle à la normale. J’en profite pour relever mes cheveux brésiliens avant de me glisser comme lui sous la douche en prenant un grand soin à ne pas regarder vers sa direction. Pourtant je sens son regard et je suis déjà morte de honte. Je ne sais pas ce qui me fait frissonner, l’eau qui coule tout au long de moi ou ce petit doigt qui trace une ligne verticale le long de mon dos. Il est juste derrière moi et je sens son souffle sur mon coup. Il tend la main au-dessus de moi, prend le gel douche et en met une quantité sur la paume de sa main.
- Tu as un corps magnifique Aicha, me susurre-t-il à l’oreille en enduisant le gel sur mon corps de façon tellement lente que la pointe de mes seins a commencé à durcir. Il me retourne doucement et continue de me flatter, de décrire la courbe de mes hanches, le volume de ma poitrine, l’éclat de mes yeux quand le désir monte, la douceur de ma peau. Plus il parlait, plus je me sentais femme, plus j’avais l’impression d’être la plus belle au monde. Ça me fait plaisir et m’émoustille en même temps. Mon souffle s’accélère, quand ses mains recouvrent ma poitrine et que ses doigts pincent subtilement les pointes avant de descendre sur mon ventre. La chaleur monte sans que je ne puisse l’arrêter. Quand il me plaque sur lui et que je sens toute son excitation, direct un flash du maire en train de me prendre est revenu. J’ai sursauté et me suis crispée direct. Il a surement dû le ressentir car il a arrêté de me caresser et m’a retourné. Je n’osais le regarder, j’avais encore honte.
- Tu sais ce qu’on va faire aujourd’hui, dit –il en relevant ma tête le sourire aux lèvres. Je fais non de la tête. On va visiter des appartements et acheter des meubles pour notre nouveau chez nous. Là je souris. Où aimerais-tu habiter ? Mes lèvres s’étirent encore plus et mon esprit commence à aller à cent à l’heure. Je le vois reprendre du gel.
- Je ne sais pas trop hum…
- Donne-moi les lieux qui te viennent à l’esprit
- Sacré-Cœur, Mermoz, point E, Fann résidence, non tu habites déjà là-bas, Hanne Mariste, hum… Qu’est-ce qu’il fait ce mec ?
- Tu ne veux pas habiter en ville, il y ‘a de belles maisons derrière le palais en face de la mer.
- Ah bon, je ne savais pas, soufflais – je, ses caresses sont trop exquis.
- Tu connais Lagon ? Je fais non de la tête. Ah bon, on dort ce soir là-bas alors, c’est magnifique comme ça on pourra visiter les alentours.
- Ok mais je ne veux pas de maison, juste un appartement.
- Comme tu voudras mon amour. Combien de chambres à peu près ?
- Deux, trois au maximum.
- Décrie-moi l’appartement de tes rêves en fermant les yeux. Je m’exécute et commence à dire ce que j’aimerais. Je sens ses mains en bas mais je me focalise sur l’appartement. Il me demande comment je voudrais le décorer et là je me laisse aller en parlant du genre de meuble… Pourquoi j’ondule des hanches et que mon pouls s’accélère autant et que ah….
- Et les meubles du salon ? Tu veux du cuir, du bois massif ? Quoi ?
- Je ne sais pas, on verra sur place…il introduit un doigt en moi.
- Continue, m’ordonne-t-il d’une voix grave. Je reprends difficilement la parole, je ne reconnais même pas ma voix et à chaque fois que je m’arrête, il me pose une autre question. Je ne me suis même pas rendue compte que j’avais enroulé mes mains autour de son coup. Mes mouvements s’accélèrent et je me surprends à aller à l’encontre de ce qui éveille autant de sensation.
- Quelle couleur ? Il arrête de bouger, j’ouvre les yeux, son regard est moqueur ?
- Je m’en fous, n’arrête pas. Il s’exécute en me plaquant sur le carrelage du mur et en prenant cette fois ma bouche. Les sensations augmentent, c’est trop bon. Je me sens décollée, mon corps vibre, il est à deux doigts. Tout devient flou, je décolle. La jouissance arrive comme un séisme, traversant une ville et dévastant tout mon corps de spasmes et de tremblements qui finissent par me faire crier. C’est là qu’il est entré en moi d’un seul coup. J’ai ouvert grandement les yeux, son visage était déformé par le désir.
- Quel genre de cuisine veux – tu ? Sa voix tremble, ses yeux ont viré au marron sombre, sa lèvre est plus rose. Il ne bouge pas, encore une fois il attend mon avale. Je me sens empli mais je n’ai pas mal. Répond-moi, continue-t-il. Je comprends par-là que si je réponds, c’est une manière de lui demander de continuer.
- Je ne sais pas, à la fois moderne et ancien. Il commence à bouger doucement.
- Soit plus explicite, dit- il au bord de mes lèvres, le souffle saccadé. Je sens le plaisir remonter en moi.
- Je veux une cuisinière comme dans les films. Il ricane et ferme les yeux en se mordant la lèvre tout en continuant de bouger doucement. Je veux aussi un fourneau. Il me prend la bouche, ses mains s’agrippent sur mes hanches et ses boutoirs deviennent plus intenses.
- Continue ah,
- Non c’est ton tour, le taquinais-je.
- Je….ne…. peux….pas ah….
- Pourquoi….
- Je… ne…. m’attendais pas…..à ça. Il va de plus en plus fort. Un mélange de douleur et d’excitation m’envahit.
- A quoi tu t’attendais bébé, murmurais – je de plus en plus excitée.
- Aicha… On dirait que… Il se tait et m’enlace très fort de ses bras en m’embrassant comme si sa vie en demandait. Cette fois, c’est lui qui vibre en moi, tremble comme une feuille et grogne en enfouissant sa tête sur mes cheveux détachés depuis je ne sais quand. Je ne sais pas pourquoi mais une sensation de bien-être m’envahit de tout mon être. J’éclate de rire, il en fait de même. C’est comme une délivrance.
- On dirait que quoi Malick. Il relève sa tête et me souris.
- Que tu es vierge, j’éclate encore de rire.
- Tu es fou.
- Non je te jure que c’est la première fois de ma vie que …Il se tait, car je me remets à bouger.
- Aicha….
- Hum, dis – je en fermant les yeux.
- Si je reprends le galop, tu vas….Je le fais taire avec un baiser tout en m’agrippant à ses puissants épaules. Je ne me reconnais pas. C’est trop bon. Aicha Ndiaye où es-tu ? Comme qui dit seul l’amour est capable de vaincre tous les obstacles.Par Madame Ndèye Marème DIOPChronique précédente, cliquez ICI