Impliquées dans de nombreuses réactions de l’organisme, les bactéries composant le microbiote intestinal sont particulièrement sensibles aux antibiotiques. Et selon une récente étude japonaise, ces changements bactériens pourraient avoir une influence sur l’efficacité des médicaments et l’apparition d’effets secondaires.
Composé de plusieurs milliards de bactéries, le microbiote intestinal , également connu en tant que “flore intestinale” a un rôle essentiel dans l’organisme puisqu’il influe sur les fonctions digestives, métaboliques, immunitaires et neurologiques. Sensible à de nombreux facteurs, il l’est surtout aux antibiotiques, qui, logiquement, perturbent sa composition.
Or, selon une récente étude de l’Université de Kumamoto (Japon), parue dans Molecular Pharmaceutics , il semblerait que les modifications causées par les antibiotiques pourraient avoir un effet direct sur la réponse aux médicaments, y compris dans l’apparition d’effets secondaires.
Une réduction conséquente de l’efficacité des antibiotiques
Pour étudier l’influence de la consommation d’antibiotique sur le microbiote, les chercheurs se sont focalisés sur l’étude de protéines du foie et du rein. Responsables du métabolisme et du transport de plusieurs types de médicaments, elles sont également sensibles aux variations du microbiote. Ainsi, elles constituent d’excellents marqueurs de l’efficacité d’un médicament.
Ainsi, grâce à une analyse protéomique, les scientifiques ont donc suivi les taux d’expression de plusieurs centaines de protéines hépatiques et rénales dans 3 groupes de souris : un groupe de souris nées sans microbiote intestinal (GF), un groupe ayant reçu des antibactériens pendant cinq jours consécutifs, et un groupe contrôle avec un microbiote normal.
Résultat, les taux d’expression de 825 protéines hépatiques et 357 protéines rénales étaient modifiés chez les souris GF par rapport aux souris contrôle. Chez les souris traitées par antibiotiques (toujours par rapport aux souris contrôles), ces variations concernaient 306 protéines hépatiques et 178 protéines rénales.
Mais surtout, deux protéines hépatiques étaient particulièrement impactées chez les souris GF et celles traitées par antibiotiques : les enzymes Cyp2b10 et Cyp3a11, responsables de la “digestion” des médicaments dans le foie. “Dans le détail, la quantité de Cyp2b10 produite était réduite de 96% et ses capacités à métaboliser de 82 % !” explique le Pr Ohtsuki, qui a mené l’étude. Or, les deux enzymes équivalentes chez l’homme, CYP2B6 et CYP3A4, sont impliquées dans le métabolisme de plus de la moitié des médicaments sur le marché”.
“Les résultats de cette étude montrent que de nombreux médicaments peuvent être affectés par des changements dans la flore intestinale ” résume le Professeur Ohtsuki. “Dans le futur, si l’on parvient à confirmer que des mécanismes similaires existent chez l’humain, nos recherches se porteront sur le dosage optimal du médicament et la réduction de ses effets secondaires”.
Topsante