Le Président Sall avait surpris son monde en assujettissant son engagement de diminuer son mandat en cours à un avis favorable du Conseil constitutionnel. S’adressant à ces concitoyens, le chef de l’Etat avait observé, rendant-compte de l’avis des cinq sages, que : « c’est l’autorité attachée aux délibérations de notre système juridictionnel qui donne force et crédibilité à nos institutions, condition sine qua non d’une démocratie majeure et apaisée et d’un Etat de droit vigoureux et durable ». Nombre de ses partisans, même déboussolés par un si retentissant revirement, avaient chanté ses louanges, saluant un légaliste qui respecte jusqu’aux os les lois de la République. Au paroxysme des attaques de ses pourfendeurs, qui, las de faire le décompte des fois où le président de la République avait réitéré son engagement, se perdaient dans la stratégie à adopter, Macky Sall et ses alliés répliquaient s’adossant toujours au droit.
Ainsi, le droit béni de Macky Sall prit le dessus. Les radicaux qui avaient opté, dès le départ, pour un boycott pur et simple du scrutin, vont revenir à de meilleurs sentiments. Au lieu de tourner le dos à une consultation dont les termes de référence n’ont été divulgués que très récemment, les partisans du boycott vont progressivement s’aligner sur le « NON », espérant qu’il soit massif.
Seulement, le président Macky Sall qui s’est fondé sur le droit, la légalité pour faire accepter à ses plus méfiants alliés et à ses plus farouches adversaires un référendum que certains d’entre eux ont trouvé qu’il est « organisé aux forceps et aux pas de course », va se mettre à fouler du pied les règles qu’il a, lui-même, établies. En effet, par un décret présidentiel, Macky Sall a décidé que la campagne pour le référendum du 20 mars prochain allait débuter le 12 mars pour prendre fin le 18 dans la soirée. Pourtant, le légaliste Macky Sall va convier les responsables et autres militants de la coalition Benno Bokk Yaakar à un grand rassemblement dans un grand hôtel où, il n’était question que de comment faire triompher le « OUI ». Les langues avaient à peine commencé à se délier, déplorant cette campagne prématurée aux frais de l’Etat, que le président Macky Sall récidive. Le Cnra aura beau taper sur la table reprochant à la Rts de privilégier les activités d’un seul « courant », foulant ainsi du pied les principes « d’équité et d’équilibre dans le traitement de toute information relative au référendum », rien n’y fera. Le président Macky Sall va visiblement trouver trop petit l’hôtel. Avant-hier lundi, c’est au Grand Théâtre qu’il a retrouvé ses militants dans ce qu’ils ont appelé « Conseil national extraordinaire de l’Apr». Une autre campagne loin d’être déguisée au cours de laquelle, au rythme du « Wango », le « OUI » sera fortement plébiscité.
Mame Birame WATHIE