Chronique de Sidi
La naissance d’une histoire
Après le Prophète Shu’ayb, l’éloquent et les Madyanites, nous ouvrons un autre livre d’histoire, celui de Moussa. De tous les Prophètes de l’Islam, c’est Moussa qui revient le plus dans le Saint-Coran. Son nom revient 136 fois, son histoire est racontée à travers de nombreuses sourates et est, sans nul doute, la plus longue et la plus détaillée du Coran.
Moussa est le Prophète qui tient compagnie aux révolutionnaires. Celui qui inspire les conquérants. Descendant du Prophète Ibrahim, il est un des plus illustres continuateurs de son immense œuvre. Le Prophète Ibrahim, lors de son passage en Egypte, avait compris que parmi ses descendants certains allaient s’installer chez les Pharaons. Il comprit que son peuple allait, avec le temps, marquer d’une empreinte indélébile la terre égyptienne. Il sut que son peuple allait commencer par être dominé, martyrisé et maltraité. Mais, que plus tard, un de ses descendants allait briser les chaînes et libérer le peuple d’Israël de la domination et de l’esclavagisme. Avec le Prophète Youssuff, cette pensée du Prophète Ibrahim s’était matérialisée à moitié. Ce dernier n’était certes pas roi d’Egypte mais derrière le Pharaon, il avait grandement participé à faire de l’Egypte une grande puissance. Avec Moussa, ce que le Prophète Ibrahim conjecturait se réalisa.
Moussa est né dans un contexte assez particulier. Le puissant Pharaon avait fait du peuple d’Israël des esclaves qui n’existaient que pour servir. Marginalisés et considérés comme des sous-hommes, ils servaient dans les champs, les mines. Une nuit, le Pharaon fit un rêve. Il avait vu un feu venant de la Palestine qui ravageait tout sur son passage. Le feu qui avait décimé les coptes avait épargné le peuple d’Israël. Le Pharaon fit appel à ses conseillers et leur expliqua ce qu’il avait vu en rêve, tout en attendant un décryptage. Ces derniers lui indiquèrent que ce rêve signifiait qu’un messie venant de Jérusalem allait naitre en Egypte pour ensuite libérer le peuple d’Israël qui allait finir par régner. Le Pharaon décida alors qu’il fallait tuer tout nouveau-né de sexe masculin, pour que ce sauveur ne naisse jamais. «Pharaon était hautain sur terre; il répartit en clans ses habitants, afin d’abuser de la faiblesse de l’un d’eux: Il égorgeait leurs fils et laissait vivantes leurs femmes. Il était vraiment parmi les fauteurs de désordre» (Sourate 28 verset 4). Ainsi ordonné, tous les enfants de sexe masculin du peuple d’Israël qui voyaient le jour furent exécutés, sans autre forme de procès. A un moment, les conseillers du Pharaon revirent dire à leur roi que si les exécutions continuaient, il ne resterait plus que des femmes et des vieillards. Et pour la sauvegarde de l’empire égyptien qui ne disposerait plus d’esclaves pour ses grands travaux, il n’était pas recommandé de poursuivre cette pratique. Le Pharaon, obnubilé par son rêve, refusa de faire arrêter les tueries. Par contre, il décida qu’il fallait laisser une année d’intervalle entre les exécutions. Les nouveau-nés des fils d’Israël males dévaient être mis à mort une année sur deux. C’est ce qui permit à Aaron de voir le jour lors d’une année dite de grâce. La naissance de Moussa coïncida avec l’année d’exécution. Sa mère le cacha durant des jours et les nombreuses fouilles des soldats égyptiens ne permirent pas de le trouver. Dieu lui inspira de confier l’enfant au fleuve Nil. «Et Nous révélâmes à la mère de Moïse [ceci]: «Allaite-le. Et quand tu craindras pour lui, jette-le dans le flot. Et n’aie pas peur et ne t’attriste pas: Nous te le rendrons et ferons de lui un Messager» (Sourate 28 verset 7). La mère de Moussa décida alors de mettre son fils dans un panier qu’elle balança dans le fleuve. Et c’est au palais royal que le panier atterrit. «Les gens de Pharaon le recueillirent, pour qu’il leur soit un ennemi et une source d’affliction! Pharaon, Hāmān et leurs soldats étaient fautifs» (Sourate 28 verset 8). Face au Pharaon qui voulait faire exécuter l’enfant, son épouse s’interposa. Le couple n’avait pas d’enfant et la femme du Pharaon voyait en Moussa, le fils qu’ils n’avaient pas eu. «Et la femme de Pharaon dit: « (Cet enfant) réjouira mon œil et le tien! Ne le tuez pas. Il pourrait nous être utile ou le prendrons-nous pour enfant». Et ils ne pressentaient rien » (Sourate 28 verset 9). Le Pharaon décida alors de se soumettre à la volonté de son épouse. Moussa fut ainsi recueilli dans le palais royal. Mais, il y avait un problème. Moussa refusait de s’alimenter. Il n’acceptait de téter aucun sein. Il était question de trouver une femme dont le sein serait accepté par Moussa. Les recherches se multipliaient mais s’avéraient vaines. Un jour, une sœur de Moussa vit le convoi royal qui était toujours à la recherche de la femme en mesure de nourrir l’enfant. «Nous lui avions interdit auparavant (le sein) des nourrices. Elle (la sœur de Moïse) dit donc: «Voulez-vous que je vous indique les gens d’une maison qui s’en chargeront pour vous tout en étant bienveillants à son égard?» (Sourate 28 verset 12). La sœur de Moussa les mena directement chez sa mère. Moussa accepta son sein et celle-ci fut employée comme nourrice à la cour royale.
Le pari était risqué. A l’intérieur de leur Palais, le Pharaon et son épouse élevaient le libérateur annoncé. Comment Moussa allait-il pouvoir libérer son peuple ?
A lire chaque vendredi…
Par Sidi Lamine NIASS
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