La libération d’Oumar Sarr, à la faveur d’une liberté provisoire, sonne comme une «décrispation du climat politique». Ses frères libéraux, poursuivis séparément dans l’incendie du bus de Dakar Dem Dikk, en 2015, l’ont aussi été dans ce sens.
Macky rétro pédale. Et le pouvoir desserre l’étau. Si Oumar Sarr a été libéré à la faveur d’une liberté provisoire, c’est parce que le procureur de la République ne s’est pas opposé à la requête allant dans ce sens introduite par ses avocats, auprès du doyen des juges. Car, même si le juge d’instruction accédait à la sollicitation de la défense, un recours du Parquet allait le maintenir encore dans les liens de la détention jusqu’à ce que la Chambre d’accusation tranche dans un délai de deux mois. Il en a ainsi été le cas dans plusieurs affaires traitées par la Justice sénégalaise, notamment dans les dossiers Ndèye Khady Guèye, Thierno Ousmane Sy, Massaly…
C’est la semaine dernière, au cours de son audition, que ses conseils ont formulé la demande. Et le Parquet a requis dans le sens de sa libération. Ses avocats ont puisé leurs arguments dans la Constitution et le règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui «interdisent l’arrestation d’un député en session». D’autres arguments juridiques ont été servis au doyen des juges, à savoir les «garanties sérieuses de représentation en justice» dont leur client présente.
Cette liberté provisoire est inscrite sur le compte d’une «décrispation du climat politique national». Ces derniers temps, le pouvoir a fait face à de fortes pressions pour la libération du secrétaire général national adjoint du Pds. Lesquelles ont été l’œuvre parfois d’alliés du pouvoir (Ousmane Tanor Dieng, Me El Hadji Diouf). Des médiations ont également été entreprises, en coulisses, pour que le régime revienne à de meilleurs sentiments. En fait, le «Prince» a été convaincu que l’emprisonnement d’un leader politique, pour des faits qui ne relèvent pas du droit commun, est de nature à polluer l’atmosphère politique. Cela dans un contexte marqué par le débat sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles, en prélude à la prochaine présidentielle de 2017 ou 2019.
Et le procureur désamorça la bombe !
Mais il faut dire que ces tractations n’ont pas seulement profité à Oumar Sarr car d’autres libéraux qui restaient encore en prison ont été élargis. Il s’agit ainsi de Victor Diouf et Mouhamadou Bamba Bâ, lesquels ont été libérés, hier, par le Tribunal correctionnel de Dakar, après un an de détention avant jugement. Le parquet ne s’y est pas opposé, estimant qu’«il n’y a ni de risque de trouble à l’ordre public, ni possibilité de subornation de témoin». Ils ont été interpellés à la suite de l’incendie d’un bus de la société de transport public Dakar Dem Dikk, le 21 janvier 2015, devant l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Poursuivis pour «association de malfaiteurs et incendie volontaire d’un bien appartenant à l’État», leur procès initialement prévu hier a été ajourné jusqu’au 22 mars prochain.
C’est sur demande de l’agent judiciaire de l’Etat pour prendre connaissance des éléments du dossier. Bien avant eux, Toussaint Manga, des responsables du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (Meel), certaines femmes de la formation politique considérée (Amina Nguirane) et d’autres libéraux l’ont été aussi dans ce sens. S’y ajoute les cas de Me Sall, Samuel Sarr, Bara Gaye, entre autres.
Poursuivi pour «diffusion de fausses nouvelles et faux et usage de faux en écriture rivée», Oumar Sarr a eu maille à partir avec Dame justice suite à la publication d’un communiqué du Pds qu’il a signé, lequel a stipulé : «l’argent sale… est au cœur des différentes campagnes de Macky Sall. Cet argent a financé sa campagne pour les élections municipales et locales de 2009, comme il a financé sa campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Les deux victoires qu’il a obtenues sont des victoires malpropres».