Moustapha Diakhaté a révélé hier que Oumar Sarr, placé sous mandat de dépôt ce lundi, a perdu son immunité parlementaire depuis janvier 2013 suite à une requête de la Crei et par conséquent n’était plus protégé. Faux ! Rétorque le coordonnateur du Front de l’opposition, Mamadou Diop Decroix qui affirme que la levée de l’immunité parlementaire n’est jamais générale et doit être renouvelée chaque fois qu’il y a de nouvelles poursuites contre un député.
Le président du groupe parlementaire de la majorité a publié hier le rapport de la commission ad hoc qui était chargée en 2013 de travailler sur la levée de l’immunité parlementaire des députés Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé et Me Ousmane Ngom. Une façon pour Moustapha Diakhaté de répondre aux leaders de l’opposition qui ont dit avoir appris avec «stupeur» l’emprisonnement du député Oumar Sarr, Secrétaire général national adjoint du Pds «en violation flagrante de l’article 61 de la constitution qui interdit qu’un député soit poursuivi, en cours de session, sans l’autorisation de l’Assemblée nationale». En réponse, Moustapha Diakhaté fait savoir à travers son document que l’immunité parlementaire de Oumar était déjà levée depuis janvier 2013. «La Commission ad hoc, créée par la résolution n°01/2013 de l’Assemblée nationale, s’est réunie en plusieurs séances sous la présidence de notre collègue Moustapha Diakhaté, président de ladite Commission, à l’effet de statuer sur la demande de levée de l’immunité parlementaire des députés Oumar Sarr N°1, Abdoulaye Baldé et El Hadji Ousmane Alioune Ngom, formulée par Monsieur le Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), sous couvert de Madame le Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Les travaux se sont déroulés conformément au calendrier élaboré par la Conférence des Présidents», renseigne le rapport de la commission. «Le mardi 8 janvier 2013, les 11 membres de la commission se sont réunis à 11 heures 30, en vue de la première audition. A 13 heures, ils ont fait le constat que le collègue Oumar Sarr N°1 ne s’est pas présenté. A 14 heures, le président de la Commission a informé les membres qu’il a reçu une lettre de démission du collègue Modou Diagne comme membre de la Commission ad hoc après avoir effectivement pris part à la première séance d’audition. La Commission en a pris acte. La Commission a ensuite constaté que le collègue El Hadji Ousmane Alioune Ngom ne s’est pas présenté, une heure après celle indiquée pour le démarrage de son audition. A 17 heures, le même constat d’absence a été fait, selon les mêmes procédures, pour le collègue Abdoulaye Baldé», ajoute la même source qui mentionne que le mercredi 09 janvier 2013 à 12 heures, la Commission a délibéré sur les demandes de Monsieur le Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite.
Seulement, de l’avis du coordonnateur du Front patriotique pour la défense de la République (fpdr) par ailleurs député à l’Assemblée nationale, «tout ceci n’est que de la littérature pour en rajouter à la confusion». Mamadou Diop Decroix d’affirmer que la levée de l’immunité parlementaire «est limitée à l’objet et aux stipulations de la demande faite par les autorités judiciaires à laquelle s’est référée l’Assemblée nationale». En l’occurrence, celle de Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé et Me Ousmane Ngom ne concernait que la requête formulée par la Crei. «Cette levée n’est donc jamais générale et doit être renouvelée chaque fois qu’il y a de nouvelles poursuites contre un député», précise encore le député Mamadou Diop Decroix qui qualifie le communiqué de Moustapha Diakhaté comme une simple diversion ou manipulation.
Le Fpdr a noté pour s’en indigner ce lundi le silence du Président de l’Assemblée nationale et des députés de la majorité sur l’arrestation de leur collègue Oumar Sarr. Un acte considéré comme «une violation grave des prérogatives de l’institution parlementaire» que Moustapha Niasse et les députés de la majorité, «sont censés incarner», selon les leaders du Fpdr.