Des chapelets de diverses couleurs et de longueurs pendantes sur son avant-bras gauche, d’autres bien tenus par la main droite, un homme de taille moyenne, vêtu d’un ensemble Wax bleu, circule dans tous les sens au niveau de la grande mosquée de Médina Baye pour écouler sa marchandise. Ousmane Ndaw est un marchand de chapelets, il vient de Thiès dans l’espoir d’épuiser tout le stock qu’il avait programmé à l’occasion de la célébration du Gamou à Médina Baye. «Au Sénégal, le port d’un chapelet est l’un des signes distinctifs d’un disciple de Baye.
Ils tiennent beaucoup à cet objet, c’est pourquoi depuis trois ans ; je ne rate jamais le Gamou de Kaolack. Et depuis lors, les affaires marchent bien», affirme-t-il, avec une banane aux coins des lèvres. Le commerce de chapelets marche à merveille à Kaolack. Au niveau de l’esplanade de la mosquée de Médina Baye, un stand est aménagé. On y vend toutes formes d’objets affectés à la prière. Des chapelets, des tapis, des voiles,…des chéchias, tous ces objets sont visibles dans les rayons des vendeurs qui profitent bien de la célébration du Maouloud pour attirer les disciples de Baye. Mais ce sont les chapelets qui sautent à l’œil sur les étals des commerçants. Chéchia rouge bien vissée sur la tête, assorti d’un Jellaaba à rayures jaune et blanc, Ibrahima est un fervent talibé de Baye Niass. Il est en train de parcourir tous les rayons pour trouver un chapelet à sa convenance. «Je suis à la recherche d’un chapelet dont les perles sont faites en bois. Mais jusqu’à présent, je n’arrive pas à trouver un qui est à mon goût. Mais admettons qu’il y a de jolis chapelets dans cet endroit», dit cet enseignant de profession. Qui soutient en avoir une trentaine qu’il garde jalousement chez lui. «Je fais une collection de chapelets. Il m’est arrivé d’acheter un chapelet à 50 mille francs Cfa», indique-t-il. Ici, la clientèle est composée de diverses nationalités. Un acheteur nigérien reconnaissable par ses balafres aux joues, pointe sur les lieux à la recherche de cet objet de culte. Salifou est un fervent disciple de Baye. Il ne veut pas rentrer au Niger sans son chapelet acheté dans le fief de son guide religieux. «Les chapelets existent partout mais c’est le lieu où l’on a acheté qui est important. Acheter un chapelet à Médina Baye à plus forte raison dans la cour de la mosquée de Baye, notre référence, c’est symbolique pour nous pèlerins qui nous sommes déplacés d’un pays à un autre», laisse-t-il entendre. Et de poursuivre : «J’ai 15 mille francs et avec cette somme, j’aurai un joli chapelet». Ces objets de culte sont disponibles pour toutes bourses. Les prix varient de 1 000 à 200 mille francs. Le vendeur Ousmane Ndaw indique que tout fidèle peut se le procurer. Tout dépend de son portefeuille «La cherté des chapelets dépend de leurs variétés. Il y a des chapelets qui coûtent moins de 1 500 francs. Aussi, il y en a qui coûtent 150 mille francs. Mais moi, mes chapelets ne dépassent pas 25 mille francs», affirme ce vendeur venu de la cité du rail. Il soutient que, pour son séjour de 7 jours à Kaolack, il peut faire un chiffre d’affaires qui peut aller jusqu’à 400 mille francs. Les vendeurs ne sont pas seulement des Sénégalais. Des étrangers aussi s’y mettent. Mouhamed Bangoura vient du Mali. Assis sur une natte sur laquelle des chapelets s’empilent, ce commerçant est en plein exercice de fabrication d’un nouveau chapelet. La paume de la main droite pleine de perles, Bangoura affirme qu’il a des chapelets qui coûtent 200 mille francs. Mais, il s’empresse d’ajouter que ce genre d’achat, il le fait souvent sur commande. Mamadou GACKO