Dans une de ses précédentes éditions, Walf Quotidien avait fait état de «l’utilisation abusive des moyens de l’Etat» dans le financement la campagne référendaire. Ce qui traduit une rupture d’égalité entre le pouvoir et l’opposition car celle-ci, en l’espace seulement d’un mois, n’avait pas le temps de collecter ses fonds de campagne.
Et sans être démenti, les écrits de votre canard ont été confirmés par Moustapha Cissé Lô himself, au lendemain de la cuisante défaite du «Oui» à Touba où il tirait les leçons de cette débâcle. Dans un entretien accordé à L’Observateur, El Pistolero avait regretté d’avoir injecté 50 millions de francs dans la campagne pour ensuite subir une si humiliante déroute jamais vécue par l’Apr dans le cité de Bamba. «Les gens disent que je suis insolent alors que les problèmes de 90 % des Mbacké-Mbacké de Touba, c’est moi qui les règle. Pourquoi ils ne m’ont pas rejeté pour insolence? C’est à moi qu’ils posent toutes leurs doléances: passeports, appuis pour les Magal, assistance aux nécessiteux. Puisque je suis insolent, qu’ils aillent voir ailleurs. J’ai pris la décision de ne plus régler ou intervenir dans la résolution de leurs problèmes. Qu’aucun Mbacké-Mbacké ne me demande plus de soutien pour un Magal ou pour obtenir un passeport. C’est fini! (…)», avait-il confié à nos confrères.
Au lendemain du référendum, sanctionné par la victoire à la Pyrrhus du «Oui», une rocambolesque histoire d’argent pollue l’atmosphère dans les rangs des Apéristes de la banlieue. A Ndiaréme Limamou Laye, ce sont les moyens mobilisés pour la campagne électorale qui divisent les responsables Apéristes. C’est Magatte Fall, le chargé des élections de l’Apr, qui accuse Abdou Sène, coordonnateur communal de l’Apr, d’avoir détourné les trois millions destinés au financement de la campagne. «Abdou Sène a détourné l’argent de la campagne. On le dénonce. Car, sur les trois millions qu’on lui a donnés, nous n’avons reçu que 125 mille francs. Concernant l’argent des mandataires, on n’a rien reçu jusqu’à nos jours. Nous exigeons donc des sanctions contre Abdou Sène», dénonce Magatte Fall.
Interrogé sur ces accusations, le coordonnateur communal de l’Apr de Ndiaréme Limamou Laye nie en bloc et charge ses adversaires. «Quand j’ai reçu l’argent, je l’ai remis à mon trésorier. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait au nom de Benno Bokk Yaakaar avec des témoins et les responsables de cette coalition. Tout s’est fait dans la transparence», se défend-t-il. «Il y a eu également l’appui de Cheikh Awa Balla Fall pour que l’on organise des caravanes et des rencontres dans la commune. Donc ces accusations ne me dérangent pas. Ces gens qui parlent racontent des contrevérités et sont des mécontents», rétorque encore Abdou Séne.
La même situation prévaut dans une autre localité de la banlieue, cette fois à Thiaroye Gare. Ici, c’est l’argent des mandataires d’un montant de 870 mille francs, confié au coordinateur communal de l’Apr, Samba Niang, qui fait jaser. Les militants de l’Apr se disent «frustrés» de la démarche de ce dernier, qui selon eux, a détourné l’argent destiné aux mandataires de leur camp au niveau des bureaux de vote. D’ailleurs, ces derniers ont tenu en état de siège les locaux de la mairie de Thiaroye gare pour empêcher Samba Niang de tenir sa conférence de presse. Il a ainsi été séquestré et sommé de rembourser l’argent en question et de le remettre au trésorier du Front du «Oui», Babacar Séne par ailleurs maire de Thiaroye gare. Et Finalement, le sieur Niang a été disqualifié pour parler au nom de la coalition. Il aura fallu l’intervention de la Gendarmerie de Thiaroye gare, mise au parfum de la situation, pour calmer les deux camps.
De son côté, Samba Niang a eu du mal à convaincre ses camarades sur l’utilisation exacte des 870 mille francs. Ce qui fait que les militants de l’Apr, avec à leur tête Tapha Cissé et Mbaye Séne, du reste très remontés contre l’intéressé, menacent de saisir toutes les instances de leur parti. Cela pour que l’affaire soit tirée au clair, mais aussi pour que l’argent soit restitué au maire de Thiaroye gare, Babacar Sène, non moins trésorier du camp du «Oui» dans le cadre du référendum du 20 mars dernier.
WALF