Le chef de l’Etat ne s’attendait certainement pas à être dans une posture aussi délicate, quatre ans seulement après son arrivée au pouvoir. L’état de grâce dont il bénéficiait a brusquement pris fin. Acculé de toutes parts, Macky Sall doit maintenant trouver la potion magique pour faire face. La dernière épine dans son pied et non des moindres : le référendum. En effet, avec cette consultation populaire sur la révision constitutionnelle, Macky Sall s’est mis à dos la totalité de la société civile qui était jusqu’à présent bienveillante à son encontre.
Echaudées par la troisième candidature de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, ces organisations dénoncent non seulement son revirement sur la réduction de la durée du mandat de sept à cinq ans, mais elles le soupçonnent également de vouloir briguer éventuellement un troisième mandat.
En outre, ces organisations réclament à cor et à cri l’application des conclusions de la Cnri et appellent à voter «NON» au référendum du 20 mars. Un «NON» qui compromettrait sans nul doute l’avenir politique du président de la République.
Outre la société civile, Macky Sall, candidat à sa propre succession, doit aussi faire face à une opposition unie «par sa faute» pour la première fois depuis son avènement au pouvoir.
Unie dans le «NON», cette opposition, s’est liguée avec des formations politiques de Benno Bokk Yaakaar. Faisant de la lutte pour le «maintien et le renforcement» des acquis démocratiques et socioculturels son cheval de bataille, elle se dit prête à «toute confrontation» avec le pouvoir.
Autres adversaires et pas des moindres, les syndicats d’enseignants. En effet, conscients que le moment est propice pour obtenir la satisfaction de leurs revendications, ils ont également fait bloc, comme jamais par le passé, pour lui tordre la main. Les enseignants du Supérieur, regroupés autour du Saes, et ceux du Moyen secondaire autour du Cusems et du Grand cadre, sont en ordre de bataille. Ces milliers de fonctionnaires menacent de paralyser le système éducatif s’ils n’obtiennent pas gain de cause. Et pour mieux faire pression sur le chef de l’Etat qui doit faire face à plusieurs fronts, ces syndicats d’enseignants cherchent à se coaliser avec les syndicats de la santé. Ils cherchent ainsi à mettre sur pied un large front, une alliance de toutes les organisations syndicales qui pourrait secouer le pouvoir.
Mais, l’alliance que le président de la République doit craindre le plus et qui est en gestation est une alliance entre tous les partis politiques opposés à ce référendum, la société civile, les syndicats d’enseignants et ceux de la santé. Un puissant front politico-social qui pourrait hanter ses nuits et qui aurait, à n’en pas douter, une oreille très réceptive auprès des jeunes inscrits à l’entreprise Chômage SA, pour reprendre la raillerie du vice-président de Rewmi.
WALF