Yaya Jammeh est désormais face à un dilemme. Il est obligé de négocier avec son opposition qui est en position de force devant le régime de «Babili Mansa». Mais les opposants gambiens ne veulent pas que la mort de Solo Sandeng passe par pertes et profits. Ils veulent ainsi en finir avec le «demi dieu» de Banjul.
Le président gambien doit se sentir, en ce moment, étroit devant la crise qui secoue depuis la semaine dernière son régime. Il fait face à un vent de révolte sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 1994 par le biais d’un coup d’Etat. Sous l’effet de son cynisme, Jammeh se retrouve pris dans son propre piège. La communauté internationale qu’il a toujours vouée aux gémonies parce que se croyant «demi Dieu» en Gambie, entend le laisser à la merci de ses administrés. Il est presque dos au mur dans la mesure où le secrétaire général de l’Udp Darboe ainsi que d’autres manifestants pacifiques contre les réformes politiques, exigent la comparution physique, à leurs côtés, de Solo Sandeng devant la Haute Cour de justice. Sinon, pour les opposants, aucune libération sous caution ne sera acceptée, alors que Jammeh a déjà donné des ordres de leur libération sous caution.
L’opposition qui se retrouve en position dominante, a ainsi l’occasion de laver l’affront que Jammeh lui a fait subir depuis plusieurs années. Ainsi, l’actuel homme fort de Banjul risque de voir le cadavre de Solo Sandeng se transformer pour lui en un fantôme qui le guettera jusqu’à son dernier retranchement. Fort convaincue de pouvoir renverser la vapeur politique dans leur pays, l’opposition gambienne n’entend pas baisser les armes, même si elle doit compter de nouveaux morts dans ses rangs pour régler les comptes au fantoche de Kanilaï. «We need Solo Sandeng, dead or life» est ainsi devenu le cri de guerre de nombreux Gambiens sifflant dans les oreilles de Jammeh. Ce vendredi, si l’opposition parvient à manifester dans les rues de Banjul et de Serrekunda, Jammeh sera donc face à plusieurs équations.
Soit il engage ses «Jungulars» ou sa Nia à réprimer une nouvelle fois ses opposants pour pouvoir lui-même sauver sa peau, soit il capitule devant la volonté affirmée des Gambiens de s’offrir une nouvelle ère politique afin de mettre fin au règne de «Babili Mansa». Et à partir de cet instant, les substituts et tueurs de Jammeh se rendront compte que leur patron n’est pas vraiment un «demi dieu» ou un «fou», parce qu’il n’hésitera pas à les abandonner en pleine bataille. Il y a bien un éventuel bain de sang.
Baba MBALLO