«Le Sénégal entre en guerre contre l’Etat islamique» ? Le député que je suis interpelle solennellement le président de la République». C’est par ces mots que le député Mamadou Diop Decroix a interpellé hier le chef de l’Etat pour en savoir plus sur les tenants et les aboutissants de la présence du Sénégal dans la liste des 34 pays engagés dans la «coalition islamique pour combattre le terrorisme».
«Nous voici, encore une fois, confrontés à une situation gravissime où, depuis l’étranger, l’on nous apprend que notre pays s’apprête à entrer dans une guerre dont le centre de commandement est déjà identifié, à notre insu», constate le député de l’opposition qui évoque dès lors l’Article 59 de notre constitution qui stipule de «manière claire et sans équivoque», que «La déclaration de guerre, est autorisée par l’Assemblée nationale». «A ma connaissance, une telle implication du Sénégal dans la guerre contre l’Ei n’a jamais été évoquée ni discutée dans notre pays encore moins au sein de la représentation nationale», ajoute Mamadou Diop Decroix. «Sommes-nous une République banania ?», s’interroge le parlementaire tout en rappelant que le cas de l’intervention de l’armée sénégalaise au Mali. «Nous nous souvenons tous que lorsque le problème s’est posé de projeter nos troupes au Mali, la réponse du gouvernement face aux interpellations au sujet du respect de la constitution a été qu’au Mali, il ne s’agissait pas d’une guerre, mais d’une opération de maintien de la paix. Nous savons tous aujourd’hui ce qu’il en est», explique-t-il avant de citer également l’intervention au Yémen. «Au courant de cette année 2015, il a encore été question d’impliquer notre pays dans une guerre, celle qui se passe au Yémen. La réprobation populaire qui s’en est suivie a entraîné ce dossier dans les corbeilles de l’oubli. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, notre opinion publique ne sait strictement rien des tenants et des aboutissants de cette sombre affaire». Aujourd’hui, souligne Decroix, c’est la guerre contre l’Etat islamique. «Dans les pays démocratiques qui se sont engagés, les peuples en ont largement discuté et les Parlements ont été saisis, sans compter qu’il s’agit jusqu’ici des pays les plus puissants du monde qui ont des intérêts énormes dans l’épicentre de cette confrontation». Le président de la République, «il est vrai, est le chef suprême des Armées mais il ne peut pas faire ce qu’il veut des Armées. Il a besoin de l’aval de la représentation nationale pour engager le Sénégal dans une guerre». Le député Mamadou Diop Decroix de demander au président de la République «de nous édifier, à travers une adresse à la Nation ou toute autre formule convenable, sur les tours et contours de cette affaire car l’heure est grave». Georges Nesta DIOP