Alors que la campagne pour le référendum n’a pas officiellement démarré, les autorités administratives qui se trouvent tous être des politiques ont abandonné les ministères, directions et autres agences de l’Etat. Ils sont tous sur le terrain politique depuis que leur patron les a incités à mouiller le maillot. Ce, au grand dam des citoyens qui voient ainsi toutes les démarches administratives reportées.
«Le parti avant la patrie». L’appel lancé par le chef de l’Etat aux ministres, directeurs de sociétés nationales, d’agences et autres responsables du pouvoir pour descendre sur le terrain politique et vendre le bien fondé du référendum aux populations ne semble pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Ainsi, tous les ministres et directeurs nationaux ont désertés l’administration publique pour se lancer dans la campagne électorale, qui officiellement n’a pas encore démarré. Une attitude qui n’est pas sans conséquence sur les finances publiques. Car, l’Etat est en train de perdre au même moment des milliards de francs Cfa payés à des gens pour ne rien faire. Ce, en plus d’user de ses moyens. Pis, les usagers du service public doivent prendre leur mal en patience avant d’obtenir leurs dossiers.
Ils sont nombreux, les Sénégalais à fustiger cette attitude. Devant l’immeuble Adja Fatou Nourou, qui abrite depuis le début des travaux de réfection du building administratif plusieurs ministères, c’est un va-et-vient incessant des usagers qui s’offre aux visiteurs. Il y a peu de place pour les véhicules et les agents de la gendarmerie qui veillent au grain. Aboubacar Bâ, agent dans une grande entreprise de la place, fait partie de ceux qui sont en train de faire les frais du référendum. C’est avec une mine serrée qu’il a déploré l’attitude des agents de l’Etat. «Cela fait des jours que je viens dans cet immeuble pour déposer un dossier. Mais à chaque fois, on me dit que la personne qui s’occupe de ce dossier est absente», fait-il savoir.
Pour M. Bâ, il fallait s’y attendre. Parce qu’à l’approche d’une élection, les autorités administratives ne se préoccupent plus des problèmes des citoyens. Ce qui est à son avis «agaçant». «Ils oublient qu’ils ont été nommés pour résoudre les préoccupations des populations», dit-il. D’ailleurs, il soutient que le référendum n’est plus une urgence et l’assimile à du gaspillage. «Ils s’accaparent de tous les moyens de l’Etat pour des intérêts personnels. Le Sénégal doit dépasser ce stade si on veut vraiment aller de l’avant», dixit un autre interlocuteur qui a tenu à garder l’anonymat.
Dans certains ministères, c’est le calme plat. Et, les usagers sont obligés d’attendre des heures pour être édifier sur l’état d’avancement de leur dossier. «Les autorités ne travaillent plus», s’exclame une dame trouvée devant un ministère. Elle juge «regrettable» que, dans un pays comme le Sénégal, tout se résume à la politique et à la seule volonté du président de la République. «Ils ont pris le pays en otage avec ce référendum qui n’est ni crédible ni opportun», se plaint-elle. Ceux qui n’ont point de patience sont obligés de repartir pour peut-être revenir le lendemain ou le surlendemain. Parce que, souffle-t-on, personne ne sait quand ils seront de retour dans les bureaux.
Le président du mouvement des jeunes sans emploi (Edj), Jesse Niang, qui était de passage dans un des nombreux ministères, a exprimé son étonnement. Selon lui, les autorités qui veulent atteindre l’émergence économique ne doivent pas travailler dans le sens de paralyser économiquement le pays pour une seule journée. Pis, il estime que les hommes politiques doivent être écartés de la gestion des services publics.
WALF