Nous allons revenir en force mercredi. Voilà le message mardi soir à Gao d’un des responsables des manifestants, le chef d’un groupe d’autodéfense formé au plus fort de la crise, pendant l’occupation jihadiste du nord du Mali. Il dénonce aujourd’hui la mise en place d’autorités intérimaires, pourtant prévues par l’accord de paix, mais qui font débat. Plusieurs de ces groupes d’autodéfense pensent qu’il y a un risque de voir revenir des hommes qui ont violé et tué à Gao. Pas question donc de renoncer, malgré l’interdiction, malgré les violences lors de la marche de mardi, et malgré la mort de quatre civils tués par balle lors de l’intervention de la police. Les manifestants expliquent avoir levé les barrages uniquement pour se reposer, parce qu’ils sont épuisés. Mais la mobilisation doit reprendre ce mercredi matin.
Refus des autorités intérimaires
« On a toujours les mêmes revendications depuis 2012. On a toujours crié, mais on n’est jamais entendu. Et cette fois-ci, on est décidé à aller jusqu’au bout, assure Boncana Touré, coordinateur du Mouvement de résistance civile. Nos revendications initiales, c’est la réinsertion socioprofessionnelle des mouvements de résistance civile, c’est-à-dire des jeunes qui ont résisté en pleine crise. Nous disons aussi non aux autorités intérimaires parce qu’ils sont en train de mettre notre région dans les mains des bandits, des gens qui ont violé ici, des gens qui nous ont pillés, des gens qui nous ont tout pris. » Les jeunes ont même ajouté une revendication à leurs protestations : ils réclament maintenant le départ du gouverneur, du chef de la police de Gao et du chef de la garde nationale, qu’ils tiennent pour responsables des morts et blessés de mardi. « Le gouverneur a donné l’ordre de tirer sur de pauvres citoyens qui manifestent à mains nues », assure Boncana Touré. La libération des 33 personnes arrêtées ces dernières heures ne les a pas fait changer d’avis.
Appels au calme
Le gouverneur, lui, appelle au calme. « Depuis la crise de 2012 jusqu’à aujourd’hui, l’occupation a été caractérisée par la création des groupes d’autodéfense, explique-t-il. Il y en a une multitude dans la ville et chacun se bat pour ses intérêts. Parmi eux, il y a aussi ceux que l’on appelle les patrouilleurs, et c’est eux qui ont demandé à faire une marche. Et malheureusement, la mairie n’a pas donné son accord. Puisqu’on est dans une situation de crise et qu’on est même en état d’urgence, on a plutôt cherché à avoir un compromis avec eux : évitez la marche, mais venez poser les problèmes. Je fais des appels à la radio pour demander aux uns et aux autres de revenir à la raison. » Le gouvernement malien déplore cette situation et appelle également les populations au calme. Il promet une enquête indépendante et surtout la visite prochaine d’une délégation de haut niveau pour essayer de trouver des solutions.
Rfi