Barthélemy Dias, le turbulent lieutenant de Khalifa Sall est condamné à canaliser sa fougue. Macky Sall vient de lui lancer un premier avertissement avec cette première comparution.
Il demande à être jugé pour en finir définitivement avec cette affaire Ndiaga Diouf qui lui colle à la peau. Pour ce faire, Barthelémy Dias, le député-maire socialiste de Mermoz-Sacré-Cœur affirme avoir renoncé à son immunité parlementaire. «J’ai renoncé moi-même à mon immunité parlementaire. J’ai adressé dans ce sens une correspondance au bureau de l’Assemblée nationale. Je souhaite être jugé», a-t-il dit, hier.
Mais, il est très peu probable que son vœu soit exaucé, du moins dans l’immédiat. La preuve, le juge a renvoyé le procès à une «date ultérieure». Dans une semaine, dans un mois ou même dans une année? Personne ne sait, sauf peut-être Macky Sall et ses stratèges politiques.
Pourtant, le juge qui a motivé l’envoi du procès par l’immunité parlementaire de Dias-fils ne pouvait pas ignorer que le député est protégé et ne peut pas être légalement jugé sans l’aval du bureau de l’Assemblée nationale. Pour dire que la suite judiciaire de cette affaire dépendra du bon vouloir du chef de file de l’Alliance pour la République (Apr) et de l’attitude de Dias-fils. L’unique obstacle à la tenue du procès étant le statut de député de Barthélémy Dias, Macky Sall qui a le contrôle total de l’Assemblée nationale peut, à tout moment, actionner «ses députés» pour la levée de l’immunité parlementaire du socialiste.
Ainsi, cette première comparution sonne plus comme un premier avertissement à l’endroit de Barthélémy Dias. Le pouvoir tient avec cette affaire une redoutable arme contre lui. Une épée de Damoclès que le pouvoir fait planer sur la tête du turbulent député socialiste pour calmer ses ardeurs.
Le président de la République qui a avoué avoir mis sous le coude beaucoup de dossiers, peut ainsi à tout moment lever le bras et ressortir le dossier. Dias fils est donc condamné. Il est condamné d’ici 2019 à être moins critique et moins virulent envers le chef de l’Etat et le secrétaire général du Ps, l’ennemi de son ami Khalifa Sall s’il ne veut pas que l’épée de Damoclès ne s’abatte sur sa tête. C’est comme si le pouvoir lui disait: «Tais-toi, laisse-nous tranquille et tu seras tranquille et libre !»
«Quatre ans plus tard, alors qu’il est en rupture avec la Coalition au pouvoir, la justice réactive l’affaire. Il est difficile de ne pas voir la main du Président Macky Sall, celui qui active certains dossiers et laisse d’autres dans les tiroirs, derrière ce soudain rebondissement de l’affaire Ndiaga Diouf, tout comme l’affaire Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre entré en dissidence, qui est en train de prendre une tournure inquiétante», fait remarquer Seydi Gassama, le Secrétaire Exécutif d’Amnesty international section Sénégal.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le dossier a été dépoussiéré cinq ans après les faits. Cette convocation est intervenue le jour même de la participation de Dias-fils à la manifestation de l’opposition le 14 octobre dernier.
Pour rappel, en 2011 Barthélémy Dias a été placé sous mandat de dépôt et emprisonné à Rebeuss pour le meurtre de Ndiaga Diouf. En 2012, à l’arrivée du Président Macky Sall au pouvoir, il est sorti de prison à la faveur d’une liberté provisoire. Une liberté qui dure cinq ans. En 2014, il est élu député sur la liste de la Coalition au pouvoir Benno Bokk Yaakaar.
Charles Gaïky DIENE (Walf Quotidien)