Il y a deux moyens efficaces pour prévenir le cancer du col de l’utérus : la vaccination contre le papillomavirus et le frottis de dépistage qui va détecter des cellules précancéreuses. En France et dans de nombreux autres pays, cet examen est recommandé entre 25 et 65 ans car «on sait que c’est à cette période que le risque de développer des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus est le plus important », précise l’Institut national du cancer (Inca). Mais pour des chercheurs de l’université de l’Illinois, cette limitation d’âge, également en place aux Etats-Unis, est une grande erreur. «Certaines études indiquent que les frottis vaginaux sont inutiles chez les personnes âgées, tandis que d’autres montrent qu’il y a un avantage dans le groupe des plus de 65 ans », déclare Karin Rosenblatt, principale chercheuse de l’étude. Il y a un grand débat sur le sujet. Leur enquête évoque les premières recherches sur ce dépistage qui recommandaient de ne pas inclure les femmes de plus de 50 ans. Cette limite d’âge a augmenté au cours des dernières années, alors que les facteurs de risque de la maladie sont mieux compris (immunodéficience, papillomavirus de type 16 et 18, tabagisme, infection sexuellement transmissible).
De l’importance d’être détecté rapidement
Plus un cancer du col de l’utérus est détecté tôt à la suite d’un dépistage par frottis, plus il «pourra être traité avec des soins moins lourds qui, le plus fréquemment, permettront de préserver la fertilité », précise l’Institut national du cancer. Or, «bien que l’incidence de ce cancer soit plus grande chez les femmes de moins de 65 ans, celle de plus de 65 ans ont tendance à avoir plus de cas de décès liés à la maladie », précise de son côté Karin Rosenblatt. Pour savoir si le frottis était utile ou non aux femmes de cette tranche d’âge, les chercheurs ont examiné les données médicales de 1.200 femmes diagnostiquées avec un cancer du col utérin entre 1991 et 1999. Ils ont comparé leurs antécédents de dépistage avec 10.000 femmes témoins du même âge en bonne santé et déterminé quelles patientes avaient reçu un test de dépistage de deux à sept ans avant le diagnostic.
Des résultats significatifs
«Nous avons constaté que les femmes diagnostiquées avec un cancer du col utérin étaient 36 % moins susceptibles d’avoir subi un test par rapport au groupe de contrôle », explique Karin Rosenblatt. La réduction de risque était de 52 % après la prise en compte des femmes dans le groupe de contrôle qui ont subi une hystérectomie avant 65 ans. Ces deux résultats sont statistiquement significatifs. La chercheuse conclut : «Ces résultats suggèrent que le frottis peut être bénéfique pour la prévention du cancer utérin malin chez les femmes de plus de 65 ans. Il faut un regard plus approfondi sur le rapport coût-avantages d’un élargissement du dépistage aux femmes âgées ». Faire un frottis permet de repérer des lésions provoquées par une infection au papillomavirus humain et de les soigner. Car si le corps peut éliminer naturellement cette infection, celle-ci peut évoluer vers un cancer 10 à 15 ans après l’apparition des lésions, en l’absence d’une prise en charge médicale.
Un examen tous les trois ans, pas plus
En France, la politique de santé recommande ce dépistage tous les trois ans. Réaliser des frottis plus fréquemment que cette recommandation ne serait pas utile car «un dépistage trop fréquent pourrait exposer au diagnostic de lésions qui se seraient guéries spontanément », juge l’Inca. Ce dernier doit se faire dès l’âge de 25 ans, chez les femmes vaccinées ou non, et jusqu’à l’âge de 65 ans, même après la ménopause. Mais il faut être vigilant aux cas particuliers (femme séropositive au VIH, ayant bénéficié d’une greffe, ayant été exposée au distilbène). L’existence de facteurs de risques et de cas particuliers fait qu’avant 25 ans et après 65 ans, c’est au médecin de déterminer au cas pour cas si la situation nécessite un frottis.
Santé Magazine