Shaymaa Qassim, 20 ans, est devenue samedi la première Miss Irak depuis 1972. Un concours tendu, marqué par des menaces de mort à l’encontre de candidates.
Vingt ans, les yeux verts, un visage éclairé par la satisfaction d’être arrivée au bout : Shaymaa Qassim Abdelrahman n’est plus une anonyme étudiante en droit de Kirkouk, elle est le visage d’un Irak qu’on ignore, reine d’un îlot où la subjectivité et la coquetterie remplacent le froid décompte des attentats-suicides. Samedi, Shaymaa Qassim est devenue Miss Irak, la première depuis 1972. Elle a beau savoir que son élection ne résoudra rien du chaos géopolitique dans lequel son pays est plongé depuis plusieurs décennies, la jeune femme pressent néanmoins ce qui l’attend : une mission de séduction, avec l’objectif de replacer l’Irak sur la mappemonde des podiums. Comme l’explique NBC, d’autres élections de Miss Irak ont bien eu lieu dans les quatre décennies passées, mais aucune ne se soumettait aux standards permettant d’homologuer la tenante du titre pour la faire ensuite participer aux concours de Miss Arabe et Miss Monde. Avec l’abandon du sacro-saint défilé en maillot de bain, les instances internationales ont permis aux organisateurs irakiens de proposer une formule conforme bien qu’inhabituelle : lors de la finale télévisée, les huit participantes portaient des robes longues à manches courtes et ne défilaient pas, les organisateurs préférant les interroger sur le projet caritatif qu’elles souhaitaient mettre en place une fois élues. Shaymaa Abdelrahman a précisé qu’elle dédierait son mandat à l’éducation des victimes de conflit, dont un grand nombre de réfugiés ayant fui l’annexion de territoires irakiens par Daech. Un conflit tout proche dont le souffle se faisait sentir jusque chez les candidates, deux d’entre elles ayant dû fuir pendant les épreuves de présélection.
Des menaces de mort font fuir 15 candidates
Si la grande gagnante s’est déclarée «ravie de voir l’Irak aller de l’avant», l’élection – retransmise à la télévision – a chauffé à blanc les hérauts d’une société religieuse conservatrice, excédés par les règles du concours interdisant le foulard (là encore, pour rester en conformité avec les standards de Miss Monde). Une tension qui s’est exprimée, pendant les semaines précédant l’élection, par des critiques intenses d’une partie de la société irakienne et des menaces de mort, qui auraient poussé une quinzaine de participantes à l’abandon et obligé les organisateurs à décaler l’élection d’octobre à décembre. «Nous sommes une société musulmane conservatrice et nous respectons cela», a assuré Shaymaa Abdelrahman, qui a pourtant dû batailler auprès de ses parents pour participer au concours, «mais nous ne vivons pas dans un pays rétrograde». Un message qu’elle tentera de porter avec elle lors de ses futures apparitions internationales, elle qui bataillera avec Iris Mittenaere, notre Miss France fraîchement élue ce week-end.