CHRONIQUE DE SIDY
Après la pluie, le beau temps. Ainsi, sans intermède, après les dures épreuves, Adan passa de simple locataire au statut de gardien du Jardin Samawa, la Céleste. Mais pour consolider cela, il lui fallait passer un contrat avec le Maître absolu, en vue de déterminer ses prérogatives dans le jardin. Dans le contrat, il lui était clairement notifié : «Occupes toi et ta femme le jardin. Tu n’auras ni faim, ni soif. Tu ne seras jamais dévêtu. Et le soleil ne t’éprouvera point». Ainsi, Adan avait à régner sur le jardin où il était le chef. Lui et son épouse Eve avaient le droit de jouissance sur tout sans aucune forme de limite. Il leur est assuré un logement qui sied à leur rang. De même, tout ce qui pouvait participer à rendre leur existence agréable dans le jardin leur fut accordé. Désormais, point de souci. Les risques étaient annihilés, la sécurité absolue.
En contrepartie, il leur était interdit une chose. Ils pouvaient tout se permettre sauf porter atteinte à l’arbre à palabre. Cet arbre était sacré, car symbolisant la liberté des autres et le consensus qui prévalait entre les êtres et toutes les autres espèces peuplant le Jardin. Anges comme démons, animaux comme plantes, même les choses inanimées, chaque espèce avait son droit et c’est cet arbre qui le symbolisait. C’est là que tout conflit se réglait. Tout ce qui pouvait faire germer la pomme de discorde y était débattu. Toute décision, aussi minime soit-elle, devait faire l’objet de débat entre les uns et les autres. Et ce, jusqu’au plus haut niveau. A la lumière du test passé, le Maître absolu pouvait pourtant choisir le chef du Jardin sans requérir l’avis de qui que ce soit. Jusqu’à l’éclatement de la vérité par l’épreuve et les arguments, tout devait faire l’objet de discussions, sous cet arbre à palabre. Le Maître absolu releva que toute atteinte à cette liberté de pensée et d’agir, par abus d’autorité, serait fatal.
Le démon, isolé et seul, adopta un comportement d’autocrate. Il veut tout, à lui seul, et est sans partage. Une qualité qui n’est pourtant réservée qu’au Créateur qui est l’unique et qui n’a ni femme, ni enfant n’a point été enfanté. Qui n’est issu d’aucune composition pour avoir un commencement ni date de péremption, contrairement aux autres créatures. Et celui qui installe une paix pérenne et qui évitera le désordre qui met tout sens dessus-dessous. Ainsi, il est le seul à pouvoir bénéficier de cet isolement et de cette suffisance. Malgré tout, il consulte ses créatures pour montrer la voie menant vers une symbiose.
Mais le démon qui persiste dans son isolement et son arrogance demanda que lui soit accordé le temps de prouver le contraire de ce qui a été décidé et qui fait d’Adan le maitre du Jardin, suite au test qui les a départagés. Il voulut s’inscrire dans la durée, en jouant sur le temps pour arriver à ses fins. Ainsi, il demanda et obtint qu’il lui soit permis de se mesurer au nouveau champion en vue de le détrôner. Imbu de sa personne et débordant d’arrogance, il était sûr qu’il pouvait y arriver. Le Maître absolu accepta les clauses du contrat que le démon revendiquait. Mais, Il prit le soin de l’avertir qu’il sera lapidé partout et tout le temps pour son comportement et ses agissements.
Le Maître absolu se tourna vers Adan pour ajouter dans leur contrat une clause d’avertissement qui lui demandait explicitement d’être aussi vigilant que regardant, car, lui précise-t-Il, le démon leur a déclaré la guerre, lui et son épouse Eve. La clause expliquait à Adan que le démon fera tout pour les vaincre en utilisant toute sorte de subterfuges. Le Maître ajouta que les tactiques du démon sont faibles comme une toile d’araignée dont elles ne dépassent pas les limites, car fondées sur la séduction, le saupoudrage et l’illusion. Mais connaissant leur nature qu’il a façonnée, Il insista avant le début de la confrontation éternelle entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux, que le combat sera dur, mais exaltant. L’adoption de ces deux contrats marque le début de la longue marche vers la Fin.
Le démon, qui ouvrit les hostilités, commença par adopter la stratégie de la ruse. Il trouva son ennemi sur son propre terrain en utilisant la flatterie, l’influence et la tentation. Son ambition est de corrompre un chef déjà corrompu par le pouvoir. Ainsi, il invita Adan à mettre fin au consensus de l’arbre à palabre, en coupant la pomme de concorde pour en faire une pomme de discorde. Pour le convaincre, le démon invoque l’argument de la longévité et du renforcement du pouvoir qui le rendraient plus fort. Et l’humain qui, par nature, est animé par un égocentrisme démesuré, tomba dans le piège du démon, en franchissant le Rubicond.
Le soulèvement ne se fit pas attendre, Adan et Eve, de par leurs actes, rompirent le contrat qui les liait au Maître en franchissant les barrières. Leur désobéissance entraîna un bouleversement sans commune mesure. Ce fut le début de leur déchéance. De la quiétude du Jardin, ils empruntèrent le chemin de l’aventure. Pis, ils vont, tous les deux, se perdre de vue. Chacun, arpentant un tunnel aussi long que ténébreux, vaquait dans la nature dans le plus complet désarroi. Aucun des deux ne s’était préparé à cette nouvelle situation.
Suite à retrouver vendredi prochain (inch’Allah)…
Par Sidy Lamine NIASS
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