Le vote sans débats des budgets de certains ministères, qui est en passe de devenir la règle pour cette loi de finances 2016, n’est pas du goût de la députée Elène Tine. En effet, après le ministère de l’Elevage, avant hier, le budget du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural a été adopté sans débats. Cette situation a plus qu’irrité la députée qui a voté contre. Elle estime que ses collègues ne rassurent point les populations à travers cette pratique qui n’honore pas l’institution. Après l’absentéisme décrié par le président de l’Assemblée nationale à l’ouverture de la séance plénière, les députés s’illustrent encore de très mauvaise manière.
En effet, sans doute contraint par le rappel à l’ordre de Moustapha Niasse, les parlementaires ont trouvé une autre astuce pour ne pas perdre de temps avec l’examen des budgets des différents départements ministériels : le vote sans débats, le service minimum. Ainsi, après le ministère de l’Elevage avant hier, les députés ont décidé d’adopter hier le budget d’un département aussi stratégique que l’agriculture et l’Equipement rural sans débats. Ce qui a irrité leur collègue Elene Tine. Seule à n’avoir pas voter pour l’adoption du budget du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, hier, elle regrette le fait que ces collègues ne soient pas conscients de l’importance dudit secteur dans le développement économique et social mais aussi dans la lutte contre la pauvreté. Car, les parlementaires ont voté le budget du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural qui a atteint 175 milliards 214 millions 423 mille francs sans aucun débat. Alors que la même procédure avait été adoptée pour le vote du budget du ministère de l’Elevage. Une attitude n’a pas manqué de faire réagir, la députée originaire de Thiès, Elène Tine. Selon la parlementaire, l’agriculture qui occupe plus de 60 % de la population globale ne mérite point de passer sous silence. Suffisant pour qu’elle ne vote pas le budget du département ministériel en charge que cette question est une situation préoccupante. Car, explique-t-elle, l’agriculture constitue l’un des secteurs les plus importants du dispositif de développement durable d’une nation. Au Sénégal, dira-t-elle, près de la moitié de la population vie et dépend de ce secteur. «Le poids de l’agriculture dans l’économie sénégalaise est inestimable», a lancé la députée. Qui rappelle que les parlementaires se doivent de rassurer les populations en portant les véritables débats. Selon Mme Tine, ce n’est pas parce que le ministre a fait des résultats, qu’il y a une bonne pluviométrie et une bonne campagne agricole que les députés ne doivent pas débattre sur les questions qui tenaillent les populations du monde rural. «Les députés doivent débattre des questions liées à ce secteur. Parce que, je pense aujourd’hui, tout le paysannat était à l’écoute de l’Assemblée nationale. Et, qu’est-ce que nous avons décidé, c’est de ne pas débattre. C’est désolant», regrette-t-elle. Pis, elle estime que les parlementaires doivent davantage montrer leurs préoccupations face à la situation que vivent les populations. «Nous devons rassurer les populations, porter le débat. Même si c’est pour féliciter le ministre et mettre le doigt sur certaines choses qui restent à faire. C’est un moment fort de la vie politique nationale que les populations du monde rural nous entendent sur les véritables questions qu’elles rencontrent», a déclaré Elène Tine. Poursuivant, elle relève que quel que soit le résultat réalisé, le rôle de l’Assemblée nationale est de questionner, mettre le doigt sur des avancées et les contraintes. «Nous savons que pour la campagne arachidière, il y a des mesures qui ont été prises. C’était le moment pour le ministre de dire si les mesures prises par le gouvernement sont sur la bonne voie», peste-t-elle. Adama COULIBALY