Depuis quelque temps, des habitants du paisible quartier des Almadies craignent qu’un échange de coups de feu survienne, un de ces quatre, pour les tirer de leur quiétude. Car, entre le député Farba Ngom et le docteur Niang, qui se disputent un lopin de terre, l’escalade est dépassée, il ne reste plus que le crépitement des revolvers.
Le très prisé quartier des Almadies continue de susciter les plus folles convoitises. Comme nulle part ailleurs sur le territoire national, là-bas, le plus petit mètre carré fait l’objet d’intenses désirs. L’Allée des cocotiers, qui a l’avantage « d’embrasser » la mer, est un des coins parmi les plus courus de la commune de Ngor. Dans ce secteur, sont nichés les Sénégalais parmi les plus riches tenus en compagnie par quelques nababs et autres fonctionnaires étrangers. Seulement depuis bientôt quatre ans, ce coin paisible est le lieu d’un conflit latent en phase de dégénérer. En effet, entre le Docteur Babacar Niang, médecin-chef de la clinique Suma, et le député Farba Ngom le pire est désormais à craindre. Les deux hommes qui se disputent un lopin de terre de cinq mètres carrés semblent avoir recouru et épuisé toutes les voies de négociation possible.
Le Docteur Babacar Niang, dont la parcelle en cause appartient à son fils Yérim Niang, indique avoir écrit aux présidents de la République et de l’Assemblée nationale pour se plaindre « du diktat » de Farba Ngom. Il est, en effet, reproché au député d’avoir démoli le mur du voisin, ensevelie sa piscine pour agrandir sa propre demeure. « Regardez bien, les carreaux que vous voyez là, c’était une piscine. L’autre partie est désormais dans le domaine de Farba Ngom », explique-t-il. Brandissant les copies des lettres adressées à Macky Sall et à Moustapha Niasse, le médecin-chef explique peiner à comprendre dans quel pays il se trouve. « C’est parce qu’il est protégé par son immunité parlementaire qu’il se croit tout permis » martèle-t-il. Tirant d’une caisse des documents, il montre un procès-verbal de constat établi par un huissier, des plans d’architecture montrant clairement la délimitation des différentes parcelles de la zone, des demandes de régulation.
Le docteur Niang, qui estime que son fils a été spolié, soutient que les choses sont aggravées dernièrement quand Farba Ngom leur a envoyé des agents leur sommant de stopper les travaux en cours dans leur domaine. « Mon fils qui se trouve à l’étranger souhaite créer un centre nautique dans cet espace. Il en a l’autorisation. Mais les ouvriers étaient en train de s’activer quand des agents se réclamant du Dscos (Direction de surveillance et de contrôle de l’occupation des sols, ndrl) sont venus leur intimer d’arrêter les travaux», explique-t-il.
Poursuivant, le Dr Niang soutient s’être renseigné pour comprendre les fondements d’une telle décision. « On me dit que c’est Farba Ngom qui ne veut qu’un lieu de dépravation des mœurs soit installé dans le secteur. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas à lui de dire ce que les gens vont faire dans le quartier. Il nous a trouvés ici. Quand il commençait à construire, c’est moi-même qui lui gardais ses affaires», peste-t-il.
Visiblement très en colère et expliquant envisager désormais le pire, le docteur confesse : «Depuis que je l’ai achetée, je ne l’ai jamais sortie, même pas une fois. Mais dernièrement, je ne sais pour quelle raison, j’ai pensé à cette arme et je l’ai sortie pour l’essayer. Il dit qu’il va nous faire partir d’ici par tous les moyens, nous l’attendrons».
Face aux accusations et à la détermination du Dr Niang, la version du député Farba Ngom était des plus sollicitées. Seulement, le natif d’Agnam ne veut visiblement pas s’épancher dans les médias. Les nombreux appels et autres messages n’ont pu avoir raison de son mutisme.
Du côté de la municipalité de Ngor, le maire Amadou Gueye bien qu’imprégné du conflit, indique ne pas vouloir se mêler à ce combat de gladiateurs. «Je suis au courant mais je ne peux absolument rien dire sur cela. J’étais en France et n’étant pas informé des derniers développements, je ne peux pas me prononcer», explique-t-il au bout du fil.
Mame Birame WATHIE