Le bilan officiel de la mutinerie de Rebeuss fait état d’un mort et 41 blessés. Mais d’autres chiffres contradictoires sont avancés, par plusieurs sources. Certificat d’expiration de peine à la main, Ibrahima Guèye alias «Iba», fraîchement libéré, conteste le bilan de l’Administration pénitentiaire. «Il y a eu deux morts : un dans la prison et un autre à l’hôpital Principal. Il y aurait un troisième, mais je ne peux être affirmatif à ce sujet», a-t-il confié à nos confrères de PresseAfrik. Il a aussi réfuté les allégations selon lesquelles les détenus ont tenté de s’évader. «Il n’y a jamais eu de tentative d’évasion. Tout est parti de la grève de la faim entamée jeudi dernier. J’étais présent lorsque l’inspecteur régional qui est le responsable des prisons à Dakar, et la directrice de Rebeuss faisait le point sur la grève. J’ai pris la parole pour poser nos revendications. Ils nous ont écoutés. Pour des détenus qui sont restés depuis jeudi sans s’alimenter, il ne peut pas y avoir de tentative d’évasion», rapporte la même source. Témoin de la scène, il revient sur les faits : «Je pouvais tout voir de la chambre 9 où je me trouvais au moment des faits. Les détenus de la chambre 3 sont sortis pour rejoindre la Cour, au moment où la grève suivait son cours. N’en pouvant plus des conditions, les détenus avaient décidé de se rassembler pour manifester».
Des détenus introuvables depuis mardi
Le récit des évènements continue : «Il y a deux morts. Un détenu a rendu l’âme dans la prison, un autre à l’hôpital Principal. L’un s’appelle Pape Makhtar qui ne faisait même pas partie des grévistes. L’autre, je ne connais pas son nom, mais c’est le frère d’un de nos codétenus qui a été libéré. Ce matin, avant que je ne sorte de prison, on m’a annoncé la mort de Fran. Il était en correctionnelle il y a tout juste trois mois. Mais je ne suis pas sûr. Je ne peux pas le confirmer. Mais il y a eu deux morts. Le chef de cour est venu se placer devant la porte pour leur dire qu’ils ne sortiraient pas. Les détenus sont ainsi sortis pour faire face aux gardes. Des gardes ont pris des détenus pour les tabasser. Ce que d’autres détenus n’ont pas voulu accepter, ils n’ont pas voulu accuser le coup, … Des gardes se sont mis à tirer avec de vraies balles….Bras levés, les détenus leur disaient qu’ils n’étaient pas en possession d’armes et qu’ils ne faisaient que manifester. En réponse, les gardes les ont insultés».
Par ailleurs, ce témoignage d’un garde pénitentiaire, qui s’est confié à nos confrères du journal Le Populaire, dans son édition d’hier, semble confirmer l’existence d’un bilan masqué de la mutinerie. Quelques passages des propos de l’agent anonyme : «Que l’on ne nous prenne pas pour des fous. Une personne ne peut pas se tuer toute seule. Il y a eu bel et bien mort d’homme. Maintenant, on ne peut pas donner des chiffres exacts. Ils ont tiré des balles à blanc. Beaucoup de balles ont été gardées par des détenus. Pour masquer la réalité, ils ont versé du sable sur le sang».
WALF