L’élève Sokhna Astou Niane a été interdite de cours. Il en sera ainsi jusqu’à ce qu’elle enlève son voile. Une décision de la Direction du Groupe scolaire Les Flamboyants qui ne repose sur aucun fondement légal car ni la loi pénale, ni l’Administration n’interdisent le port du voile en milieu scolaire.
Après les collèges Hyacinthe Thiandoum et Anne Marie Javoueh et l’école Abbé David Boila de Thiès qui se sont illustrés par le renvoi d’élèves pour «port du voile», avant de se rétracter, un autre établissement se signale dans cette pratique. Il s’agit du Groupe scolaire Les Flamboyants. En classe de Cm² et âgée de 10 ans, Sokhna Astou Niane a, selon nos informations, été interdite de cours, depuis trois semaines. Un seul et unique motif a été évoqué par la Direction de l’école pour lui refuser l’accès en salle de classe : elle porte le voile dans cet espace scolaire. Et les responsables de l’école n’en veulent pas. Et c’est ainsi qu’ils lui ont intimé l’ordre de ne plus y remettre les pieds aussi longtemps qu’elle n’aura pas enlevé son voile. Autrement dit, elle ne sera plus admise à l’école tant qu’elle n’aura pas satisfait à l’exigence de l’établissement, à savoir, se mettre tête nue, contre son gré, sa liberté de culte et ses convictions religieuses.
Pourtant, la fille qui fréquente l’école depuis trois ans, s’est déjà acquittée de ses frais d’inscription, depuis l’ouverture des classes. Trois années durant lesquelles jamais une telle interdiction ne lui a été notifiée. Curieusement, la décision tombe comme un couperet sur la tête de la gamine aujourd’hui contrainte à un comportement contraire à ses convictions religieuses. A ce jour, seule une notification verbale lui a été signifiée. Les responsables de cet établissement privé d’enseignement général n’ont pas jugé utile de délivrer une «notification écrite» exigée par les parents de la victime. Ce qui est contraire aux règles de fonctionnement d’une bonne Administration scolaire.
«Je n’enlèverai pas le voile, quitte même à…»
Lors d’une séance d’explication avec l’élève concernée, les responsables de l’école lui ont posé la question de savoir pourquoi elle porte le voile. Réponse sèche de l’intéressée : «Je porte le voile parce que c’est mon choix personnel. Je ne compte pas l’enlever, quitte même à quitter cette école. Je ne l’enlèverai jamais, sauf si mes parents me demandent de le faire. Je refuse que l’on m’impose une conduite qui soit contraire à ma liberté religieuse».
Le père de la victime est allé à la rencontre des responsables de l’établissement, pour en savoir davantage. Mais ces derniers ont confirmé leur position. «Elle n’est pas renvoyée, mais elle n’y sera pas admise tant qu’elle n’enlèvera pas le voile. Le port du voile n’est pas toléré dans cette école, nous ne voulons pas un précédent dangereux», lui ont-ils expliqué, ainsi qu’il nous l’a rapporté au sortir de son entretien avec les responsables de l’institution privée.
Aujourd’hui, les parents de Sokhna Astou Niane comptent se déployer sur le terrain judiciaire pour faire reculer les responsables du Groupe scolaire Les Flamboyants qui se sont illustrés par un acte constitutif, à bien des égards, d’un «abus d’autorité» qui frise, quelque part, le défi à la liberté religieuse consacrée par la Charte fondamentale ainsi que la violation des lois nationales qui n’interdisent pas le port du voile en milieu scolaire.