C’est une messe d’enterrement que l’expert spécialiste en communication/médias, Oumar Seck Ndiaye prononce pour la presse sénégalaise dans son livre «Requiem ou te deum pour les médias ?». L’ouvrage qui sera présenté aujourd’hui à la librairie L’Harmattan Sénégal, fait une critique acerbe de la pratique journalistique, du fonctionnement des médias au Sénégal. Il décortique aussi les conditions de production de l’information à travers les programmes radios et télévisuels proposés et s’interroge sur la place et le rôle du citoyen.
L’auteur même s’il est membre à part entière de ce secteur des médias, – car il est un des précurseurs des médias communautaires en Afrique francophone, directeur de la radio Oxy-Jeunes de Pikine -, est loin de caresser la presse dans le sens du poil. Avec des mots crus, il jette sans détour son regard sur le paysage médiatique. Selon Oumar Seck Ndiaye, le système médiatique révèle des pratiques et des comportements avec des dérives qui mettent en cause la crédibilité des médias et des journalistes. «L’information est folklorique, mise parfois en scène par de piètres acteurs. La plupart des informations tournent autour de la vie privée des citoyens, l’apologie des nouveaux parvenus sortis du néant. Les sujets réels ne font pas recette», analyse l’auteur. Selon lui, l’information spectacle ramène le débat à sa plus simple expression : La rumeur et la calomnie. «Le spectacle offert est parfois désolant et abuse des images-chocs, la recherche du sensationnel conduit à mettre en exergue des contrevérités, une information approximative alimentée de rumeurs», écrit l’auteur à la page 16 du livre. Oumar Seck Ndiaye regrette que les pages des journaux soient inondées de faits divers au point que l’on se demande si l’on ne va pas vers la banalisation de la violence et de la barbarie. Pour la radio, Seck Ndiaye qualifie les différentes émissions proposées aux auditeurs comme des «émissions bla bla ou grand place (parler pour ne rien dire) ; ndeup (rite traditionnel d’exorcisme pour libérer quelqu’un du mauvais sort ou de la démence) ; Coup de gueule sorte d’exutoires (exprimer son mécontentement sous toutes ses formes) ; etc. Les ondes sont l’espace de rencontre, la foire aux remèdes contre tous les maux.» Ces émissions offrent-elles de véritables espaces pour la promotion de la prise de parole ? Dans quelle mesure favorisent-elles un élargissement des espaces démocratiques ? Autant de questions qui interpellent l’auteur de «Requiem ou te deum pour les médias ?», 207 pages, un livre édité par L’harmattan France l’année dernière. Un titre qui reflète le contenu de l’ouvrage, car Oumar Seck Ndiaye ne fait pas seulement une prière pour cette presse «nouvelle centrale syndicale ou scène pour exister», il propose des pistes de réflexion pour un renouveau de la pratique journalistique et du paysage médiatique sénégalais. L’expert en communication sociale préconise de défricher des espaces où pourra s’exprimer une citoyenneté dynamique. Pour ce faire l’écrivain suggère de trouver les moyens de changer le fonctionnement des médias actuels ou inventer de nouveaux médias. L’auteur s’interroge sur le rôle que peut jouer internet et son influence surtout au moment où l’information passe par les téléphones portables (image de couverture du livre) et peut provenir de réseaux sociaux comme des web Tv. «Sonne-t-il le chant du cygne pour les médias ou offre-t-il plutôt d’immenses possibilités en termes de communication entre citoyen ? », questionne Oumar Seck Ndiaye, juriste d’affaires spécialisé en droit de la propriété intellectuelle. Fatou K. SENE