Entre legs occidental, oisiveté des chômeurs surtout chez les jeunes et le développement fulgurant des réseaux des câbles satellitaires, Saint-Louis explique les raisons de son penchant pour l’audiovisuel. (Correspondance) – C’est devenu une habitude pour les Saint-Louisiens. Il est alors rare de passer dans la capitale nord du Sénégal sans pour autant remarquer qu’écouter la radio et regarder la télévision font partie du train-train quotidien de cette population qui a très tôt flirté avec la culture occidentale. C’est peut-être ce contact étroit avec la civilisation occidentale qui serait à l’origine de cet amour des Saint-louisiens pour l’audiovisuel. Du moins, c’est l’avis de Adama Ba, 27 ans, rencontré sur le pont Faidherbe.
Saint-Louisien de souche, Ba explique : «Notre amour pour la radio c’est sûrement un legs de nos anciens colons français. Et aussi notre ville est l’un des plus grands creusets d’intellectuels du pays». Beaucoup d’autres Saint-Louisiens interrogés sur ce phénomène soutiennent les mêmes arguments. Ils y ajoutent souvent que la radio et la télévision permettent à une personne de suivre l’actualité et de mieux comprendre la marche du pays et du monde à travers les émissions. Mais certains ne sont pas de l’avis de Ba et ce sont surtout des gens qui viennent d’autres contrées. Selon le professeur, El Hadji Makhtar Touré, l’amour de cette population pour la télévision et la radio n’est pas seulement un souci d’information ou une intégrité culturelle. Pour lui, «la population saint-louisienne est surtout jeune et il faut noter que le taux de chômage est très élevé dans la ville, alors ces gens n’ont pratiquement pas d’occupation». Selon lui, écouter la radio ou suivre la télévision reste la meilleure occupation de la journée, pour une population jeune gagnée par l’oisiveté. Touré souligne aussi que Saint Louis fait partie des grandes villes du Sénégal où on ne retrouve plus une presse écrite locale, si réellement les gens d’ici tenaient comme ils le disent à l’information. Il s’est aussi empressé de préciser : «C’est juste une remarque, mais à Saint-Louis la lecture perd du terrain et ceux qui passent leur quotidien à regarder la télé ou écouter la radio sont attirés par les feuilletons étrangers, la lutte et d’autres programmes qui n’ont presque pas de valeurs intellectuelles. C’est d’ailleurs un fléau national». Développement fulgurant des câbles satellitaires A cette dualité d’argument s’ajoute également des constats non négligeables. En réalité on ne peut passer dans la ville sans remarquer le développement fulgurant des réseaux des câbles satellitaires. Une pratique qui facilite à la population un accès aux chaînes de télévisions nationales et internationales et à moindre coût. Egalement l’expansion progressive de la ville accompagnée d’un développement démographique sans précédent, fait partie des facteurs qui accentuent le développement de l’audiovisuel dans cette partie nord du Sénégal. Entre attachement profond à l’information et à l’intégrité socio- culturelle ou preuve d’une oisiveté causée par le chômage, Saint-Louis résiste à la fracture numérique. L’étude médias nationale 2015 révèle que la vieille ville est plus accro à la télévision et à la radio avec respectivement 98,4 % et 69,5 %. Gabriel BARBIER