Le Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), réunion des ministres africains des Affaires étrangères, s’ouvre ce mercredi à Kigali. Tour d’horizon des enjeux qui seront abordés lors du 27e sommet des chefs d’État et de gouvernement, les 17 et 18 juillet.
La succession de Dlamini-Zuma
C’est l’enjeu principal de ce sommet. Qui succédera à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma au poste de président de la Commission de l’Union africaine (UA) ? Officiellement, la liste a été arrêtée le 31 mars, et il y a trois candidats : l’Equato-guinéen Agapito Mba Mokuy, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et l’Ougandaise Speciosa Wandira-Kazibwe. Problème, nombre de chefs d’État ne cachent pas le peu d’enthousiasme que leur inspirent ces personnalités peu connues. Ils souhaiteraient que la liste des candidatures soit rouverte pour permettre à des candidats d’envergures d’émerger, comme le Sénégalais Abdoulaye Bathily ou l’ancien président tanzanien Jakaya Kikwete. L’élection pourrait dans ce cas être reportée à janvier 2017.
Les dirigeants africains et la CPI
La crise de confiance entre l’UA et la Cour pénale internationale (CPI) avait marqué le dernier sommet de janvier à Addis-Abeba. Sur proposition d’Uhuru Kenyatta, le président kényan, une résolution prévoyant « l’élaboration d’une feuille de route pour un retrait de la CPI » avait été adoptée à huis clos par l’assemblée des chefs d’État. Après le succès du procès d’Hissène Habrè devant les chambres africaines extraordinaires à Dakar, les dirigeants africains passeront-ils à l’acte ?
La guerre civile au Soudan du Sud
Le sommet de l’UA intervient quelques jours après le début des terribles combats qui ont frappé la capitale sud-soudanaise. Débuté la veille du cinquième anniversaire du Soudan du Sud, les affrontements, qui ont fait plusieurs centaines de morts, menacent de faire retomber le pays dans la guerre civile malgré la mise en place d’un cessez-le-feu. Réuni le 11 juillet à Kigali, le Conseil de Paix et sécurité (CPS) a appuyé la recommandation des ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) qui demandent « la révision du mandat de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS) pour la mise sur pied d’une brigade d’intervention dirigée par l’Afrique et d’accroître le nombre de troupes pour, entre autres, fournir la protection aux civils, la sécurité à Juba et dans l’ensemble du pays ».
Le terrorisme transnational
C’est un thème récurrent des sommets de l’Union africaine. Et l’édition rwandaise ne devrait pas y échapper tant les fronts sont nombreux : après Ouagadougou et Bamako, Abidjan a aussi été touchée par des attentats meurtrier. Dans le bassin du Lac Tchad, la secte islamique Boko Haram a démontré ces dernières semaines qu’elle n’était pas morte, contrairement à ce qui avait été annoncée début 2016. En Afrique de l’Est, les Shebab continue de frapper régulièrement. Et en Libye, si l’État islamique a perdu du terrain, il n’en reste pas moins une sérieuse menace. Comment lutter efficacement contre le terrorisme ? La question reste donc plus que jamais d’actualité.
L’impasse au Burundi
Le dernier sommet de l’UA avait débouché sur une impasse. Face au refus de Bujumbura de toute intervention militaire sur son sol, aucune majorité ne s’est dégagée pour imposer une quelconque décision. La force de 5 000 hommes qu’avait préconisée le Conseil de paix et sécurité le 17 décembre dernier, la Mission africaine de protection et de prévention au Burundi (Maprobu) n’avait donc pas vu le jour.
Une mission d’observation a été envoyée à la place, mais son travail est très difficile. Les 32 observateurs, ils devaient être cent, des droits de l’homme envoyés par l’UA ces derniers mois ne cachent pas leur impuissance. Alors que les violences continuent et que les accusations de torture se multiplient contre le régime de Bujumbura, l’UA peut-elle réellement faciliter le dialogue entre le pouvoir et l’opposition ?
Jeuneafrique