En tant que chef suprême des Armées, Macky Sall avait tranché net sur la polémique née de l’envoi de 2 100 soldats en Arabie Saoudite : «J’ai décidé d’envoyer des soldats en Arabie Saoudite, un point un trait». Ensuite, rien. Ce fut le silence. Mais, le débat risque encore de refaire surface, puisque l’Arabie Saoudite a annoncé la formation d’une coalition antiterroriste avec des opérations militaires. Que fera Macky Sall ? Quelle position Macky Sall va-t-il adopter face à la formation d’une coalition islamique antiterroriste de 34 pays, conduite par l’Arabie Saoudite.
Envoyer des soldats à Riyad ou ne pas le faire… Sans doute, la polémique, qui avait irrité la République, risque de ressurgir. L’Arabie Saoudite, dont le rôle financier dans la montée du fondamentalisme est souvent montré du doigt, a décidé de former une coalition islamique antiterroriste, composée de 34 pays, avec notamment le Sénégal. Cette coalition, placée sous la conduite de Riyad, sera dotée d’un centre de commandement basé dans la capitale saoudienne pour «soutenir les opérations militaires dans la lutte contre le terrorisme». Cette coalition témoigne «du souci du monde islamique à combattre le terrorisme et à être un partenaire dans la lutte mondiale contre ce fléau», a déclaré le futur prince héritier et ministre saoudien de la Défense, Mohamed Ben Salmane, lors d’une conférence de presse, hier, à Riyad. Début mai 2015, le président sénégalais, Macky Sall, «a décidé de répondre favorablement à la demande [de Riyad] en déployant un contingent de 2 100 hommes sur la terre sainte d’Arabie saoudite». Objectif affiché : lutter contre les rebelles chiites installés au Yémen et contre toute infiltration terroriste en Arabie Saoudite. Si l’engagement du Sénégal, auprès de son allié sunnite, n’était pas une surprise, la forme qu’il revêtait laissait certains observateurs dubitatifs. Ce geste n’expliquait pas seulement une alliance stratégique, mais il trouvait des explications économiques, comme l’indiquait Andrew Lebovich, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest, au Washington Post. Aujourd’hui, si Riyad demande l’envoi de soldats pour combattre le terrorisme, ce n’est pas seulement Dakar qui sera concernée. Outre le Sénégal, il y a des pays africains à l’image du Tchad, de la Somalie, du Mali qui ont récemment fait l’objet d’attaques par des groupes terroristes. Et le Bénin, aussi, qui n’est pourtant pas un pays à majorité musulmane. Aujourd’hui, Macky Sall a un boulevard devant lui pour justifier sa volonté d’envoyer des soldats en Arabie Saoudite, sous prétexte qu’il s’agit d’une coalition internationale, composée de la Jordanie, des Emirats arabes unis, du Bahreïn, de la Tunisie, de Djibouti, du Soudan, de la Somalie, de la Palestine, des Comores, du Qatar, du Koweït, du Liban, de la Libye, de l’Egypte, du Maroc, de la Mauritanie et du Yémen ; tous des pays arabes. Etant donné que le ministre saoudien de la Défense, Mohamed Ben Salmane, a précisé que des opérations militaires pourraient avoir lieu en coopération avec la communauté internationale, il est aisé d’affirmer que Macky Sall n’hésitera pas à répondre aux sollicitations géostratégiques d’un lointain gros allié. Une option que semble, en revanche, écarter le ministre de la Défense de Malaisie, Datuk Seri Hishammuddin Hussein, qui a salué cette initiative saoudienne. Mais, il s’est aussi empressé de souligner que la participation de son pays à la coalition n’impliquait aucun engagement militaire. Très clair.
Baba MBALLO