Le magazine Jeune Afrique dépasse les limites de l’admissible, en postant sur son site une image caricaturale du fondateur du Mouridisme. De quoi susciter les positions les plus radicales allant jusqu’à prôner l’interdiction de la vente du journal au Sénégal.
Sur son site d’informations Jeuneafrique.sn, le magazine parisien a posté une image montrant le fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba «Serigne Touba» dans une caricature peu respectueuse. Laquelle a été accompagnée d’un commentaire faisant le link avec l’affaire Waly Seck, relativement au port des sacs à mains de femmes, par l’artiste chanteur.
De quoi susciter la colère généralisée de la communauté religieuse et des mourides en particulier qui se sont offusqués de cette caricature qualifiée d’«offense». Même si l’image a vite été retirée du site, quelques heures après sa diffusion sur la toile, cela n’a pas empêché l’indignation des mourides du Sénégal et de la diaspora.
Touba n’est pas restée insensible à une telle attaque dirigée contre le fondateur de la confrérie mouride. Depuis sa résidence à Guédé, le porte-parole du khalife général des Mourides a livré le message de Serigne Sidy Moukhtar Mbacké. «C’est le khalife général des mourides qui m’a instruit d’élever ma voix en son nom propre pour apporter la position de Touba par rapport à la caricature de Serigne Touba par ce journal à travers son site internet. C’est Serigne Sidi Moukhtar qui m’a fait appeler personnellement pour me délivrer son message», a annoncé d’emblée le porte-parole du patriarche de Gouye Mbind. Et le message du dignitaire mouride se décline ainsi : «Nous sommes conscients qu’il existe des personnes mal intentionnées qui cherchent toujours à faire mal. Dieu a réservé à ces personnes infectées par Satan une punition. Serigne Touba est lié au prophète et de manière totale. Il y a un an déjà, le prophète Mohamed (Psl) était victime de pareilles attaques. Ce n’est pas un hasard, au vu de leurs relations exceptionnelles, que Khadim Rassoul soit aussi visé. Que ceux qui disent du mal sur Serigne Touba et que ceux qui les soutiennent arrêtent.» Serigne Bass Abdou Khadre annonce avoir saisi le président de la République, Macky Sall, pour le retrait immédiat de la photo incriminée.
En outre, le port vestimentaire efféminé de certains hommes ainsi que les sacs à main de femmes portés par des hommes se sont invités dans son discours. Et c’est pour déplorer une telle attitude indigne d’un individu de sexe masculin.
Touba interpelle Macky
Devant le tollé soulevé par cette situation, Jeune Afrique a présenté ses excuses et expliqué le mobile de son acte avant de retirer l’image. Lequel lui vaut, aujourd’hui, la réprobation de toute une communauté religieuse. «Une première version de ce dessin intégrait une photo du fondateur de la confrérie mouride, Cheikh Ahmadou Bamba. Compte tenu de l’incompréhension de nombreux lecteurs, nous avons préféré le remplacer par une personne anonyme en boubou traditionnel. Dans ce dessin, notre intention n’est pas de blesser qui que ce soit, et encore moins de porter atteinte à Cheikh Ahmadou Bamba. Mais de dénoncer la bêtise de ceux qui ne font pas la différence entre un caftan et une robe, avec toutes les déductions faciles et infondées qui pourraient en découler. Une simple analogie humoristique avec l’affaire Waly Seck, donc». Une manière de prendre la défense de Ballago-fils, victime d’homophobie, selon le canard considéré.
Ces excuses sont jugées «un peu trop faciles» par certaines franges de la communauté religieuse en question. Lesquelles réclament des «excuses publiques» de la part de l’organe de presse considéré. Face à une telle offense aux allures de forfaiture, la réaction des autorités sénégalaises est fort attendue par les mourides. «Nous exigeons toujours des excuses publiques de ce journal pour cette offense et une condamnation sans équivoque de nos autorités étatiques et religieuses pour que pareille forfaiture se soit pas rééditée», lit-on sur la page Facebook de Serigne Aziz Mbacké Majalis.
Cette caricature a donné lieu à des positions les plus radicales. Certains sont même allés jusqu’à demander l’interdiction de la vente de Jeune Afrique au Sénégal. D’autres, par contre, y voient une «offense non seulement à toute la communauté mouride, mais à toute la nation sénégalaise et à tous les musulmans se souciant de la préservation des symboles sacrés de leur religion».
Tard dans la soirée, nous avons appris que des talibés mourides prévoient d’organiser une marche de protestation dans la Cité religieuse.