Par souci d’honnêteté intellectuelle, j’ai lu le projet de révision de la Constitution proposé par monsieur SALL. Pour avoir lu et relu l’avant-projet de constitution de la CNRI, je dois à la vérité de dire que monsieur le Directeur de cabinet du Président de la République est de mauvaise foi. Si ce texte est inspiré des conclusions de la CNRI, ces références ne le sont que dans le sens du détail.
En effet, le principe d’Etat de droit, de séparation et d’équilibre des pouvoirs, l’organisation et le fonctionnement de l’Etat, la gestion des ressources publiques, la déclaration de patrimoine et d’intérêt sont royalement ignorés au profit de broutilles du genre : rôle des partis politiques ou encore devoirs du citoyen. Ces notions ne font pas l’objet de débat dans toute démocratie qui se respecte car elles sont si évidentes qu’elles relèvent le plus souvent de la tradition.
Par ailleurs ce texte comporte des dangers potentiels que nul ne devraient ignorer : L’article 86 permet au Gouvernement, en cas de cohabitation (scénario souhaité dès 2017) de gérer les affaires publiques à l’aide du forcing. Ce sera tout simplement le musellement du pouvoir législatif composés de représentants du peuple élus au suffrage universel au même titre que le Président de la République. Monsieur SALL veut devenir François 1er et gouverner par sa célèbre maxime « tel est mon bon plaisir ».
Ce texte est complètement muet sur le problème fondamental de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs. Il ne traite pas de la lancinante question du fonctionnement du Conseil supérieur de la Magistrature. Il vassalise le président de l’Assemblée nationale et renforce la mainmise de l’exécutif sur le Conseil constitutionnel.
Le Haut conseil des collectivités territoriales, créé uniquement pour les beaux yeux du symbole vivant de la “tortuosité” est simplement une insulte faite aux jeunes diplômés chômeurs.
Une insulte à l’avenir est également à déceler sur l’intangibilité du mode d’élection, la durée et les mandats successifs du Président de la République. Ici, le juriste tailleur, tristement célèbre, pense que son crétinisme sera cautionné par les générations futures qui vivront dans un contexte forcément plus évolué et plus démocratique.
Je ne regrette pas d’avoir lu votre projet de réforme mais je reste toujours dans le camp du NON car monsieur SALL vient de clore définitivement l’intermède d’espoir (25 mars 2012 —-16 février 2016) pour embrayer dans la continuité des œuvres diaboliques de son mentor monsieur WADE.
Christian BADJI
Parcelles assainies