Souvent surnommé par ses acolytes du Vendredi Slam, «Le dernier poète sérère», Diamil Moustapha Ciss, a publié son premier recueil de poèmes «ADM» (Art de déclamation massive) aux Editions et diffusions Athéna. Présentée jeudi au Goethe institut, l’œuvre rassemble une cinquantaine de poèmes, tous inspirés du vécu, de la trajectoire de l’environnement social et professionnel de l’auteur. C’est dans le collectif Vendredi Slam que Diamil a fait ses preuves en tant qu’amoureux des mots. Dans le groupe, le jeune sérère s’est tout de suite démarqué par ses slams empreints d’originalité qui bien souvent, racontent son parcours, et sa vision singulière de la vie.
Il est l’exemple type de l’autodidacte. Il a très tôt arrêté l’école pour «bourlinguer» dans la rue comme il le répète souvent. Diamil fait partie de ceux qui malgré leur «handicap», ne baissent pas les bras. Aujourd’hui, il dit être fier de publier son premier recueil, qui est son troisième ouvrage après «Trente mille volts de rêve» paru aux Editions Diaporas noires en 2011 et «J’écris à l’horizontale» 1e prix du concours Paroles de poètes en 2014. Les poèmes de l’Art de déclamation massive sont une continuité de ce qu’il fait depuis 2007. Ils représentent «une partie conséquente de ce que j’ai écris depuis mes débuts au sein du Vendredi Slam», confie-t-il. Le titre fait aussi référence à l’expression Arme de destruction massive. «Je suis tombé un jour sur un sujet à la télévision dans lequel, il était question d’un char de guerre transformé en bibliothèque et j’ai trouvé le concept fort intéressant», fait savoir celui qui se considère comme un adepte et vecteur de la positive attitude. Pour lui, c’est une façon imagée de dire que s’instruire est mieux que la guerre ou s’éduquer évite de faire la guerre. Diamil compte bien relever ce pari avec des déclamations massives. Dans le recueil, l’auteur aborde plusieurs thèmes, principalement celui de l’amour. Il incite aussi la jeunesse à faire montre de plus de combativité avec un sens moral et de l’intégrité. Les poèmes de Diamil sont dénués des règles des poésies classiques. Le slameur ne se soucie pas trop du style. Les alexandrins, les figures de styles sont très peu importants pour lui. Même ses vers sont souvent plus longs que ceux classiques. Une signature littéraire qu’il revendique presque avec une once de malice dans la voix. C’est presque comme si pour lui, le plus important, c’est la musicalité, la créativité et le message qu’il souhaite faire passer. «C’est du slam couché sur du papier», dit-il. Le livre est comme un répertoire qu’il pourrait parcourir plus tard et qui résumerait son combat. Ce risque littéraire a pourtant séduit son éditrice, Lina Hussein. Elle estime que «l’ouvrage est original, sans long discours, et dénué de phrases alambiquées». Pour le préfacier du recueil Jean-Marc Cormier par ailleurs auteur et communicateur, «Diamil nous parle de son pays avec humour à travers ses observations du quotidien(…) il est épris de partage, d’humanisme et de solidarité… » Scheina ADAYA