Plusieurs Gambiens ont manifesté, hier, contre la réforme électorale à Serrekunda, l’une des plus grandes villes de la Gambie, située à environ 10 km au sud-ouest de la capitale, Banjul.
Cette manifestation intervient au moment où Yahya Jammeh est en Turquie dans le cadre de la 13ème conférence de l’Oci ouverte hier à Istanbul. A Serrekunda, des Gambiens ont pris les rues pour protester contre la réforme électorale. Selon la presse gambienne, plus de quarante manifestants ont arpenté, ce jeudi, les artères de la ville de Serrekunda pour exiger une réforme électorale avant l’élection présidentielle prévue cette année 2016. Selon des journalistes gambiens, de vieilles femmes ont également pris part à la marche de protestation.
Pour pouvoir participer à l’élection présidentielle, la loi électorale gambienne dispose que tout candidat doit verser 500 000 dalasi (environ 8 millions francs Cfa) pour faire enregistrer sa candidature. Le futur candidat doit également rassembler les signatures de soutien de 10 mille citoyens ou bien s’il n’a pas encore de parti politique, il est obligé de payer 500 mille dalasi pour le droit d’en former un. La loi prévoit aussi qu’il faut être âgé de moins de 65 ans pour se porter candidat. Cette manifestation spontanée a enregistré de sympathisants venus montrer leur solidarité aux manifestants. Selon la presse gambienne, les forces de sécurité ont été surprises par la présence de manifestants non identifiés. Il était encore impossible de savoir si des membres de l’opposition sont derrière les manifestants, qui restent convaincus que «sans réforme électorale, il ne peut y avoir d’élections en Gambie».
La presse locale précise que des officiers paramilitaires gambiens ont dispersé les manifestants, dont certains ont été blessés. D’autres manifestants ont été arrêtés alors qu’un camion rempli d’officiers paramilitaires armés a bouclé la zone Ouest – champ de Serrekunda, lieu de la manifestation. Quelques protestataires blessés ont été hospitalisés, rapporte la presse de Banjul qui n’exclut pas l’instauration d’un couvre-feu durant les jours à venir. En décembre 2014, Yahya Jammeh avait échappé à une énième tentative de coup d’Etat, dont il avait démenti l’existence, parlant d’un assaut de «terroristes soutenus par des puissances» étrangères. Depuis 20 ans, cet ancien officier dirige d’une main de fer la Gambie, minuscule pays presque entièrement enclavé au sein du Sénégal, entre répression, mysticisme et excentricité. A 50 ans, Jammeh est l’un des plus jeunes chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest à côté du Togolais Faure Gnassingbé, qui n’a que 49.
Baba MBALLO