Les chercheurs qui travaillent actuellement sur un vaccin contre le virus Zika doivent faire avec une mauvaise nouvelle: il existe deux lignées génétiques distinctes du virus, asiatique et africaine. Mais la bonne nouvelle c’est que des scientifiques de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) viennent de découvrir que la vaccination contre une seule de ces souches serait suffisante pour se protéger totalement, comme ils l’expliquent dans la revue Cell Reports.
Ces derniers mois, l’épidémie que connaissent plusieurs pays de l’Amérique centrale, du Sud et dans les Caraïbes serait causée par la lignée asiatique. Lorsqu’une personne est infectée par le virus, le système immunitaire produit des anticorps spécifiques pour combattre l’infection. Ces anticorps permettent d’offrir une immunité contre des infections futures par une souche de la même lignée. Mais jusqu’à présent, il était difficile de savoir si ces anticorps pouvaient aussi protéger contre une infection causée par une souche de l’autre lignée.
Deux souches, un même sérotype
L’expérience de ces chercheurs a démontré que cette hypothèse se vérifie car, en dépit d’être génétiquement distinctes, toutes les souches du virus Zika présentent les mêmes antigènes et par conséquent le même sérotype. A titre d’exemple, « le virus de la dengue a quatre sérotype, ce qui est la raison pour laquelle les gens ne peuvent pas être infectés par la dengue plus de quatre fois, une fois avec chaque sérotype », expliquent les chercheurs. Pour en arriver à cette conclusion, ces derniers ont prélevé des échantillons sanguins de personnes infectées par le virus Zika en Amérique latine et les ont mélangés avec plusieurs souches, pour savoir si les anticorps allaient dans tous les cas neutraliser le virus. Les résultats ont montré que les anticorps provoqués à la suite d’une infection par une souche asiatique du virus étaient capables d’inhiber puissamment les souches de la lignée africaine.
Des similitudes avec la dengue
Des expériences similaires en utilisant des échantillons de sanguins de souris infectées soit par des souches asiatiques, soit par des souches africaines ont montré les mêmes résultats. Ces travaux apportent une avancée positive dans la recherche d’un vaccin préventif puisque, selon les chercheurs, «le fait qu’il n’y a qu’un seul sérotype du virus permettrait en théorie aux anticorps induits par une souche du virus Zika de conférer une protection contre toutes les souches du virus ».
Dernièrement, d’autres chercheurs ont également bon espoir de mettre au point un vaccin efficace contre le virus Zika, mais également contre la dengue, aussi transmise par des moustiques, après avoir identifié des anticorps efficaces pour neutraliser les deux maladies. «Découvrir que le virus de la dengue et le virus Zika sont si proches que certains anticorps produits contre le virus de la dengue neutralisent aussi le virus Zika était totalement inattendu », souligne Félix Rey, de l’Institut Pasteur. Ces derniers voulaient en effet savoir si les anticorps isolés dans le cas de la dengue étaient capables de neutraliser d’autres virus de la famille des flavivirus, dont le Zika fait partie. «Les anticorps pourraient être utilisés pour protéger les femmes enceintes risquant de contracter le virus Zika. Car aujourd’hui, il n’existe aucun vaccin ni aucun traitement pour cette maladie », a-t-il conclu.
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