Chaude matinée à Thiaroye gare. Des affrontements entre policiers et commerçants, hier, au marché, se sont soldés par l’arrestation de huit personnes, dont le délégué dudit marché, Tahibou Mangane. Un blessé grave a été enregistré du côté des manifestants. Il répond au nom de Moussa Thiam. A l’origine de ces échauffourées, les commerçants refusent de payer les taxes municipales annuelles, parce que leurs doléances restent toujours en l’état. Celles-ci ont trait aux difficultés qui affectent leur marché, à savoir le «manque de blocs sanitaires», l’«insalubrité» et l’«état piteux de la route». Ils sont sortis en masse, hier, pour déplorer la fermeture des cantines de certains de leurs camarades qui ont refusé de s’acquitter des patentes. Ce qui n’a pas été sans conséquences car un policier, venu avec un agent de la mairie pour collecter ladite patente, a été éconduit par les commerçants.
Du coup, les limiers de Thiaroye, informés, se sont déployés sur les lieux, pour sommer les commerçants en mouvement d’humeur de se disperser. Les négociations entreprises par les deux camps ne vont pas aboutir puisque les forces de l’ordre vont procéder à l’interpellation de Mor Kane. Il s’en est suivi une colère des commerçants qui ne cessaient de scander «Babou Sène, dou gnou faye juti ak patente (Ndlr : Monsieur le maire Babou Sène, nous n’allons pas payer de taxes municipales journalières et les patentes». Par la suite, les flics ont sommé les commerçants de libérer la voie publique, pour ne pas obstruer la circulation. Hélas, le refus du camp d’en face va les pousser à utiliser des grenades lacrymogènes. Et c’est le début des échauffourées entre forces de l’ordre et manifestants qui ripostent par des jets de pierres. Et c’est le sauve-qui-peut car les forces de l’ordre ont tiré dans tous les sens, pour disperser la manifestation.
Boycott illimité des taxes municipales
Frustrés par l’arrestation de leurs camarades, les commerçants menacent de durcir le ton, si leurs camarades ne sont pas libérés. «Nous voulons que les gens arrêtés soient libérés puisqu’ils ne sont pas des bandits. Ce sont de braves travailleurs qu’on doit encourager. Ils ne doivent pas être humiliés de cette manière», a déploré Assane Ka, un délégué des commerçants. Et Ousmane Fall, un autre délégué de renchérir : «Nous demandons à ce que la Police libère nos camarades (…)». Position partagée par leur collègue Mamadou Demba Thiam : «C’est honteux ce qu’on a vu aujourd’hui. Je n’ai jamais vu dans ce marché un maire qui agresse ses administrés en fermant leurs boutiques avec des cadenas. Tous les commerçants de ce marché sont déçus puisque notre marché est sale et ce sont les commerçants qui s’organisent pour le balayer. Il est devenu un dépotoir sauvage d’ordures et n’a pas un système d’assainissement. Nous n’avons pas de toilettes pour un marché comme celui-ci». Un autre manifestant de solliciter l’intervention de l’Etat : «Nous demandons aux autorités de ce pays d’intervenir sur la situation grave que vit ce marché, à cause d’un maire qui a délégué ses pouvoirs à son secrétaire municipal qui se croit tout permis. Sinon, nous allons nous faire entendre car nous n’allons pas accepter d’être humiliés car c’est nous qui payons les agents de la mairie avec les recettes collectées dans ce marché». Ces commerçants qui ont décidé de surseoir au payement des taxes municipales et des patentes ont aussi demandé aux autorités étatiques de ne pas commettre l’erreur d’octroyer, à la municipalité de Thiaroye gare, le projet de recasement de certaines personnes impactées par le projet de réhabilitation du marché. Interrogé, le maire de Thiaroye gare, Babacar Séne, n’a pas préféré livrer sa version des faits, comme à l’accoutumée.
WALF